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En France, c'est indéniable on a des talents, le tout c'est de les trouver et de les mettre sur le devant de la scène pour voir comment ils s'y débrouillent. Alors on pourra remercier Thundering qui a pris le risque de mettre à l'eau un de ces groupes dont le talent est indéniable et, quelle chance, c'est justement le point central de la chronique qui va suivre: Elvaron.
Certains d'entre vous connaissent ce groupe pour leurs reprises de génériques de dessins animés de notre enfance (je parle à ceux qui sont nés au début des années 80), mais ceci n'est pas vraiment un gage de sérieux, cela fait même tâche dans leur imagerie science fiction et métal. Mais après tout ils prouvent que tout musicien qui se respecte est aussi une personne humaine qui sait faire preuve d'humour et de décalage. C'est un premier bon point.
Pour leur quatrième album, ce groupe venu de l'est de la France a choisi la voie conceptuelle, en construisant leur musique autour d'un récit fantastique à forte connotation science-fictionnesque. Alors on y parle de manipulation de la gravité avec pour but une domination de l'esprit humain et à plus grande échelle de l'humanité toute entière. Bien sûr tout cela se ressent au niveau de la musique qui est bâtie autour de ce concept, même si chaque chanson peut s'écouter individuellement et n'ont pas particulièrement de lien entre elles.
Les paroles racontant une histoire, il aurait été intéressant de s'y pencher mais la version promo étant ce qu'elle est, je ne rajouterai rien sur le sujet. Sauf peut-être que le phrasé et la prononciation du chanteur sentent un peu le franchouillard, c'est pas Jacques Delors mais ça coince un petit peu, même si on sent que de gros efforts sont faits, n'est pas natif qui veut! Tant qu'on est sur la voix, le chanteur sait moduler sa voix avec talent: tantôt claire et adaptée aux compos tantôt thrash, mais là ça laisse à désirer, un peu trop éraillée, sauf dans l'intro de Living in the Anthill où les accents sont plus agressifs sans être à côté. Mais il exploite aussi les paliers intermédiaires et de là il tire toute sa force et de forts belles parties.
Le concept est aussi défendu par une musique qui possède des accents très métal et très progressifs. Le groupe connaît ses classiques et maîtrise les arcanes de la composition. Acoustique, orchestral, béton, thrash, technique tout y passe et le dosage est équilibré. On ne se perd pas dans les écueils du prog avec des chansons incompréhensibles qui n'en finissent plus, ici on prend son temps sans en faire trop (seule Inside the Machine dépasse les 10 minutes). Tous les instruments sont à l'honneur et il n'y a pas de parent pauvre dans le groupe, les musiciens atteignent une symbiose plaisante et nécessaire pour ce genre d'exercice. On atteint même souvent des sommets de technique et de feeling comme dans l'instrumental Losing Control. Un tout petit reproche, les chansons commencent en très grande majorité par des arpèges de guitares ou une intro au piano, dommage c'est le seul point qui manque d'originalité...
Il faudra plusieurs écoutes pour saisir toutes les finesses des compositions, mais malheureusement il ne m'en a fallut qu'une pour voir l'ombre d'un autre groupe planer au dessus de cet album: Dream Theater. Si vous écoutez le break de Gravitation Control System et le solo d'entrée de In touch with the outer world, ça fleure la bande à Portnoy à plein nez. Rassurez-vous ce n'est que sporadique mais ça choque un peu quand même.
Si l'on compare Elvaron à un autre gros du prog français comme Spheric Universe Experience, on pourra trouver que le son est un peu juste et qu'il gagnerait à être gonflé, mais ce serait au dépens du côté thrash, léger mais voulu et assumé. Alors ne gâchons pas notre plaisir avec cet excellent album et soutenons Elvaron, ils méritent une place significative dans le paysage Métal français!
1. Gravitation control system (7'05)
2. Living in the anthill (7'09)
3. From dream to reality (7'32)
4. In touch with the outer world (6'24)
5. Inside the machine (10'22)
6. Between truth and lies (5'28)
7. Losing control (5'23)
8. The slingshot effect (6'04).
