Chronique Retour

Album

01 décembre 2017 - ZSK

Ixion

Return

LabelFinisterian Dead End
styleDoom Metal atmosphérique
formatAlbum
paysFrance
sortieoctobre 2017
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Deux ans après Enfant De La Nuit, Ixion est de retour avec Return. Oui bon c’est téléphoné mais mettez-vous à ma place, ce n’est pas toujours facile de trouver les premiers mots d’une chro. Bref, le groupe breton un peu méconnu qui avait signé son premier opus To The Void chez Avantgarde Music en 2011, continue son chemin parmi les étoiles. Et parti d’un Doom/Death aux influences évidentes, Ixion s’est bien vite trouvé une personnalité. Dès Enfant De La Nuit, le trio a affirmé son penchant SF et cosmique au sein d’un Doom/Death forcément mélodique et atmosphérique. A grand renfort de synthés et de chants clairs, Ixion a réussi à poser une certaine ambiance futuriste et spatiale sur ses compos Doom/Death, sans renier les fondamentaux, jusque dans les growls des familles. Alors que le Doom/Death mélodique est un genre qui pullule sans forcément proposer de l’originalité, Ixion parvient à se démarquer un tantinet. Et Enfant De La Nuit s’était avéré tout bonnement excellent, avec des morceaux forts comme "Ghost in the Shell", "Allegiance" et surtout le fantastique "Promised Land". Deux ans plus tard, Return signe donc le retour (#sheh) du combo, qui gagnerait à être plus connu. Toujours chez Finisterian Dead End, Ixion s’est désormais recentré autour du duo composé de Yannick Dilly (chant clair) et Julien Prat (tout le reste), Thomas Saudray n’est plus de la partie et Julien Prat a donc repris les growls, qui demeurent similaires et de très bonne facture quoi qu’il en soit. Mais avec cette pochette que l’on aurait plus imaginée pour un album tendance Post-Black-Shoegaze, donc radicalement différente du côté SF onirique d’Enfant De La Nuit, Ixion va poursuivre son évolution vers un style encore plus épuré, aérien et atmosphérique.

Il n’y aura pas de tromperie sur la marchandise, "Out of the Dark" pose dès le départ l’ambiance typique proposée par le groupe breton. Et ce nom de morceau d’ouverture semble bien choisi car Ixion est tout sauf un groupe sombre, et Return va s’avérer être un album particulièrement lumineux. Quelque part, le groupe semble même se poser comme un antagoniste musical à son compatriote de Monolithe, les usages des synthés sont globalement les mêmes mais l’atmosphère choisie par Ixion est définitivement plus lumineuse. Lesdits synthés très clairs se font bien vite remarquer, en plus des quelques effets cosmiques, on reconnaît bien Ixion car toutes ses caractéristiques sont là, avec d’ailleurs un schéma de chants déroutant (clair pour les couplets, growls pour les refrains) mais aussi et déjà de belles montées de riffs et de mélodies. Mais par rapport à Enfant De La Nuit, Ixion montre déjà qu’il va sensiblement aérer son propos. Le single "Into Her Light" le confirme déjà, la musique est très cotonneuse et lumineuse dès le début, avec un chant clair à l’avenant. Les synthés sont très épiques et appuyés par les growls, les mélodies se mettent encore en place à coups de montées, pour en arriver à un final sidérant. Du bel œuvre encore une fois, mais Ixion est allé encore plus loin que Enfant De La Nuit pour nous livrer un album autrement plus épuré. Plus on avance, et plus l’emphase est mélodique et atmosphérique, "Hanging in the Sky" joue à fond la carte d’un Doom-Metal (très) mélodique, avec un départ acoustique et des compos bien aérées, les growls restant présents mais surtout en backing. Si l’enfant de la nuit rêvait d’une ceinture d’astéroïdes, avec Return Ixion vogue parmi les nuages d’une planète gazeuse bien éclairée par son soleil…

Bien évidemment, Ixion va changer les dosages de son Doom/Death par rapport à ce qu’il avait pratiqué sur To The Void et Enfant De La Nuit. Les growls sont plus parcimonieux bien que toujours bien utilisés et placés, même le chant devient globalement parcimonieux laissant à certains moments la musique s’exprimer pleinement. Les moments « Metal » les plus lourds se font aussi plus rares ("Back Home" où l’épuration est tout de même de mise, "Contact" où les riffs ressortent bien du coup, "Stranger", "The Dive (Fade to Blue Part 2)" avec des compos bien connotées Doom/Death), Ixion ayant clairement choisi une voie plus atmosphérique, où les mélodies se taillent la part du lion ("The Ocean", "Stranger" et son côté cristallin). Et tout le côté cosmico-spatial a aussi l’occasion d’être mis en avant, mais hélas, pas de manière aussi singulière que l’on pouvait l’entendre à certains moments de Enfant De La Nuit. On s’arrêtera néanmoins sur des moments d’ambiance très SF ("Into Her Light", "Contact") et quelques passages de synthé remarquables ("Back Home", "Stranger", "The Dive (Fade to Blue Part 2)"). Mais Ixion est décidemment parti loin dans ses aspirations atmosphériques, avec à la clé quelques breaks et pianos mélancoliques à souhait ("The Ocean", "The Dive (Fade to Blue Part 2)") et globalement des morceaux très cotonneux et aériens, rien qu’un "Contact" malgré ses riffs et growls est très épuré mais la palme revient au très doux et hyper lumineux "World of Silence", avec un chant différent, plus posé et onirique que jamais. Et Return à l’image de sa pochette de se laisser emporter dans les nuages aux rythmes de douces mélopées cotonneuses…

Enfant De La Nuit était déjà déroutant de par son côté spatial et onirique même s’il n’y avait rien de totalement révolutionnaire pour du Doom/Death mélodique. Return aurait pu signer un retour à la Terre mais non, Ixion tel le Nexus s’est installé parmi les nuages dans un système lointain. Poussant encore plus son aspect atmosphérique et même ses caractéristiques Shoegaze latentes, Ixion livre avec Return un disque de Doom/« Death » mélodique particulièrement épuré et cotonneux. Il ne faut pas chercher à apprécier cet album pour ses strictes compos Doom, plutôt pour son ambiance générale, aérienne comme jamais. Surtout que les compos sont parfois très classiques ("Hanging in the Sky", les leads de "Back Home" notamment) voire même redondantes, Ixion n’étant pas aussi inspiré que pour Enfant De La Nuit de ce côté-là, et ayant de toute façon fait d’autres choix. Une approche similaire que celle de ses précédents albums, pour un résultat presque totalement différent, les dosages ayant bien changé, même si Return s’inscrit finalement dans l’évolution logique amorcée par To The Void et Enfant De La Nuit. Après, c’est presque à prendre ou à laisser… l’équilibre de Enfant De La Nuit me semblait déjà parfait et le groupe n’avait plus qu’à proposer des morceaux encore meilleurs dans la même veine que "Ghost in the Shell" et "Promised Land". Appuyer encore son côté le plus SF et spatial aurait aussi été une excellente idée, mais Ixion a choisi l’« atmosphère » plutôt que l’« ambiance ». Ce n’est donc pas tout à fait que j’attendais, Return est tout de même un très bel album (comment ne pas trouver cela particulièrement enivrant), mais ma préférence reste sur Enfant De La Nuit qui était plus marquant et possédait même de véritables morceaux de référence. Return est du bel œuvre bien fignolé (la production rêche lui sied bien, le chant clair est maîtrisé), mais on pourra le trouver un peu trop cotonneux même pour du Doom/Death mélodique, et est un album réservé à ceux qui, sur les bases du genre, désirent planer…

 

Tracklist de Return :

1. Out of the Dark (5:41)
2. Into Her Light (5:23)
3. Hanging in the Sky (5:29)
4. Back Home (4:04)
5. The Ocean (4:19)
6. Contact (5:36)
7. World of Silence (5:14)
8. Stranger (3:31)
9. The Dive (Fade to Blue Part 2) (5:15)

 

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