Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Actifs depuis 16 ans, les Suisses de Palmer sortent cette année leur troisième album chez Czar of Bullets. Un peu à l'image de leurs compatriotes Unhold (eux aussi signés chez Czar Of Bullets), Palmer n'a jamais eu l'occasion de vraiment se faire connaître en France, les deux premiers albums du groupe, This One Goes Eleven et Momentum, bien que plutôt solides, n'ayant pas eu la résonance qu'ils méritaient (selon moi) de ce côté de la frontière.
Et c'est donc à la suite de ces deux albums de qualité, mais injustement passés à la trappe qu'arrive le nouveau bébé : Surrounding The Void. Rangée dans la catégorie un peu fourre-tout qu'est le Post-Metal, la musique de Palmer fait cohabiter deux éléments majeurs : d'un côté, une puissance lourde et agressive, et de l'autre, des moments plus aérés et planants. Voilà pour résumé à (très) gros traits ce que Surrounding The Void a dans le bide.
Sur les parties rentre-dedans, Palmer est vraiment talentueux. Il suffit de prendre le premier titre, Home Is Where I Lead You, et tout y est : riffing tout en puissance et bien senti, chant très dense et massif, rythmique qui en impose, clairement, Palmer ouvre ce nouvel album sous les meilleurs auspices. Misery continue sur la même voie, avec ce son très riche et très épais, tout en prenant la liberté de s'alléger un peu quand il le faut. Le chant est également très réussi, assez proche d'un Johannes Persson (Cult Of Luna).
Jusqu'ici, tout va bien me diriez-vous ? Bonnes compos, bonne production, en voilà un album qui est bien. Oui, mais non. Surrounding The Void souffre quand même de quelques moments un peu mous qui allongent inutilement l'album. Si la doublette d'intro Home Is Where I Lead You/Misery est complètement imparable, la suite est un peu plus discutable. La très longue plage instrumentale de Divergent enchainée au morceau 100% instru qu'est Artein créent une véritable pause dans l'album, là où les premiers titres nous avaient pris à la gorge. Ces passages plus aériens et légers ne sont pas mauvais en eux-mêmes, ils sont même plutôt réussis, mais simplement beaucoup trop longs. Les accalmies, c'est très bien, même salvateur parfois, mais quand ça dure trop, on se fait juste chier. Et c'est malheureusement le cas.
Alors bien sûr, tous les passages "Post" ne sont pas à jeter, fort heureusement ! Palmer incorpore sur certains titres des patterns de batterie un peu plus jazzy (Digital Individual), donnant une touche vraiment personnelle qui est la bienvenue. Plus qu'un véritable défaut de composition, les coups de mou de l'album sont plutôt liés à l'ordre des titres : Artein, casé à un autre moment de l'album, ne donnerait pas du tout (disons beaucoup moins) ce sentiment de longueur. Le seul titre vraiment superflu pour moi est Implosion ; une fin sur les dernières mesures de Rising (peut-être le titre le plus réussi de l'album) aurait été bien plus efficace que la sortie un peu molle que propose Implosion.
Surrounding The Void est un bon album, aucun doute là-dessus. Il souffre simplement d'un léger trop plein qui le rend trop long, mais clairement, il vaut le détour pour tous les amateurs de post-truc. À voir si cela suffira pour faire sortir le groupe de ses frontières.
Tracklist de Surrounding The Void :
01.Home Is Where I Lead YOu
02.Misery
03.Divergent
04.Artein
05.Digital Individual
06.Fate Hope
07.Importunity
08.Rising
09.Implosion