Tuomas Saukonnen est un homme occupé. Quand il ne va pas parfaire ses muscles à la salle ou qu'il n'enchaîne les tournées, monsieur compose, et il compose vite, vite et bien même. Et le résultat est là : 3 albums depuis la création du groupe en 2013. Bon, le bougre n'est plus tout à fait seul, puisqu'il a su s'entourer de trois musiciens depuis "Shadow World", deuxième opus du désormais quatuor. Mais ça force tout de même le respect, surtout quand on connaît la qualité du travail proposé. Une telle qualité n'est d'ailleurs pas là par hasard, elle s'est forgée au fil du temps, Saukonnen officiant dans de nombreuses formations auparavant, notamment le très sous-estimé Before the Dawn ou bien encore le proto-Wolfheart : Black Sun Aeon. Et au fil des années, le quidam se sera fait une place de choix au sein de la scène Death mélodique finlandaise, aux côtés d'Omnium Gatherum, Eternal Tears of Sorrow ou encore le mastodonte d'Insomnium. Mais trève de bavardages, et voyons de quoi il en retourne pour ce dernier opus en date, l'imprononçable "Tyhjyys" ("Vide" en français). Et si Vide il se nomme, Vide il n'est pas.
Posons les bases tout de suite : Tuomas Saukonnen fait du Tuomas Saukonnen, les fans seront ravis et les réfractaires continueront d'être réfractés (?). Mais si le groupe évolue plutôt lentement depuis sa création en 2013, "Shadow World", le deuxième opus, renforçait déjà l'aspect mélodique de ses compositions, sans compter l'apparition des chants clairs pour nombre de refrains entêtants et mémorables (Zero Gravity vous avez dit ?). Les chants clairs sont évidemment également de la partie pour cette cuvée 2017, mais on constate également une importante mise en avant d'orchestrations franchement grandioses. Si le groupe nous avait habitués à ces dernières, elles se faisaient souvent le temps de courts interludes ou à l'occasion d'introductions, notamment sur "Winterborn". Ici, les orchestrations s'intègrent directement aux compos, pour un rendu vraiment impressionnant, renforcant clairement les passages épiques de l'album, je pense notamment aux choeurs sur le hit en puissance qu'est "Boneyard", ou encore les claviers de "World On Fire".
Concernant la production, "Tyhjyys" gomme les défauts déjà peu nombreux de l'opus précédent, à savoir une batterie trop mise en avant, et un manque de clareté global dans les mélodies. Avec ce nouvel album, Wolfheart entre clairement dans la cour des grands, et bénéficie de ce qui se fait de mieux dans la scène Melodeath finlandaise : une production cristalline qui participe énormément à l'ambiance froide, lancinante mais ô combien majestueuse qui nous transporte le long de la galette, avec en guise de narration la puissante voix du sieur Saukonnen, qui s'impose clairement comme l'un des meilleurs growlers de la scène, voix qui se fait d'ailleurs de plus en plus mélodieuse au fil des albums, en atteste le refrain de "The Flood" ou encore celui de "The Rift".
On retrouve également tous les éléments caractéristiques de l'univers de Saukonnen, voire de la scène finlandaise en général : une ambiance hivernale propice à la contemplation et à la mélancolie, ainsi que des mélodies lancinantes, alternant avec des atmosphères plus guerrières et rugueuses, se traduisant par des rythmiques lourdes et une batterie déchaînée.
En définitive, on tient très certainement là l'album le plus efficace et entêtant de la carrière déjà bien bien longue de Tuomas Saukonnen, et des titres comme "Boneyard" et "The Flood" résonneront encore longtemps dans les chaumières des amateurs de Melodeath. Je ne peux que conseiller à tout amateur de Death mélodique de se plonger dans la bête si cela n'est pas déjà fait, et aux non-initiés d'au moins y jeter une oreille, d'autant que "Tyhjyys" ne dure qu'à peine plus de quarante minutes. Au pire, vous passerez un moment agréable, et au mieux, la bête prolongera votre hiver encore un petit moment.
Tracklist :
01. Shores Of The Lake Simpele
02. Boneyard
03. World On Fire
04. The Flood
05. The Rift
06. Call Of The Winter
07. Dead White
08. Tyhjyys