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Si le nouvel album des Misery Speaks nous est conté aujourd’hui, ce n’est bien évidemment pas pour évoquer un quelconque colloque tenu par les défenseurs de la pauvreté et de la misère ambiante. Ni même désigner un nouveau groupuscule, défendeur de la condition sociale et directement affilié à Ëmmaus.
Misery Speaks vient bel et bien se poster devant nos fenêtres pour défendre une « juste » cause, celle de la sortie de son deuxième effort, deux ans après ses premiers essais sonores révélateurs.
Catalogue of Carnage de son nom, est une véritable petite boutique des horreurs, où s’invite volontiers brutalité, hargne et un sens aiguisé de la mélodie. Le précédent album, de la formation nous avait déjà conduit sur des paysages victorieux et fortement salvateurs. Restait à savoir si les Allemands étaient toujours capables de porter à bout de bras leur propre conception du death mélodique, et de s’extirper de la mouvance mélodique en vogue.
Enregistré par Alexander Dietz au Rape Harmonies Studio (Thuringia), ce nouvel album suit les traces de son prédécesseur, l’éponyme sorti en 2006 et salué par une grande frange d’aficionados. En vrai petit almanach de voyage et comptines dissonantes, ce Catalogue Of Carnage puise çà et là dans de lourdes rythmiques, des plans brutaux, mais toujours avec une constante recherche de la diversité dans les structures abordées. Il faut dire que le style ne prête pas forcément à l’originalité et au développement d’un propre univers. Alors les Allemands bidouillent, innovent avec les moyens du bord, et s’en sortent plutôt bien tout en faisant preuve d’un professionnalisme et d’une maîtrise à toute épreuve.("Lay This Burden Now").
Au regard de la période d’antan, Le Misery version 2008 apparaît plus consistant dans l’approche de ses structures, plus organisé aussi, en nous fournissant en rang d’oignons 10 titres d’une étonnante efficacité.
De bout en bout, de « The Scavenger » à « Fall Of Envy », on ne s’ennuie pas, et l’on éprouve un doux plaisir à se caller dans les oreilles des titres nourris au son des contrées enneigées de la Scandinavie. Parions que l’identité des morceaux est intimement liée au travail de Dan Swanö, membre d’Edge Of Sanity et largement prescripteur des ambiances tantôt flegmatiques, tantôt envolées que révèle l’album. À coup sûr, certains n’y verront ici qu’une pâle copie d’Amon Amarth et d’un métal aux relents héroïques. Pas faux, serais-je tenté de leur répondre ! Sur certains titres, s’invite volontiers nos chers vikings et leurs riffs fatidiques, comme sur les (néanmoins) bons « Sentiment Is Missing » et « Engraved In Stone ». Mais Misery Speaks va plus loin en agrémentant sa tambouille d’éléments empruntés au brutal death ou encore ou métalcore. Penchez-vous quelques minutes sur " Fall Of Envy ", sublime titre de fermeture, ou encore le pêchu « Storm Of Ideal », pour vous imprégner au mieux des changements virevoltant de rythmes, de sons, d’ambiances.
L’album s’enchaîne bien et sans faux-pas. Un peu trop bien d’ailleurs, tant il faut parfois fouiller ce livre des carnages pour retrouver la crasse et l’urgence du live développées par le Misery Speaks originel. La production, aboutie au maximum, bien léchée, perdant quelquefois de son authenticité au fil des séances d’écoutes.
Ce nouvel album des Misery Speaks est chatoyant et attirant au possible. Ils n’ont pas peur des mots, hurlant tout haut ce que d’autres vocifèrent tous bas. Avec un album de cette qualité, entreprenant et varié, les Allemands auront l’occasion de rallier à leur cause, bon nombre d’acolytes. Reste maintenant à trouver le temps de le promouvoir et de lui réserver une sortie digne de ce nom.
1. The Scavenger
2. Sentiment Is Missing
3. Guilty As A Sin
4. To My Enemies
5. Lay This Burden Down
6. Catalogue Of Carnage
7. Engraved In Stone
8. Sounds Of Brutality
9. Storm Of Ideals
10. Fall Of Envy