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La Suède, ce doux pays connu par beaucoup pour ses vallées enneigées, ses filles physiquement généreuses et ses fameux Krisprolls. Mais la Suède, c’est aussi le métal, qui plus est extrême ! En ce qui concerne le death metal national, on associe trop souvent à tort Suède et death mélodique. Si effectivement cet état connaît de nombreuses formations du genre, il existe depuis toujours un petit village où se sont réfugiés d’irréductibles vikings portant fièrement les couleurs de la brutalité. Anata a fait partie de ceux-là pendant une bonne partie de sa carrière mais est désormais mi-figue mi-raisin concernant son orientation musicale.
S’attaquer à un monstre comme Anata n’est pas une mince affaire. Avec une discographie à faire pâlir tous jeunes groupes qui débutent, il est difficile de choisir quel sera l’album à chroniquer en premier tant la qualité est au rendez-vous à chaque sortie. Après une longue réflexion existentielle, j’ai jeté mon dévolu sur « The Conductor's Departure ». Sorti en 2006, cet album n’est pas forcément le plus représentatif de leur discographie, mais il est sûrement l’un des plus réussis. Si le vin s’améliore avec le temps, Anata lui progresse avec la maturité des années.
Un opus comme celui-ci se déguste de la première à la dernière goutte. Rarement un groupe ne sera allé aussi loin dans la recherche musicale. En plus d’opérer dans l’un des styles musicaux les plus recherchés (le death métal bien évidemment !), Anata a su fusionner des éléments à première vue opposés mais qui au final s’accordent très bien entre eux… Si les membres ont souvent fait dans la brutalité - on se souvient de « The Infernal Depths Of Hatred » - la formation a presque changé son fusil d’épaule pour cet album. En effet, malgré une brutalité omniprésente, on se croirait souvent face à du death mélodique tant l'admiration nous envahit devant la magnificence des riffs. Impossible de rester insensible devant la beauté des guitares sur des titres tels que "The Great Juggler", "Better Grieved Than Fooled" ou "I Would Dream Of Blood". Mais à côté de ça, la voix de Fredrik Schälin et la batterie confirme bien le passé brutal du groupe.
Comme si ce mélange ultra efficace n’était pas suffisant, Anata en remet une couche avec une technicité et une originalité déconcertantes. Très loin d’un Beneath The Massacre ou d’un Brain Drill qui enchaînent les notes à la vitesse de l’éclair, les deux guitaristes ont eux choisi un jeu tout aussi complexe mais beaucoup plus « appuyé et lent ». Ici, pas de démonstration de force avec celui qui joue le plus rapidement possible. Ici, il y a juste une démonstration de talent, rien d’autre. Les divers solos passent presque inaperçus à cause des leads délectables à souhait. Les rythmiques batterie et basse sont comme tout le reste : hallucinant de maîtrise ! Conny Pettersson utilise parfaitement la palette offerte par la batterie et son jeu est à des lieux de celui de son autre groupe plutôt douteux Trendkill. Les morceaux sont déroutants, presque hypnotisant (avec le "Disobedience Pays"). Quant à "Children's Laughter", la petite instrumentale, et le long morceau titre de conclusion, ils mettent en valeur une production qui n’oublie personne même les infimes détails.
Dépassant les 50 minutes, le groupe ne s’est vraiment pas contenter du minimum pour cet album et ça se ressent à travers tous les morceaux. Il faut avoir l’âme d’un musicien surdoué pour réussir à unir aussi bien mélodie, brutalité et technicité. Les avis des fans de la première heure sont plutôt divisés sur ce « The Conductor's Departure », totalement déroutant par rapport à leurs premiers opus. Le petit point noir serait peut être une voix qui manque parfois de puissance ?! Quoiqu’il en soit, que vous soyez fan de death métal ou non, vous vous devez de posséder absolument « The Conductor's Departure » !
01. Downward Spiral Into Madness
02. Complete Demise
03. Better Grieved Than Fooled
04. The Great Juggler
05. Cold Heart Forged In Hell
06. I Would Dream Of Blood
07. Disobedience Pays
08. Children's Laughter
09. Renunciation
10. The Conductor's Departure
