La sélection de HU : février 2017
dimanche 19 février 2017Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
De retour ce mois-ci pour une nouvelle sélection de nos coups de coeur du mois. Les albums, EP ou démos qu'on a découverts (même parfois tardivement pour ne pas se plier au diktat de la nouveauté) avec Violet Cold, The Drip, Grok, Sons Of A Wanted Man, Foreseen, Viles Vitae, Silver Machine, Cranial mais aussi un retour sur le premier album de Messa.
La sélection de janvier est toujours disponible ici.
Messa - Belfry
Style : Doom Metal
Pays : Italie
Label : Aural Music
Date de sortie : mai 2016
Dolorès : On ne va pas le répéter mille fois, le « doom à chanteuse » est bel et bien l’un des genres les plus en vogue et les plus florissants de la décennie. Chacun y va de sa petite patte originale pour tenter de se démarquer : au groupe qui sera le plus ésotérique, à celui qui aura la performance vocale la plus impressionnante, à celui qui sera le plus groovy, il y a du choix. Et Messa est finalement une belle confrontation de toutes ces aspirations.
Compositions lourdes et noires, ou techniques et entraînantes, mais toujours terriblement pro et maîtrisées, chanteuse vocalement irréprochable bien que n’ayant pas toujours besoin d’en faire des tonnes, feeling bluesy et quelques prises de risques : c’est ce qui vous attend dans Belfry. Et ce n’est que leur premier album… Je vous spoile pas trop, mais si vous aimez Witch Mountain, Jex Thoth, Jess And The Ancient Ones ou Occultation, foncez.
Violet Cold - Anomie
Style : Black Atmosphérique / Expérimental
Pays : Azerbaidjan
Label : /
Date de sortie : mars 2017
Dolorès : Il semblerait que Violet Cold ait déjà séduit de nombreux auditeurs dès la sortie de Magic Night, sorti l’an dernier. Pourtant, le one-man band improbable, localisé en Azerbaidjan, avait déjà sorti bien des petites choses, selon son Bandcamp bien rempli. Il n’empêche que j’ai découvert le projet avec Anomie, m’attendant à un Black Atmosphérique original, mais autant dire tout de suite que je ne m’attendais pas forcément à… ça.
Si tout prend forme autour des riffs métalliques, le groupe est loin de se limiter à un seul genre. L’homme derrière Violet Cold se permet d’ailleurs de qualifier son projet d’expérimental, car mêlant à peu près toutes les influences qui doivent l’animer, comprenant alors le Post-Rock, les sonorités électroniques, ou traditionnelles du Caucase, et j’en passe.
Un bon mélange, savamment dosé, qui ne paraît jamais forcé et c’est là sa force. Anomie est mystérieux mais limpide et sonne comme une évidence, une invitation au voyage tant intérieur qu’extérieur.
Foreseen - Power Intoxication b/w Dying Spirit
Style : Thrash Metal / Crossover
Pays : Finlande
Label : Qualiy Control HQ / Triple B Records
Date de sortie : 17 février 2017
Lactance : Deux ans et demi après avoir tout saccagé lors de la sortie de son premier opus, Foreseen ressort les battes de baseball du placard et renfile les mitaines en cuir pour la sortie du deuxième album (prévu pour le mois d’avril). Mais voilà qu’entre temps les Finlandais n’oublient pas non plus leur savoir-vivre en nous proposant aussi un petit EP, histoire d’attendre sagement la fin de l'hiver, mais pas trop quand même.
Bien entendu, l’occasion était trop tentante pour ne pas dresser tout d’abord un petit parallèle avec le dernier Power Trip, puisque vous n’êtes pas sans savoir que les deux nouveaux groupes fétiches de la scène Crossover, plus ou moins rivaux d’ailleurs, sortiront chacun un opus ce mois-ci. Sans pousser la comparaison plus loin, d’autant plus qu’elle n’a pas totalement lieu d’être vu qu’on reste sur deux formats assez différents, je dirai donc juste que contrairement à Nightmare Logic (aux compos plus matures et qui possède cette attitude plus soignée dans l'ensemble) Foreseen reste pour sa part complètement fidèle à l’esprit de son premier album ici. À savoir un Thrash/Crossover au jeu toujours aussi sec et frénétique en terme de cadence, sous couvert de riffs tout aussi percutants que détonnants, qui n'enlèvent évidemment rien à la spontanéité du jeune combo.
Deux morceaux pour une durée totale de huit minutes, il va sans dire que les Finlandais n'ont effectivement aucune seconde à perdre sur cet EP court, mais intense. Dès Power Intoxication, les loubards d’Helsinki n'hésitent donc pas à ressortir l'artillerie lourde avec quelques solos expédiées vitesse Mach 3, agrémentés de quelques dive-bombs qui planteront une nouvelle fois ce décor anarchique, laissant planer un gros parfum d'émeutes dans l'air. Dying Spirit nous attendra juste après pour enfoncer le clou, notamment au détour de ce pre-break redoutable, où l'on entend crisser les médiators sur les cordes qui menacent de sauter, sans oublier non plus de mentionner les lignes vocales du terrible Mirko Nummelin, au ton toujours aussi agressif et provocateur (le frontman n'ayant d'ailleurs jamais caché son amour pour le Punk et le Hardcore).
Inutile de trop vouloir épiloguer en tout cas, une seule écoute vaudra toujours mieux qu'une simple chro'. Plus qu'un véritable EP de transition qui nous annoncerait quelques changements du côté du deuxième album, cet opus doit être pris avant tout comme un supplément d'Helsinki Savagery. De quoi nous faire saliver encore plus d'impatience avant la publication de Grave Danger.
The Drip - The Haunting Fear Of Inevitability
Style : Grindcore / Deathgrind
Pays : États-Unis
Label : Relapse Records
Date de sortie : 13/01/2017
Lactance : Malgré un catalogue de plus en plus fourni et diversifié, Relapse n'a jamais pu s'empêcher de garder un pied dans l'un des styles qui a fait sa renommée, je veux bien entendu parler du Grind. Après Weekend Nachos et Gadget en 2016, c'est donc au tour de The Drip d'y passer et de nous présenter son tout nouvel opus cette année (le premier album d'une carrière commencée il y a tout de même dix ans, soit dit en passant).
Pour ce qui est de la musique en elle même, le quintet américain nous propose un Grind typiquement relapsien, au son très moderne, mais toujours bien dosé sur ses breaks comme sur ses passages brise-nuque, qui feraient honneur en tout cas à certains piliers du genre comme Pig Destroyer ou Magrudergrind (pour rester sur le cas Relapse). L'un des principaux atouts de cet album consiste également à mobiliser certaines parties plus influencées par le Death Metal (américain). Le groupe s'autorisant quelques passages plus lugubres qui permettent de calmer le jeu momentanément ou, à l'inverse, de tout déglinguer en apportant la petite touche malsaine qui va bien. Un peu à la manière des premiers Aborted, si je devais resituer tout ça de manière grossière, ce qui peut aussi permettre au groupe d'être étiqueté de Deathgrind en quelque sorte.
Je veux bien croire néanmoins que certains puristes pourront regretter la grosse place accordée à la batterie, au kick ultra rigide venu se poser comme un véritable rempart de son au dessus des autres instruments, au point de monopoliser toute l'attention lors de la première écoute (surtout lorsque le batteur décroche de temps en temps de ses blast beast, pour apporter un rythme plus décousu). Reste que le résultat tient tout de même solidement la route, si vous voulez mon avis, d'autant plus qu'on a tout de même Joel Grind à la prod' (Toxik Holocaust), ne l'oublions pas. Ne pas hésiter en tout cas à se repasser l'album un coup de temps en temps, si la batterie a tendance à vous rebuter la première fois, car ce Haunting Fear Of Inevitability en vaut vraiment la peine.
Grok - A Spineless Descent
Style : Raw Atmospheric / Symphonic Black Metal
Pays : Etats-Unis
Label : EEE Recordings
Date de sortie : 16/12/2016
S : Si vous ne connaissez pas Grok c’est un peu normal, il a fallu que je fouine dans les tréfonds de l’underground pour dégoter cette formation. Il s’agit d’un duo américain comprenant un membre de Njiqahdda, projet assez barré dont la discographie est longue comme le bras. Pourtant, je suis généralement méfiant avec tous les groupes des USA, l’immense majorité de ce qui vient de là-bas est insignifiant. Mais avec leur premier album « A Spineless Descent », qui succède à quelques démos, Grok mérite qu’on y prête attention. L’opus sorti chez EEE Recordings en décembre dernier est composé de huit titres pour une durée totale avoisinant les trois quarts d’heure.
Les musiciens originaires du Colorado délivrent un Black Metal à la production assez raw au niveau des guitares et du rythme, en restituant toutefois une sonorité compacte et sourde, qui contraste fortement avec les abondantes nappes de clavier cristallin. Ces derniers apportent une dimension complètement céleste et envoûtante aux morceaux, dans laquelle viennent se greffer les vocaux distants et fantomatiques. On se serait d’ailleurs douté de cette atmosphère à la simple lecture de la pochette d’album, d’inspiration cosmique et contemplative, empruntée à une illustration d’Edmund Weiss, représentant la pluie météoritique des Léonides en novembre 1833.
Malgré quelques imperfections ou certaines longueurs, on se laisse assez facilement immerger dans l’univers de Grok, qui me rappelle parfois un peu celui de Fanisk ou Kataxu. Si vous n’avez pas le temps d’écouter tout l’album, jetez au moins une oreille sur le premier titre « Universalis », à mon sens le plus travaillé et le plus transcendant.
- Pas de site Internet -
Viles Vitae - IV
Style : Black/Death Occulte
Pays : Portugal
Label : Caverna Abismal Records
Date de sortie : 13/03/2017
Traleuh : L'année démarre décidément bien pour les amateurs de Black occulte : après l'annonce d'un nouvel album d'un des poncifs du genre, Hetroertzen, puis récemment des belges de Cult of Erinyes, une formation toute fraîchement sortie de la tombe nous tombe sous le nez : il s'agit des portugais de Viles Vitae, avec à son bord une bande d'inconnus, à l'exception du vocaliste Vulturius. Mais si, vous savez, le mec qui hurle à la mort dans des formations telles que Morte Incandescente ou encore Decayed. Mais venons en à la galette.
Ce premier EP-concept est basé sur "une traduction des 4 principes élémentaux utilisés dans la magique rituelle". Bon, en l'état, ce concept n'est là que pour faire joli, mais ça ne va pas vous empêcher d'apprécier la bête, car disons-le d'entrée, c'est une vraie réussite. Le plat servi par nos trois Portugais est un Black/Death rituel puissant, atmosphérique, dissonant et franchement intense. Pas (ou peu) de fioritures ici : c'est rentre-dedans, la voix est criarde et primitive, relativement proche de ce qu'on pourrait retrouver chez Mantar, les riffs sont hyper entraînants, et la batterie nous assène de torrents dévastateurs : on en prend plein la gueule, d'autant que la production, très professionnelle au passage pour un premier essai, sied parfaitement au tout et donne clairement de l'ampleur à l'ensemble.
Cette nouvelle arrivée du catalogue de Caverna Abismal Records fait franchement mouche, et il me tarde de voir comment le groupe s'en sortira sur un longue-durée. Ce qui est sûr, c'est que Viles Vitae risque de faire parler de lui ces prochaines années, si la qualité est toujours au rendez-vous. A conseiller aux fans de Hetroertzen, Dodsengel, et de Black occulte en général.
Cranial - Dark Towers, Bright Lights
Style : Sludge Metal
Pays : Allemagne
Label : Moment of Collapse Records
Date de sortie : 10 février 2017
Nostalmaniac : Un jour de juin 2014, alors que Omega Massif semblait sur les bons rails pour devenir une des pointures du Sludge/Doom européen, le split est prononcé sans réelles explications si ce n'est l'habituel "il y a un temps pour tout". Ce qui n'allait pas empêcher Christof Rath (batterie) et Andreas Schmittfull (guitare) d'aller former Phantom Winter dans un style similaire (et je recommande vraiment leurs deux albums). Ni l'autre ancien guitariste de la formation bavaroise Michael Melchers de fonder Cranial et tout ça la même année.
« Dark Towers, Bright Lights » est donc la première offrande longue durée de Cranial qui ne s'éloigne pas non plus des sombres sentiers empruntés par Omega Massif. Comme pour assurer la continuité, c'est Roland Wiegner qui a supervisé toutes les étapes de l'enregistrement.
On retrouve donc ces compositions fleuves qui nous plongent dans un dédale de riffs intensifiés par des passages aériens. Mais ici rien de contemplatif, c'est surtout le côté abrasif et massif qui ressort des guitares avec sans doute l'influence des œuvres les plus torturées de Neurosis (le final de "Dark"). Une influence qu'on ressent pour le coup très profonde avec la disto, les effets sonores entre les morceaux ou encore la batterie tribale sur "Lights". Le résultat, c'est quatre morceaux qui sont véritablement captivants et ne souffrent d'aucun moment de faiblesse, ni de surplus émotionnel. On ressent bien l'expérience de Michael Melchers et le souci du détail qu'il a dû transmettre à ses musiciens.
Détruire pour mieux reconstruire ? En tout cas le split de Omega Massif a laissé la place à deux entités très intéressantes...
Silver Machine - IV - Gamma Geminorum
Style : Heavy Metal progressif
Pays : France
Label : /
Date de sortie : /
Nostalmaniac : J'avais été vraiment séduit l'an dernier par le premier opus des Saintongeais de Silver Machine. Audacieux, atypique et totalement inspiré. Rien que ça, me direz-vous. Une bouffée d'air frais dans une scène Heavy Metal malheureusement souvent prisonnière de sa propre caricature.
« IV - Gamma Geminorum » n'est pas un nouvel album, mais un EP/démo 4 titres enregistré au fameux Drudenhaus Studio, sous la houlette de Benoit Roux/Neb Xort, dans la continuité du premier album. La pochette post-apocalyptique prend écho musicalement avec cette atmosphère sombre de désolation malgré la voix douce et rassurante de Brice.
"Bite the Blade" nous emmène encore vers des rivages Heavy et Metal progressif avec ce son de basse distinct, ces riffs tourbillonnants remplis d'effets et ces structures alambiquées. On sent un groupe qui ne veut rien simplifier et continuer à suivre sa propre voie quitte à désarçonner les puristes. Plus court, "Resistance (The Sound)" sonne aussi plus typé avec ses "Resistance" scandés et ses soli, mais ne dénote pas avec un feeling plus rock prog'. En guise d'épilogue "Mebsuta" étale un peu plus leur richesse musicale avec ces guitares acoustiques et ces passages touchants à la flûte. La narration de Brice colle parfaitement à l'ensemble.
Voilà un groupe dont la démarche et la persévérance forcent le respect et méritent tellement plus de reconnaissance. Encore une fois viendra-t-elle de l'étranger ? Time will tell...
Sons Of A Wanted Man - Black Days Black Dust
Style : Post-Metal
Pays : Belgique
Label : Pulverised Records
Date de sortie : 03 mars 2017
Nostalmaniac : Bien que « Black Days Black Dust » soit déjà sorti en cassette l'an dernier via le discret label Recovery Records, c'est sous l'impulsion de Pulverised Records que ressort le second mini-album des Flamands de Sons Of A Wanted Man au format CD. Une meilleure exposition fort judicieuse tant le jeune combo ne manque pas de talent.
Ce n'est plus un secret la scène Post-Metal au nord de la Belgique fourmille de projets intéressants au point que parfois, on peut passer à côté de formations plus intéressantes que d'autres.
Tel est le cas avec SOAW et ce mini-album qui m'a convaincu dès la première écoute malgré ma méfiance accerbe pour tous les nouveaux groupes estampillés "Post-Metal". On sent les influences de formations telles que Year Of No Light pour l'intensité et les mélodies (l'ouverture magnifique de "Thou Art Spiritless"), Alcest pour les parties plus "lumineuses" ou encore Amenra pour les parties plus corrosives et certains vocaux. Plus post-rock à certains moments ou carrément "Blackgaze". Les quatre titres proposés ne manquent pas d'atouts pour les amateurs du genre. Un groupe à suivre...
***
Rendez-vous le mois prochain