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Il n’est pas donné à tout le monde de chanter la tristesse. Ce sentiment si complexe qui nous empêche de manger quoique ce soit, qui nous tord le ventre et fait passer des ombres noires au dessus de nos têtes ne se dépeint pas comme sur un visage tourmenté. C’est peut-être en cela que la musique est admirable : elle touche à des choses insaisissables.
Ne sentant pas leur place dans le monde et reniant toutes les heureuses croyances ou conventions de vie, les membres de The Foreshadowing composent quelque chose aux intonations tragiques et à l’humeur vidée. On est dans le résolument triste…
Rentrer dans cette atmosphère n’est pas aussi dure que pour certains groupes de doom ou de gothique. Toute la force de cet album réside dans sa simplicité et dans sa veine musicale docile. La technique n’est pas mise en avant et j’irais même jusqu’à dire qu’il y en a très peu mais elle laisse toute la place aux mélodies et aux ambiances désenchantées. Il suffit même d’écouter la voix de Marco Benevento pour se laisser traîner dans le monde de la mélancolie, tant celle-ci regorge d’amertume. Sur le premier titre, « Cold Waste », on pourrait penser avoir une pale copie de Jonas Renkse (Katatonia), ou encore, sur « Last Minute Train », quelque chose proche de Ville Valo (HIM) mais la suite de l’album nous confirme que l’émotion dégagée est authentique et que les nuances vocales ont leur caractère propre. Si vous en doutez, jetez une oreille attentive à « The Wandering » et sa fin a capella…C’est troublant…
La musique joue à la fois sur la finesse de la simplicité et sur l’efficacité du son. Tantôt le groupe accentue sur la sensibilité de quelques notes au piano (« Departure »), tantôt il mise sur la puissance des guitares (« Ladykiller »), ce qui donne un cd équilibré. Les arrangements et les structures sont soigneusement agencés et le tout sonne très harmonisé. On obtient un ensemble à la fois planant et oppressant qui flirte avec quelque chose de beau et de douloureux. Certains morceaux sont mêmes surprenants et viennent nous réveiller dans ce cheminement d’âme lassée. « Eschaton » ou « The Fall » pose des riffs basiques mais qui s’avèrent très efficaces lorsqu’ils sont bien employés. De même, les mélodies aussi légères qu’elles soient ne peuvent pas ne pas vous toucher. On plonge tranquillement dans le monochrome de The Foreshadowing…
Au final, « Days of Nothing » fait partie de ces albums vraiment agréables et raffinés. Sous ses airs simplifiés, il offre un véritable potentiel et montre que musique ne rime pas forcément avec technique. Les sensations véhiculées sont superbes et authentiques, si bien qu’on n’ose pas aller contre. De plus, l’artwork réalisé par Seth Siro Anton (Paradise Lost, Caliban, Rotting Christ) est original et ajoute un petit plus à l’identité du cd. Pour un premier album, ces parrains de la tristesse envoient des ondes positives et j’espère pour eux qu’ils atteindront un peu la lumière parce qu’ils le méritent…En attendant, je vous laisse « Into The Lips Of The Earth »…
1.Cold Waste
2.The Wandering
3.Death Is Our Freedom
4.Departure
5.Eschaton
6.Last Minute Train
7.Ladykiller
8.The Fall
9.Days Of Nothing
10.Into The Lips Of The Earth