U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Charbons ardents embrasés, un tantinet sombres et torturés, la recette des Allemands de Fear The Thoughts n’a eu de cesse de se mouvoir, pour finalement atteindre son paroxysme avec l’album Vulcanus, sorti en 2007. L’horloger Jacob Hansen aux manettes, sa burette d’huile entre les mains, avait jusqu’alors amené le combo allemand vers des continents radieux et orientés mélodiquement.
Isolation avait donc pour mission de confirmer la santé de fer de ces Allemands et de porter le groupe sur des terrains musicaux plus fertiles, sans pour autant écarter la mélodie expansive et la fraîcheur soutenue de ses débuts. Un nouvel album censé marquer un tournant dans la carrière du groupe et son introduction dans le monde des grands. À tel point que l’on a impression que la formation s’est empressée de l’empaqueter, mélangeant précipitation et réflexion et jonglant entre néo-classique et le death mélodique bubblegum. Terrain glissant et virage mal négocié, Isolation n’a malencontreusement rien d’une cellule de confinement, où le groupe aurait pu s’exécuter dans la plus grande intimité et la plus profonde familiarité. Le nouveau cru marque davantage des signes de divagation intérieure et un profond revirement de style pas toujours équitable et louable.
Alors que l’on aurait au moins espéré attraper quelques allures graves et obscures de cet album - à la pochette évocatrice et au premier morceau composé d’ambiances froides - , Isolation navigue (certes adroitement) sur le terrain du duplicata grossier. Changeant de style, comme de chemise et retournant leur veste sur la plupart des singles de ce nouvel album, Fear My Thoughts joue désormais des coudes avec de nombreuses formations de métal progressif tout en adaptant ses fines mesure à la rythmique typiquement métalcore de ses précédents opus. « Creeping Lord » et ses arrêts incessants à la pompe en est un fier exemple, en rameutant rien de moins qu’Opeth et Neurosis au balcon. Même si l’intégralité de la galette est bien ficelée et s’apprivoise d’une traite, il en faut peu pour déceler les intentions d’auteurs peu scrupuleuses à inonder cet Isolation de singles à la teneur FM et sans grandes prises de risques. De « Blind Walk Over The Edge » à « Bound And The Weakened » à « Numered By The Beast », les Allemands ont visiblement décidé de répéter un schéma bien rôdé, limpide comme de l’eau claire, mais malheureusement fade en bouche. Bien loin de leurs débuts entamés avec le farouche The Great Collapse, on se surprend à les voir submerger leurs compositions de piano et de synthés, alors que l’on connaît l’efficacité des deux guitaristes, relayés ici au second plan et bien peu enclin à faire courir leur médiator.
Dommage une fois de plus, car les intentions un tant soit peu remplies de bonne volonté, à l’image de deux bonnes chansons réveillant les émois du chanteur Martin Fischer, auraient pu entremêler rugosité et mélodies cartésienne. « Pitch Black » et « Burning The Lamb » reprenant d’ailleurs ces préceptes en instituant respectivement de la pugnacité avec des enchaînements purement thrash et métalcore de batterie et de l’autre, une voix et une douceur que l’on n’avait pas l’habitude de retrouver chez nos teutons énervés.
Les âmes de Fear My Thoughts plus habilités à nous faire effrayer qu’à nous faire la causette ont trouvé ici une fois n’est pas coutume un nouveau terrain d’entente, amenée ici par l’autrefois redoutable Daniel Bergstrand. Un univers plus proche d’Amorphis nouvelle génération sur la chanson « Bound And Weakened » que d’un Soilwork branché sur pile. « Trough The Eyes Of God », placé innocemment à l’apogée de l’album s’accordant finalement davantage à un revival rock 70’s qu’à un métal dynamique, la voix de crooner en plus.
Constat mitigé pour un album imparfait de la part des Allemands de Fear My Thoughts. Attendu au carrefour de leur supposé montée en puissance, le groupe pris d’une frousse sans précédent s’est employé sans raison, à aromatiser son court-bouillon estampillé « metal mélodique » par un style progressif ankylosé et sans réel plus-produit. Même si certaines chansons se munissent bien heureusement de certaines vertus communicatives et d’une réelle fouge, d’autres restent en retrait sous une couche morne et glaciale. De notre côté, on préférera se replonger dans les précédents essais et oublier ces écarts et excès de mobilité.
1. Isolation
2. The blind walk over the edge
3. The hunted
4. Numbered by the beast
5. Bound and weakened
6. Through the eyes of god
7. Death chamber
8. Pitch black
9. Creeping lord
10. Burning the lamb/The sacrifice