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SYN (Smash Your Neighbour), groupe du nord de la France, après une démo 5 titres en avril 2006, puis 7 titres en octobre 2006, s’est renforcé avec l’arrivée d’un nouveau membre au chant : Aurélien Scwhalek. Le groupe était alors paré pour enregistrer son premier album Road To Ruin, sorti le 21 avril 2008. Après avoir vu le groupe à l’occasion du Betizfest à Cambrai, c’est maintenant l’occasion de chroniquer leur album.
Il est 23h, je suis d’humeur énervée aujourd’hui. La cover de l’album aux nuances rouge et noir, avec un point de fuite au fond n’arrive pas à m’apaiser, surtout à cause de la porte défoncée qui est par terre… De même, le très beau logo de SYN et les ornements dans les coins de la pochette n’ont pas l’effet escompté (pourtant, c’est bien fait). Je suis furax !! J’insère le CD dans ma chaîne. Hop, le volume presque à fond (80%), pas la peine de doser hein, faut que ça crache !
Bon, premier putain de morceau : «08».
Pourquoi l’avoir appelé « 08 », et pas « 8 » tout simplement, ou « huit », « eight », « hate » ? … J’augmente le volume de ma chaîne hi-fi (90%) car ça m’énerve.
«08» est une intro orageuse, avec la pluie bien présente, suivie de l’entrée d’un riff de guitare sans disto, de la batterie et d’un clavier. Le tout est bien orchestré avec l’orage pour éviter que les éclairs ne tombent au mauvais moment. Puis le volume des instruments augmente et les bruits d’orages s’estompent, pour finir sur un larsen de guitare. C’est bien fait ! Donc je pousse le volume à 100% chez moi, hahaha.
Le premier morceau, « Inside me », commence d’une manière assez classique : un riff de guitare, une entrée du chanteur par un cri prolongé. C’est un choix qui peut paraître simple, mais qui est efficace.
Tout d’un coup un boucan du diable sonna dans mon appartement. Mon voisin Robert, visiblement réveillé par mon bordel, s’est mis à frapper sur le mur à coup de casserole : BING BING BING… BING BING BING… BANG (Ah ! Il a changé de côté de casserole…).
Suivi d’un « Non mais c’est pas fini tout ce bordel ??? Si tu continues j’appelle les flics !! ».
Me rendant compte de mon erreur, j’ai mis en pause ma chaîne hi-fi, et je suis allé m’excuser à sa porte. Après des amabilités plus que futiles, je l’ai invité chez moi à boire un coup et à écouter l’album ensemble.
Robert :Tu sais mec que tu m’énerves avec ta musique de cinglé tous les soirs ?
Aghahowa revenant avec 2 binouses : Mais pas du tout, j’vais te faire écouter un groupe du nord là, tu verras. Ce n’est pas de la musique de fous.
Robert :Ouai, rien ne vaut mon jazz, ça c’est sûr !
J’ai baissé le volume de ma chaîne et appuyé sur play. Après une minute d’écoute, où Syn joue efficacement son morceau, alternant passages groovys, core et thrashy, Robert avait toujours l’air aussi dubitatif.
J’ai donc essayé d’argumenter en faveur de Syn…
Aghahowa : Ecoutes cette présence, cette puissance, ces changements de rythme, cette vitesse et ce jeu de batterie. Non, ça ne t’interpelle pas ?
Robert :C’est vrai que c’est pas mal. J’imagine que sur une partition, ça doit être bien sympa à lire. Mais j’ai vraiment du mal avec la voix ! Il parle de Satan là ? Il se prend pour un monstre ?
Aghahowa : Non, pas du tout ! Et sache que chanter en voix death, ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît. La production est excellente et riche, mais cette voix me pose problème, sûrement pas pour les mêmes raisons que toi : personnellement, j’ai du mal à comprendre les paroles sous cette voix caverneuse.
Robert :Oui, c’est vrai aussi. Allez, on trinque !
Chting !
Aghahowa : Le groupe se définit comme influencé par Lamb Of God, Gojira, DevilDriver, etc. On le ressent bien dans leurs morceaux. C’est comme s’ils en avaient gardé le meilleur pour le retravailler à leur sauce. Par exemple, le début de la chanson « Inaccurate » est clairement un plan à la Lamb Of God.
Robert :Bon, je ne connais aucun groupe dont tu viens de parler. Ce n’est pas bien grave…
Par contre, j’aime bien certains passages comme sur « Scars of dawn » avec le début qui respire la fraîcheur, la nouveauté, et aussi son moment où l’un des guitaristes joue une note en décallage avec le reste du groupe, suivi d’un gros boum à la basse (à partir de 2 min 20).
Aghahowa : Oui, il est pas mal ce passage, c’est vrai !
Ma chanson préférée, je pense que c’est la 4, « My Revenge ». Un gros groove qui incite à headbanguer et un riff de gratte bien inspiré et des choses intéressantes tout au long du morceau.
Robert :C’est quoi « headbanguer » ?
Aghahowa : C’est ça… (j’ai secoué ma tête le plus fort possible).
Robert : Hahahaha... Tu m’étonnes qu’après tu ne trouves plus cette musique cinglée…
Aghahowa : Une chose aussi dans le Metal qui est importante, ce sont les textes. Ici, vu le nombre de titres à la première personne du singulier, il semble que la « route vers la destruction » qui est prise sur l’album soit une route personnelle !
Robert :Ah !! Là tu m’étonnes avec des commentaires comme ça. Je croyais que t’en n’avais rien à faire des paroles dans les chansons.
Aghahowa : Et bien si ! C’est primordial.
Robert, écoutant attentivement les morceaux qui passaient :Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne : Je ne perçois pas d’accélération dans leur musique. Il y a des breaks ralentissant, comme pour imposer plus la lourdeur sur l’auditeur. Mais pas de folie comme j’en écoute dans le jazz, avec des passages quasi improvisés tout en accélération.
Aghahowa : Là-dessus, je suis bien d’accord ! Et justement, en voyant le « genre » du groupe, je m’attendais à ça. Une fausse illusion semble-t-il. Dommage, car ces passages bougent bien le public en concert. Là, les fans headbangueraient tranquillement sur place, mais n’ont pas grand-chose pour les rendre fous (« My sweet disaster » en est la preuve flagrante. On attend le passage de folie dans le morceau, et il ne vient pas).
Robert :Tient, qu’est-ce qu’il fait là le morceau 7 ? Il est reposant.
Aghahowa : Oui, c’est Kathy, chanteuse de Dylath-Leen qui y a posé sa belle voix. La guitare acoustique est enivrante, il est bien sympa, n’est-ce pas ?
Robert :Oui. Ahhhhh, si la folie, il y en a sur « Feel My Power ». Tout part très vite au début. Le break au milieu du morceau est très dansant aussi. J’imagine en concert le public qui bouge de partout. D’ailleurs, il faudrait que j’aille voir ça un jour, par curiosité.
Aghahowa : OK, je t’invite pour Origin à Paris le 1er juin. (hahahaha, il ne va pas être déçu…).
Robert :D’accord. Bon, on finit notre bière ?
Aghahowa : Ayez, c’est fait.
Robert, entendant la fin de l’album, s’est senti une envie de commenter son ressenti global : A écouter de l’autre côté du mur, c’est bien chiant, mais je dois avouer que l’entendre de chez toi, c’est autre chose. Il y a même des passages intéressant comme sur le dernier morceau « Road to ruin », où il y a du décallage de rythme (à partir de 2 minutes), comme j’en retrouve en jazz (mais pas le même). Il est un peu longuet ce morceau néanmoins. En concert, la fin doit être une attente assez longue du public.
Bon, la voix, il me faudrait plusieurs CDs que tu me files pour que je m’y fasse, mais finalement, ta musique n’est pas si nulle que ça.
Aghahowa : Merci ! De mon côté, je vais tâcher d’investir dans un casque pour pouvoir écouter à fond sans pouvoir t’embêter.
Pour ma part, je trouve l’album Road To Ruin moderne, avec une belle production, des riffs intéressants, une créativité qui tourne autour des grands groupes du genre, mais sans plagiat. Je regrette cependant cette absence de folie qui donne l’impression parfois d’écouter quelque chose de linéaire.
La lourdeur des guitares et les impulsions de la rythmique basse – batterie sont bien sympathiques. Cette partie rythmique est bien exécutée au passage (par Jérémy de Dylath-Leen à la basse, et par Florian Legros à la batterie – aujourd’hui qui a quitté le groupe).
Enfin, la voix, on s’y habitue, même s'il faut bien tendre l'oreille parfois pour comprendre les paroles. J’aime bien son côté caverneux, qui sort de bien profond. Aussi, les back vocals qu’on entend dans l’album sont de bonne qualité.
Robert :Bon, je vais me coucher, car demain je travaille. Ciao mec, et désolé pour mon coup de gueulante de tout à l’heure. Mais à l’avenir, fait attention à ton bordel !
Aghahowa : Salut Robert ! Rentre bien…
Robert :Hahaha, c’est juste à côté.
Aghahowa : Reste quand même que je suis fan de Technical Death et de Thrash, et ça, Syn n’y peut rien…
Retrouvez le groupe dans la rubrique interview.
1. 08
2. Inside me
3. Scars of dawn
4. My revenge
5. Everlasting suffering
6. My sweet disaster
7. The hollowing
8. Feel my power
9. Inaccurate
10. Road to ruin