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Jeunes et fringants, tout droit sortis du parfait petit guide du métalcore illustré, les membres de Bloodjinn nous reviennent en mémoire avec un troisième album. Un nouveau tome des aventures rocambolesques de ces trublions, investigateurs malgré eux d’une musique dont on connaît parfaitement la chanson.
Accompagnateurs à leurs débuts en 1999 d’une vague mélodique effrontée, les Américains ressortent actuellement du troupeau pour nous présenter This Machine Runs on Empty, nouvel opus charnu et simple retour à l’urgence maladive de leurs débuts. Faible renommée, appui promotionnel éhonté et valse perpétuelle des membres du groupe ont en effet longtemps bercé le quotidien de cette équipe, bien décidée à renaître de ses cendres.
Une renaissance assumée pleinement et affiché de façon ostentatoire dans les propos du groupe. Des faux-semblants censés raviver la flamme de la formation et par la même occasion, faire revivre le style éloquent de la formation. En soi une apparence trompeuse et un habillage calibré que le groupe n’a cessé de nous servir depuis maintenant une décennie
À l’instar du démarrage tonitruant de leur début d’album, Bloodjinn n’offre guère qu’une poudre aux yeux dite « deluxe » à ses auditeurs. Quand bien même on aurait considéré que les Américains formaient un nouveau groupe à la mode et arriviste, les anciens rescapés de la mouvance métalcore ne révolutionnent en rien le genre originel. Encore plus lorsque qu’il nous arrive de toucher du doigt les 9 années de carrières du groupe et leur domaine de prédilection, n’ayant visiblement pas changé d’un iota leur point de vue et leurs références.
Si l’album avait élégamment démarré avec le titre « In The First Degree », titre catchy appuyé par une rythmique entraînante et dénuée de fantaisie, le groupe n’arrive que très rarement à faire monter la température sur cet album de la dernière chance.
Un personnel de bord carré, bondissant parfois admirablement sur quelques passagers pour « Mirrored Human » et « A Moment Of Clarity », mais offrant tout au long des titres de biens pâles et stériles prestations.
Gilets de sauvetages et descente à pic sont annoncés dès lors sur la seconde moitié de l’album, répétitive, lassante et honteusement auto-pompée au gré des morceaux.
Dommage, surtout lorsque l’on s’attarde d’un peu plus près sur le potentiel du groupe et notamment de sa force de frappe. La batterie forme d’ailleurs un pilier fondateur des morceaux et un instrument poussé à son paroxysme lors du travail de production réalisé par Mike Watts (The Chariot). La frénésie des cannes de l’ami Brian anime de surcroît une efficace double-pédale, que s’accordent à suivre mollement les guitaristes. (« Break The Silence ; " Maker »). Les six-cordes faiblardes alternent « Mi » grave et palm-mute redondant, pour un rendu parfois bien creux et en dessous de nos attentes. Les timides pointes harmonieuses accentuant d’ailleurs ce sentiment de laisser pour compte, face à des plans brut de travail et finalement très peu mélodiques.
Nous étions d’ailleurs en mesure d’en attendre un peu plus que des mid-tempos, contre-temps peu maîtrisés et une palette sonore sans grand éclat, que de biens plus petits morts de faims à la mèche lissée maîtrisent avec davantage d’aisance que ces aïeuls du metalcore .
Les cinq premiers morceaux laissent tout de même la part belle à l’expression des solis et des rythmiques endiablés des cinq bougres, mais à trop vouloir se pavaner devant Killswitch Engage (« Break The Silence ») et autre Lamb of God, période Ashes To The Wake, on finit par y perdre toute légitimité. Malgré tout, nous tenterons de retenir dans une ultime bouchée indigeste le titre « Truth Within », équilibré et cohérent, entaché par le chant nasillard du père Joël, mais agrémenté d’un soupçon d’arrangements saillants et criant d’efficacité.
Son line-up stabilisé, Bloodjinn semblent pleinement satisfaits de leur prise de position et de leur nouvelle formule, plus brute, moins dérangeante et plus agressive. Pour notre part et sur l’échelle de la satisfaction, nous ne somme plus que partagés. Peu ravis d’un album foncièrement peu intéressant et peu équilibré. Déçu de voir comment un groupe au potentiel important n’a pu sortir la tête de l’eau, compositions ternes à la main. À ce petit jeu là, un MCD aurait largement eu sa place sur les étagères. Un cinq titres présentant une première moitié d’album efficace, sans redondance, sûrement plus fouillée, et essentiellement plus subtil.
1. In the first degree
2. Break the silence
3. Mirrored human
4. Truth within
5. A moment of clarity
6. This machiine runs on empty
7. The unloved
8. Maker
9. Inhale exhale
10. See through