Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
Si j’ai tendance à apaiser mon appétit de Heavy et de Speed Metal du côté des pays nordiques ces dernières années, je me rends compte qu’il se passe vraiment quelque chose en France. Parler de revival serait un peu précipité et naïf, car le Heavy a toujours été défendu, mais de manière un peu trop parodique ou maladroite à certaines périodes. Néanmoins, une flopée de formations intéressantes et sérieuses a surgi. Un regain incarné par Herzel et Silver Wind dans une veine plus épique, Citadelle, Electric Shock pour la résistance hard’n’heavy mais aussi … Tentation et Iron Slaught !
Les deux combos du Sud ont en effet démarré fort. Un mini-album pour Tentation en 2015 qui m’avait particulièrement emballé à sa sortie et un premier long format pour Iron Slaught qui a fait un peu moins de bruit mais qui demeure une excellente surprise la même année dans un registre plus Speed mais tout aussi traditionnel. Depuis 2015, on attendait donc une confirmation et ce split fait d’une pierre deux coups.
Difficile de passer à côté de l’artwork magnifique, signé Mario E. López M., un artiste originaire du Guatemala qui a déjà travaillé avec Evil Invaders et Iron Kobra et qui plante immédiatement le décor de cette alliance des « Hordes Metalliques ». Si de son côté Tentation a plutôt pris d’assaut la route et les salles de concert depuis son premier EP éponyme, ce n’était pas sans susciter une grosse attente chez les plus nostalgiques de Heavy français en français. Dévoilé il y a quelques mois, "Shaman" (qui figure sur la version CD et le 7" EP « Bruixes » qui sort en même temps) avait donné un avant-goût. Un morceau efficace - quoi qu'un poil trop classique - avec un refrain qu'on garde en tête mais qui laissait un goût de trop peu malgré une prod plus homogène et la voix de Patrice "Darquos" Rôhée qui prend plus d'ampleur.
Une impression qui va se confirmer avec les trois titres du split à commencer par le haletant "Illusion", qui semble s'être extirpé d'un album de Heavy Metal français des années 80 (plus H-Bomb que Sortilège) avec une introduction à la guitare qui me replonge dans les souvenirs du morceau "Non retour" de Der Kaiser (« Vautours », encore aujourd'hui méconnu mais que je recommande vivement aux amis de la nostalmanie française). Mais il ne faudrait pas croire que Tentation se contente de faire du traditionnel pour faire du traditionnel. Encore une fois, il y a une grosse part de passion et de sincérité, en plus de quelques petites touches personnelles dans les textes notamment. Pas de grandes prouesses vocales, il faut bien le reconnaître - bien que ça ajoute un certain charme comme pour certaines formations 80's - mais de beaux effets backing qui accompagnent les refrains.
"Juge Sanglant" avec ses riffs galopants nous offre encore un refrain qu'il est difficile de s'enlever de la tête mais je suis particulièrement conquis par "Souviens-toi" très émotionnel et varié avec de superbes leads et un solo qui arrive au moment T. Décidement, Tentation ne déçoit pas et même dans l'excercice qui peut s'avérer périlleux de la reprise avec "Les Anges de Balthazar" de Ponce Pilate. Obscure formation de Tours dont l'unique album (« Les Enfants du cimetière »), paru en 1985, a été judicieusement réédité l'an dernier par No Remorse Records. Comme pour "Double Bang" (H-Bomb) sur l'EP, cette réactualisation est vraiment intéressante.
À la manière d'un "The Ides Of March", "Knights Arrival" nous plonge dans la croisée des Bigourdans de Iron Slaught. Un lineup légèrement remanié depuis leur premier opus (Nikrass remplace Arixon au chant et à la basse) mais on est dans la continuité avec un Heavy/Speed hautement épique. "Code of Steel" est une véritable claque. Le chant s'est beaucoup amélioré et offre un refrain qui ne peut faire que lever le poing et brandir une épée imaginaire. Sans briller par une quelconque originalité, tout est là. Des riffs accrocheurs, des passages mélodiques, des soli, des leads épiques et même une légère nappe de synthé qui rehausse l'ambiance absolument héroïque du morceau. On retrouve les mêmes ingrédients pour l'instrumental "Bigorra" avec aussi un côté Power Metal d'antan. Captivant ! Le trio originaire de Tarbes propose également une reprise avec "Screams from the Grave" du groupe américain Abattoir. Du pur Speed Metal 80's, incisif et furieux à la base, que Iron Slaught rend encore plus nerveux. Il n'y a pas à rechigner, c'est une conclusion en forme d'exécution !
Voilà donc un split qui n'est pas là pour simplement combler un trou de trois ans d'attente mais qui démontre avec force qu'il va falloir compter sur Tentation et Iron Slaught à l'avenir. En croisant le fer, les deux hordes métalliques rendent honneur au Heavy/Speed français, et de la meilleure des façons.
Tentation
1. Illusion
2. Juge sanglant
3. Souviens-toi
4. Les Anges de Balthazar (Ponce Pilate cover)
5. Shaman
Iron Slaught
6. Knights Arrival
7. Code of Steel
8. Bigorra
9. Screams from the Grave (Abattoir cover)