Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Alors que moins d'un an s'est écoulé depuis la sortie de Purge, premier long format de Fange, le combo rennais remet la table pour un deuxième LP répondant au doux nom de Pourrissoir. Toujours mené par Benjamin Moreau (guitare), le line-up du groupe n'a pas changé depuis Purge, on retrouve donc Boris Louvet derrière les fûts, Jean-Baptiste Lévêque aux bidouillages noisy et Matthias Jungbluth au chant.
Si, déjà, le titre de l'album reste dans les standards du groupe (Pourrissoir faisant suite à Purge et Poisse), la pochette conserve également le style graphique de celle de son aîné, et on serait même tenté de dire qu'elle en est la suite immédiate : des boyaux pour Purge, un anus pour Pourrissoir, tout va bien (d'autant plus qu'il y a, apparemment, une lumière au bout du tunnel. Bon signe ? Je vous laisse décider). Bref, tout ça pour dire que Fange repart sur les mêmes bases pour ce second LP, tant visuellement que musicalement : les compos du groupe tapent de nouveau dans le Sludge bien crasseux enjolivé d'une couche de sonorités Noise bien tordues et malfaisantes, juste histoire que vous vous sentiez à l'aise. Le son est de nouveau massif à souhait, toujours signé KKP, la puissance de la seule et unique gratte reste incroyable, située quelque part autour des fréquences d'une tronçonneuse.
Si globalement Fange poursuit dans ses platebandes, le groupe parvient néanmoins à faire légèrement bouger les lignes, et ce, de deux manières. Premièrement, les parties au tempo plus proche du Hardcore sont plus nombreuses, donnant à la fois plus de pêche aux titres, mais également plus de relief aux ralentissements (Parmi Les Ruines, Agapes), qui n'en deviennent que plus implacables et appréciables. Cette meilleure gestion des alternances rythmiques donne à Pourrissoir une plus grande force de frappe que Purge. La deuxième nouveauté que nous propose Fange se présente sous la forme de titres quasi 100 % Noise Indus que sont Ultrafrance et Vore. L'utilisation d'éléments numériques dans les compos était déjà d'actualité pour Purge, mais ici le procédé est poussé encore plus loin avec ces deux titres. On se mange un enchevêtrement de larsens et de grésillements portés par un beat lent et rampant, et sur ce joli assemblage, Matthias vient ajouter son chant possédé, vomissant des paroles cette fois encore pleines d'images plutôt perturbantes ("JAMAIS RASSASIÉ JE NE M'ARRÊTE QU’ÉCOEURÉ. LA CHAIR, LE SANG, LA MERDE, LE FOUTRE, LES OS, LA RATE, TOUS LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE". Et bon appétit).
Tout en gardant ce qui fait le cœur de sa musique, changeant simplement le dosage des éléments, Fange continue d'explorer l'infâme et l'ignoble au travers de compos denses et putrides. Pourrissoir propose une nouvelle escapade dans les méandres de la crasse, et le voyage en vaut la peine, pour peu que vous ayez déjà accroché aux précédents efforts du groupe.
Tracklist de Pourrissoir :
01.Parmi Les Ruines
02.Agapes
03.Ultrafrance
04.Les Gémonies
05.Vore
06.Ressac