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Tout droit sorti d’un vibrant manifeste de Johnny Roten contre les autorités et les autocraties dominantes, Annihilation Time est ce que l’on pourrait joyeusement qualifier de vieux briscards, voir de loups de mers ayant traversé les âges. La récurrence de voyages sonores ayant permis d’extraire le nectar de leur musique dans des formations hétéroclites et psychologiquement intéressantes. De Black Sabbath à Thin Lizzy, de Black Flag aux premiers mouvements Hardcore, le combo d’Oakland se retrouve par la force des choses, parachuté en 2008, revendiquant haut et fort le statut anachronique de leur musique dans une ère de lissage informatique et de brossage électrique.
Et pour le coup ce troisième album des rockeurs n’a jamais aussi bien porté son nom avec une mention estampillée Tales Of The Ancient Age. Gardé au chaud et pouponné à la bière tiède, ce tout nouvel opus - après les discrets No et Yupie Killer - se veut résolument plus gigotant et mieux équilibré dans les interprétations toujours électriques de ces conquérants du passé à l’imagination cartoonisée et débordante de vivacité.
Ayant fait la vidange sur le côté de la route pendant quelque temps, Annihilation Time nous revient en pleine forme, de nouveau prêt à croiser la bouteille sur les titres que forment « About To Snap » et le morceau « Jonestow », tous deux parsemé de relents hardcore et brassant large les spectres musicaux du punk et du rock confondus. Et que dire du titre introductif « Splash Black », catapulté dans les années 70 et réinvitant sur scène Chuck Berry et Tim Amstrong pour un air de Samba acharnée.
Quelques courses-poursuites plus loin, effectuées dans les rues d’un Londres provocant voir imbibé et revoilà nos chers compagnons de route se faufilant entre un Black Sabbath époque Heaven and Hell pour le titre « Just Guzzlin’ », étoffé d’une batterie marqueuse de temps et des guitares, heureuses de connaître les allers-retours de plusieurs mains.
Épaulée d’une rythmique simpliste, mais diablement efficace à maintes reprises sur « Bald Headed Woman » et un « Bad Luck » vite expédié, la formation enchaîne sans accroc ses chansons et dérouille les opposants au régime par des mandales bien placées et finement ajustées. Le baptême de l’air sur « Flight Into Forever » en est un vibrant exemple, où l’on aimerait se joindre à cette kermesse dépravée et joyeusement titubante que l’on aimerait voir arriver en bonne santé à l’atterrissage.
L’énergie communicative, la simplicité débordante et la débauche perpétuelle auront eu raison des Américains d’Annihilation Time en déposant non gracieusement (mais de manière graisseuse), 10 titres montés en quinconce et parfois bancales. Rock n’Roll oblige, le chanteur nommé John Travolta pour l’occasion n’a pas encore annexé la piste de danse, mais se sent chez lui en déversant les viles paroles de « Get A Job », accompagné par les guitares, moteurs pétaradants des nouvelles compositions. Et même si on a du mal à voir la légitimité d’un tel groupe sur les cendres de leurs parrains et la durée de vie d’un finalement « semi-délire » entre pote, on appréciera l’entrain musical généré par le groupe et la capacité d’adaptation dans l’état actuel des choses.
Malgré un style largement connu et reconnu, Annihilation Time place la barre assez haute concernant la diversité de son disque. Avec une production 100% live et que l’on verrait bien en analogique, le groupe mixe punk, Rock, Hardcore dans une marmite en plomb et quelquefois foutraque, passant de la chanson de comptoir à l’ode des stades orchestré avec entrain et persuasion. Certes, bien des éléments sont décousus et certaines parties s’égarent dans des compétitions et tourbillons de solos. Rien de grave tant que l’énergie et la chaleur du Rock n’Roll ancienne génération, se retrouvent aisément entre les morceaux de ce rutilant et antédiluvien nouvel album. Reste à maintenant confirmer tout le bien que l’on pense du groupe en live, avec des morceaux taillés pour la scène.
1. Splash Back
2. About to Snap
3. Jonestown
4. Get a Job
5. Just Guzzlin'
6. Bald Headed Woman
7. Coming to My Senses
8. Bad Luck
9. Flight into Forever
10. Germ Freak ( I Ain't No)