Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Cinq ans après Wreck, Unsane est retourné en studio pour lui donner un petit frère. Cinq ans c'est assez long, mais entre temps, le groupe ne s'est pas tourné les pouces : Spencer et sa bande se sont embarqués sur diverses tournées, dont une, en 2016, est passée par la France, avec une escale au Hellfest en 2016 et surtout une date complètement improbable à Saint-Ouen. Et c'est avec ce genre d'évènement qu'Unsane impose un respect absolu : après presque trente ans de carrière, les Américains trouvent toujours autant de plaisir à écumer les petites salles, infligeant son noise rock dans une ambiance undergroud et confidentielle à un public dévoué. Malgré les années et la renommée qui va avec, Unsane reste attacher à l'idée de faire vivre la musique avec les tripes, et putain, c'est pas tout le monde qui peut se targuer de le faire avec toujours autant de hargne. Des concerts, donc, pour remplir ces cinq années, mais aussi des side-projects, dont le très bon PIGS de Dave Curran.
Et donc, en 2017, Unsane nous balance le petit dernier : Sterilize. Rien que la pochette nous met dans le bain : un morceau de tôle maculé de sang, Unsane n'a pas perdu la main pour se doter de pochettes minimalistes mais efficaces, même si rien ne sera plus cru et froid que celle de l'éponyme, le fameux et authentique (!) cliché d'un cadavre décapité sur les voies du métro new-yorkais. Pochette "standard" donc, et musique standard également. Parce que oui, le pré carré d'Unsane n'a globalement pas bougé depuis un paquet d'années, les New-Yorkais labourant inlassablement le même sillon noise rock granuleux et ronflant depuis... depuis plus ou moins leur début à vrai dire. Et si ce côté un peu monolithique et redondant à de quoi rebuter les amateurs de renouvellement régulier, les die-hard fans (et j'en suis) ne se lassent pas des meulages en bonne et due forme que propose le groupe à chaque nouvelle sortie. Dès Factory, Unsane sort les crocs et envoie paître tous les tristes qui voudraient un peu de changements : la chant de Spencer est toujours aussi crasseux, sa guitare toujours aussi grinçante, la basse de Curran continue de vombrir avec violence dans vos tympas et Signorelli martèle avec toujours autant de vigueur ses fûts. D'un bout à l'autre Sterilize sonne 1000% Unsane, et c'est toujours aussi bon.
Mais au coeur de cette uniformité choisie et assumée se détachent quand même quelques titres. La doublette d'entrée Factory/The Grind est absolument imparable, l'envie d'aller se perdre en pleine nuit dans les ruelles glauques et puantes d'une ville où la loi n'est plus qu'un vague concept vous prendra immaquablement aux tripes à l'écoute de ces deux titres. Un peu plus loin, No Reprieve et ses lignes de guitares maladives rapelle que, en terme de sons bien âpres, Unsane règne en patron. Dans la foulée, le riff de Lung, lourd, puissant et implacable rapelle que, en terme de coup de masse bien placé sur l'occiput, Unsane règne en patron. Et, en fin de parcours, le rampant et poisseux Avail, avec sa basse dégoulinante, rapelle que, en terme de lourdeur bien sale, Unsane règne en patron.
Serilize ne vous surprendra pas. Jamais. Mais Sterilize est un pur concentré d'Unsane et donc, à ce titre, défonce tout. Le trio Spencer/Curran/Signorelli n'a plus rien à prouver et se contente de faire ce qu'il fait de mieux : ravager des tympans à grand coup de riffs béton et de sonorités torturées. Et après presque trente ans, ça fait toujours autant de bien là où ça passe.
Tracklist de Sterilize :
01.Factory
02.The Grind
03.Aberration
04.No Reprieve
05.Lung
06.Inclusion
07.Distance
08.A Slow Reaction
09.We're Fucked
10.Avail