"Les vrais savent, les vrais font".
Le Thrash a beau afficher quelques décennies d'existence au compteur, il semble toujours attirer de jeunes musiciens avides de décibels sauvages et de propos sans ambiguïté. Même si les références sont nombreuses, entre un Sodom, un Exodus ou un vieux Sepultura, les différences stylistiques sont manifestes et tout Thrash que sont (ou étaient...) ces artistes, ils arpentent des chemins assez éloignés et proposent donc des univers très différents. Si pour certains, le Thrash était une musique qui pouvait parfois être lumineuse, le propos des Nordistes de Mortal Scepter est assez sombre, agressif et à la limite d'un Black/Death. Mortal Specter est un groupe de Dunkerque qui voit le jour en 2012 et qui proposera sa première démo en 2014 avant de signer avec Unspeakable Axe et Dark Descent qui sortiront ce fameux "As Time Sharpens the Sentence". Ce qui motive aujourd'hui cette chronique, c'est la sortie Vinyle de l'album parue récemment chez Epidemia Records, et qui sonne comme la putain de sa grand mère.
Au petit jeu des rapprochements avec les groupes plus ou moins connus (pratique qui me casse plus ou moins les couilles) Mortal Scepter souffle une énergie sombre et inquiétante qui les fait se rapprocher de nombreux groupes Thrash précurseurs des années 80. Si je vous parle des débuts du Thrash teuton ou de l'émergence de la scène Thrash brésilienne, il va vous venir à l'esprit toute une flopée de disques radicaux qui vont vous aiguiller sur la colère de nos amis du Nord. Mais il serait limitatif de considérer la musique de "As Time Sharpens the Sentence" uniquement sous cet angle, car le travail autour de la précision et de l’exécution instrumentale mérite d'être mentionné. Carrés et précis, les titres de "As Time..." sont parfois à la limite du Thrash/Death tant la colère et la précision amènent un caractère implacable aux riffs. Ce coté extrême assumé (un blast beat malicieux pointe même le bout de son nez sur un titre) est contrebalancé par des mosh parts bien saignantes et des mid tempo qui donnent envie de foncer tête baissée dans le pit (le début d'"Infernal Satanic Sinners" est redoutable à ce niveau). La voix écorchée et criarde du chanteur donne l'impression qu'il ne cesse de nous menacer de nous foutre une rouste quand certaines de ses lignes de chants, accompagnées par une reverb appuyé, me font penser au géant du chant "moissonneuse batteuse" Paul Baloff, légende malheureusement trop tôt disparue et trop mésestimée qui a pourtant donné à ce style ces lettres de noblesse.
Illustré d'un artwork de toute beauté de Jon Whiplash, "As Time Sharpens the Sentence" sonne comme une sévère remontrance administrée sans ménagement... une volée "à la papa" qui ne souffle pas qu'on n'y résiste ne serait qu'une seconde.
Tracklist :
Side A :
- As Time Sharpens the Sentence
- Execution Symphony
- Infernal Satanic Sinners
Side B :
- Violent Revenge
- Death to the False One
- Total Desaster (Destruction cover)
