Why not ?
Vuur c'est le feu, la passion, celle d'une chanteuse qui est depuis bien longtemps passée dans la légende du Metal européen, Anneke Van Giesbergen. Longtemps à la tête de The Gathering, groupe de Metal mélancolique et expérimental, la Néerlandaise a depuis prouvé qu'elle pouvait évoluer dans des eaux allant du Folk au Metal progressif. Voici donc son dernier enfant en date : Vuur, groupe exclusivement constitué de compatriotes aux noms plus ou moins connus mais au pedigree étincelant : Ed Warby, batteur chez Ayreon et donc Arjen Lucassen ou Marcela Bovio, chanteuse du même Lucassen ou avec Stream of Passion. En plus de ces talentueux mercenaires, Anneke s'est adjoint les services de membres de Periphery, d'Amorphis et d'Anathema pour écrire ce premier album.
L'inspiration du groupe se lit dans le titre : Cities. Anneke est une grande voyageuse et elle a visité les cinq continents et leurs villes principales. De chaque cité, de chaque ambiance, de chaque rencontre, elle a tiré des textes et des sensations pour chaque chanson. Vous verrez donc un titre (My Champion) et une ville associée (Berlin). Ne cherchez pas un lien direct, un stéréotype d'un pays, du genre Brésil / samba ou France / saucisson. Ce sont plutôt des souvenirs, un moyen de raconter ce que la chanteuse associe à un lieu. On voit bien que c'est l'expérience qui parle, de jeunes premiers ne pourraient pas produire un tel contenu qui nécessite des années de voyages et de rencontres.
On peut aussi prévenir l'auditeur : ne vous attendez pas à des chansons marquées par une ambiance où encore une fois on rentrerait dans le cliché. Pas de percussions à gogo sur Freedom – Rio ou de mariachi sur Valley of Diamonds – Mexico City ! Le contre-exemple est Save Me – Istanbul mais ce n'est donc pas vraiment la règle.
L'argument principal de ce disque c'est la voix de Anneke. Les fans convaincus savent que à quel point son talent est immense mais son timbre particulier. Sans que ce soit particulièrement une critique, on sent que le chant danse sur un fil et est parfois à la toute limite du synthétique. Ce dernier est d'ailleurs souvent doublé, ce qui pourrait aisément déstabiliser un nouveau-venu. On pourrait prendre le départ de Days Go By – London comme exemple.
La voix ça ne fait pas tout et il faut bien s'entourer et bien écrire pour accrocher l'oreille difficile du metalleux. L'orientation de Cities est clairement Heavy. On ne se retrouve presque jamais dans des moments planants ou trop mélancoliques. Le son des guitares est clairement orienté lourdeur et densité et, finesse d'écriture, les parties sont souvent différentes comme sur Sail Away – Santiago. On pourrait aussi parler du refrain de The Martyr and the Saint – Beirut qui sent bon le classique ou de Save Me – Istanbul qui pousse le tempo vers le haut et les voix vers l'aigu. On se laisse emporter par la vague Vuur.
Anneke et ses compères voulaient nous raconter des histoires, des tranches de vie dans ces grandes villes et on peut leur accorder un certain talent dans le storytelling. La plupart des morceaux sont mid-tempo, axés sur une ambiance comme le refrain de The Fire – San Francisco, où on se retrouve presque au coin du feu à écouter un conte jusqu'au refrain et cette belle performance vocale qui part dans tous les sens avec maîtrise. Ce qui rend le disque riche, ce sont la myriade de détails qui rendront chaque écoute unique et son impression d'homogénéité. Chaque morceau est servi comme une pièce unique avec ces petites caractéristiques : ici un solo pas prétentieux , ici un refrain rapide agrémenté de double grosse caisse (Valley of Diamonds – Mexico City), des petites syncopes (Time – Rotterdam). Et pourtant les structures générales se ressemblent : un départ plutôt calme puis on monte en puissance.
Au final, l'écueil principal pourrait être la voix de Anneke qui se fait parfois tellement mielleuse qu'elle peut finir par gaver alors que sur The Martyr and the Saint – Beirut, elle sait adopter une teinte grave profonde qui la transcende. On a aussi parfois du mal à s'emballer car, en prenant du recul, on ressent un certain manque de prise de risque. Tout est bien calibré, plaisant, professionnel et on ressent bien le message qui est passé. Ceci dit, il n'y a pas de moments de folie où tout le monde se lâche, où l'on sent que le potentiel des musiciens ne se limite pas à rendre une copie policée mais à en rendre une qui vient aussi des tripes.
Ce tour du monde en neuf chansons, qui se finit d'ailleurs à Paris avec une bonne dose de douceur, est un beau voyage. Anneke et sa bande nous livrent un moment de force et de sérénité, sans fioritures, sans excentricité avec In this Moment We are Free - Cities. Cet album permettra de découvrir un des aspects les plus Heavy de la chanteuse, alors laissez vous emporter !
Tracklist de In This Moment We Are Free - Cities :
01. My Champion - Berlin
02. Time - Rotterdam
03. The Martyr And The Saint - Beirut
04. The Fire - San Francisco
05. Freedom - Rio
06. Days Go By - London
07. Sail Away - Santiago
08. Valley Of Diamonds - Mexico City
09. Your Glorious Light Will Shine - Helsinki
10. Save Me - Istanbul
11. Reunite! – Paris