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Longtemps resté dans les méandres d’une scène rock-metal parisienne sclérosée et pâtissant d’un manque cruel de reconnaissance, Dysfunctional By Choice a fini par se frayer un chemin dans le paysage sonore hexagonal. Un parcours clairsemé d’embûches instruit par la réussite de la scène anglaise et par la semi-brèche ouverte par les Parisiens d’Aqme. À une seule chose près, nos chers franciliens ne discourent aucunement en français durant leurs prises de fonction et se greffent instinctivement dans la pure tradition d’un genre progressif bien en vogue. La formation tenant davantage du prêcheur anglo-saxon virulent que de l’Abée Pierre, toujours prête à réveiller les âmes endormis à grands renforts de déstructurations sonores et de vains électrochocs décapants. Armé d’un tout premier opus, intitulé Travelling In Travel, Dysby confirme et signe le renouveau d’une scène rock, largement boudée par les médias, préférant jusqu’alors se consacrer aux perfectos de bébés rockeurs. Avec Sna-fu, ou encore leurs homologues d’Ed Äke, Dysfunctional By Choice possède matière à électriser la quiétude de véritables paradis dorés.
À la manière d’un tour opérator et comme pour illustrer leur Travelling In Travel, le groupe nous plonge instantanément dans un cocon intimiste, débordant de sincérité avec autant de joies et de peines que connaît le monde actuel. Album ascendant et évolutif, rempli de surprises enivrantes, à l’instar du titre éponyme honorant la troisième piste, la formation transgresse les règles habituelles d’une musique pourtant voué au traditionalisme et ne tombe jamais dans le sempiternel jeu du refrain – couplet – refrain – pont.
Sur « Optimum » ou « Feedback Disease », elle évite d’ailleurs la simplicité en majorant ses titres de bribes électroniques, de tests sonores physiques et de guitares écorchées.
S’écartant volontairement d’un rock généraliste et simpliste, les rythmiques et les guitares empruntant parfois certaines ardeurs de Faith No More, le groupe s’emploie à brouiller les pistes en ralentissant notamment les cadences formatées sur « Alert », et en élargissant son champ musical au cours du revendicatif « Pimple ». Ultime cri de résistance auto-géré par le flot de paroles de Julien, encodé dans un mixeur aux lames acérées.
Déroutant dans son exécution et dans son agencement, on pensait avoir tout vu de Dysfunctionnal By Choice, notamment avec la parution de ses tourbillons sonores, présentés au détour de ses quatre premiers maxis et la trilogie lumineuse de Beta, Gamma et Delta. Ici, le groupe franchi un nouveau cap et se permet d’approfondir son dictat expérimental avec trois approches conceptuels et artistiques que forment « Fog » ; « Iced Bed » et « C Ut ». S’intégrant relativement bien sur l’ensemble de l’album, les trois titres viennent asseoir la vision du groupe et sa navigation, hors des eaux territoriales françaises.
Et que dire des tourbillonnants « Sleep and Learn » et « Gotham », véritable invitation à un voyage tumultueux, mais minutieusement bien confectionné, à l’image du packaging cotonneux et feutré renfermant l’objet de tous les désirs.
Bien sûr, on aurait apprécié encore plus de tonus (par excès de gourmandise) et un élargissement du spectre sonore des voix dans la production, pourtant supervisé par Mr. Caste. « Non Reached Lights » étant dans ce sens, un exemple frappant d’un manque de relief de la section vocale et des envolées métalliques, que l’on ne retrouve pourtant pas sur les autres titres de l’opus.
Un opus au demeurant attachant, enivrant et clairsemé de sonorités changeantes et déboussolantes, à l’image du final « Underworld », restant à ce jour un des meilleurs morceaux de la formation.
Dysfunctional By Choice confirme sa bonne santé mentale et physique avec ce nouvel album, peu facile d’approche, mais si bien orchestré que l’on saute volontiers à pieds joints dans l’imaginaire du groupe. Même si pour beaucoup, la recette compte déjà ses nombreux adorateurs outre-manche et ses fervents opposants, on salue ici la performance, le bon goût et la prise de risque d’un groupe qui n’a pas fini d’épater une large frange de jusqu’au boutistes et de boulimiques de sonorités électriques. De notre côté, nous sommes bel et bien rassasiés face à ces voyageurs dévergondés.
01. Fog
02. Alert
03. Travelling In Travel (out Of Trap)
04. Optimum
05. Step & Learn
06. Feedback Disease
07. Iced Bed
08. Non Reached Lights
09. Pimple
10. C Ut
11. Gotham
12. Underworld
