"Les vrais savent, les vrais font".
Il arrive parfois que les vicissitudes de la vie perturbent tellement vos projets qu'elles finissent par leur couper l'herbe sous le pied. "Now feel the Stench" n'aurait jamais du voir le jour tant sa conception remonte à loin et son histoire est jalonnée d'une succession de coups du sort. Thrasher, c'est pas un métier facile.
Tout commence au milieu des années 90 en Colombie, dans la ville de Bucaramanga, où Mao Mad Butcher et Will Fuzz Sick se rencontrent et décident de jouer de la musique ensemble. N'arrivant pas pour diverses raisons à graver un manifeste discographique de leur Thrash vitaminé sur galette, Fuzz Sick quitte la Colombie pour aller s'installer à Barcelone en Espagne (enfin en Catalogne je veux dire). Début 2010, le musicien restant quand même frustré de n'avoir jamais pu enregistrer les chansons de Bulmasatarra, il décida de ressusciter la bête avec son bon vieux Mao pour l'aider à activer la gigue. Enregistré à la sauvage et mixé à coups de poings, cet album se veut non seulement un témoignage des jeunes années du groupe mais aussi une marque de respect pour le Thrash/Crossover old school. Interprété avec les couilles et avec des muscles pleins les bras de chemises, cet album n'a peut-être pas la précision pour lui mais, au minimum, une vigoureuse envie de faire émerger la boîte à torgnoles du milieu de la mêlée.
On ne met en effet pas très longtemps pour comprendre que Bulmasatarra joue un Thrash énergique et catchy mais relativement classique et balisé. Pas de dérapages Death, Black ou Grind, le style du groupe lorgnerait plutôt vers le Crossover du début des années 90, à cette époque où on peinait parfois à faire la différence entre les deux écoles. Le Hardcore n'est en effet jamais très loin, les breaks et les riffs mid tempo montrant une envie pressante de faire péter les coups de coudes dans les côtes. Cet héritage Punk/Hardcore s’accommode bien avec les solides bases ancrées dans les définitions qu'ont donné les patrons du genre. A la production sèche et rugueuse se colle un son de guitare gras et dégoulinant, parti pris finalement parfaitement logique dans la mesure où Bulmasatarra privilégie le dynamisme à la précision rythmique. On sent à deux trois moments que tout n'est pas impeccablement calé, mais l'énergie qui se dégage de l'ensemble est finalement très communicative. Petit à petit, j'ai fini par m'attacher à ce disque et à apprécier des titres comme "Smell the Stench" ou "Sytemic Evil". Sur le premier, et au milieu du morceau, il y a une accélération particulièrement jouissive où les musiciens semblent comme vouloir faire la course entre eux. On pourra dire ce que l'on veut sur cet album, mais pas que l'envie en est absente.
Cette première galette se verra t'elle un jour suivie d'une suite ? Le groupe se fendant apparemment de quelques gigs à droite à gauche, ils trouveront peut être le temps. En attendant, amis Thrasheurs, posez une petite oreille sur ce disque de passionnés.
Track list :
- Hibernation
- Smell the stench
- Black Storm
- Altars of flames
- Systemic Evil
- The dream of the dark souls
- Land of madness
- Cleanup your cortex