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Les Rolling Stones n’ont qu’à bien se tenir car voici venir, du fin fond de l’Amérique, ce qui pourrait bien botter les fesses à bon nombre de gens, encore campés dans leurs pantoufles et accrochés sagement à leurs standards. Ici, point de ressemblance aux papis les plus relax du rock n’ roll, malgré l’évocation directe à leur hymne éternel de 1966. Paint It Black est une appellation d’origine incontrôlée, un Ovni turbulent, illustrant la vision pessimiste du groupe et le dédain accordé à un monde tout de noir vêtu. Un beau merdier en soit, dont essaye de s’extirper nos cinq gaillards par une avalanche de riffs revendicatifs et de paroles acerbes balancés au cœur de la bourrasque punk. À des millénaires d’un rock goguenard, la formation avance dans l’air du temps, armé d’un Punk Hardcore direct, sans paillettes ni vernis. Juste l’expression d’une musique guidée par la survie en milieu hostile, que la formation tente de dompter avec ce deuxième album. Un New Lexicon chauffé à blanc, rugueux et parfait pour servir la soupe à ce bon vieux Tim Amstrong.
Constamment joué sur le fil du rasoir et amené par l’urgence contagieuse d’une musique primitive, ce New Lexicon marque les esprits, pour cette toute petite formation qui mériterait amplement une plus grande renommée. D’une part pour la tempête qu’elle nous propose, chavirant les corps et les esprits, à la proue d’un style où tout semblait avoir été expérimenté. Mais également pour son côté revendicatif et impétueux, dans la grande tradition du Punk.
Si l’on a coutume de dire que la musique adoucit les mœurs, il serait habile de revoir le dicton, à l’image du premier titre « The Ledge », parfaite entrée en matière dans les ruelles étroites de Philadelphie. La rue, le bitume, l’asphalte bouillonnant sont les terrains de jeu de ce groupe, écrasant majoritairement leurs riffs et leurs rythmiques sur le parterre du Hardcore. Point de bacs à sables, mais bel et bien une farandole agressive, réprimée par une rythmique brute, agressive et suffocante (« Four Deadly Venoms »). Tout est subtilement tendu sur le titre « We will not » où le postillonneur Dan Yemins, évoque un serment pour la vermine et invitant tous les enfants de chœur à se boucher les oreilles. « Missionnary Position », « Gravity Winds », « Dead Precedents », s’enchaînent disgracieusement par la suite, toujours fortifiée en arrière plan par une ligne mélodique, parfois planante, parfois suintante.
Nous retiendrons particulièrement les hymnes à la débauche que forment « Past Tense, Future Perfect », « New Folk Song » (ou comment revisiter la Folk) et le dernier titre de fin « Shell Game Redux » que l’on verrait bien insérée dans tous les antres du football Anglais. Un titre plus mélodique que les 14 autres titres de cette galette envenimée, mais jouissif par l’apport de nappes de guitares et d’ambiances chaloupées. (une orientation à suivre ?).
Homogène à n’en plus finir, la grande qualité de cette galette est sa crédibilité, amenée de surcroît par deux guitares incisives et dans la pur veine old school du genre. Une faiblesse parfois aussi lorsque que l’on considère les morceaux de fins que forment « Sacharine » et « Severance », deux jumeaux un brin répétitif et redondant. Peu importe, les plans que nous fournissent le groupe sont exécutifs et jouissifs à souhait comme en atteste la basse dissipée d’Andy Nelson, la guitare écorchée de Josh Agran, ainsi que la voix contestataire de Yemin, appuyé par la surenchère de caisse claire de l’intenable Jared Shavelson.
Vous l’aurez compris, on ne déballera pas le tapis rouge à Paint It Black (bien qu’ils le méritent largement), car le groupe est bel et bien l’antithèse du showbiz et de la jeunesse musicale dorée. On préférera largement leur adresser une tape amicale et franche sur l’épaule pour les remercier de faire perdurer l’esprit protestataire du Punk et les gimmicks du Hardcore. Indépendant, libéré des contraintes et crédible sur tous les fronts, Paint It Black est une formation, bien en chair, la tête sur les épaules et le poing sur le cœur. Parti d’une formule simple, le groupe bricole, se pose les bonnes questions et met à terre un auditoire, encore bousculé par un panache de volonté et de vivacité.
1. The Ledge
2. Four Deadly Venoms
3. We Will Not
4. Past Tense, Future Perfect MP3
5. Missionary Position
6. White Kids Dying of Hunger
7. Gravity Wins
8. Dead Precedents
9. The Beekeeper
10. Check Yr Math
11. So Much for Honour Among Thieves
12. New Folk Song
13. Saccharine
14. Severance
15. Shell Game Redux