Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Cogneur chez Tombstones, Markus Stole, comme tout bon musicien qui se respecte, s'est offert un petit side-project répondant au nom d'Hymn. Toujours dans un registre Doom, ce second projet se fait en collaboration avec Ole Roksteth (vu chez les très très undergroud Buckaduzz, jamais entendu parler avant). Un duo donc, batterie et guitare/chant, et ce sera tout, la basse ça ne sert à rien de toute manière. Et pour ceux qui ne seraient pas d'accord avec cette dernière phrase (et ils ont, dans bien des cas, raison), Hymn se fait une joie de démontrer le contraire avec son premier album, Perish.
L'album débute avec Ritual, intro faite de nappes bien graves, occultes et mystiques, qui débouchent sur le premier riff de Rise. Si l'absence de basse pouvait, sur le papier, laisser un petit doute sur la capacité du son à bien faire onduler les tympans, sachez qu'il n'en est rien : Hymn, avec une seule guitare, parvient sans problème à donner du volume et de la puissance à sa production. La gratte est branchée sur plusieurs amplis, donc ça crache comme il faut, pas de problème à ce niveau. Hymn propose des titres plutôt longs et travaillés, assez peu linéaires et surtout variés. Restons sur le premier titre un instant : introduit par Ritual, Rise débute sur un riff vaguement orientalisant, très surprenant mais vraiment bien fichu avant de laisser place à un longue plage Doom assez statique et hypnotique. Puis, à mi-morceau, le duo norvégien nous lâche une belle accélération qui ouvre une atmosphère plus mélancolique, moins rageuse que triste, avant que la lourdeur poisseuse nous rattrappe inéluctablement, pour céder le pas à quelques mesures très apaisées, sans disto. Rien qu'avec ce premier titre, Hymn démontre déjà un vrai talent de composition.
Et la suite de l'album n'est pas en reste. Le groupe fait preuve d'une capacité déjà très marquée pour mettre en place de vrais moments de tension dans ses morceaux : les dernières mesures de Serpent avec ses riffs puissants et son chant rageur, Spectre et son blast bourdonnant à mi-parcours, ou encore le titre éponyme dont l'apogée est marquée par une multiplication des pistes de chant, délivrant une ambiance fiévreuse. Mais les Norvégiens sont aussi capables de produire des ambiances plus fragiles à l'image de Hollow. Avec ce titre, Hymn délivre un spectre très large de climats : début lourd et chargé, la guitare lâche du riff format kilotonne pendant que ça martèle pas pour rire derrière, et, sans crier gare, une voix claire (très proche du chant clair de Kongh, pour situer la chose) vient se poser là pour ouvrir une dimension plus sereine durant quelques instants, avant que la rage ne reprenne le dessus. Le chant de Ole Roksteth est vraiment excellent, très marqué et efficace, avec quelques petits "ouah" (je sais, les onomatopées c'est toujours naze à l'écrit) à la Zach de la Rocha. Simples mais bien sentis.
Bien produit, avec un riffing vraiment fin et inventif (je n'ai pas insisté là-dessus plus haut, mais il y a vraiment un paquet de très bons riffs sur ce skeud), une maîtrise de la compostion et des structures déjà abouties, Perish ne souffre d'aucune faiblesse majeure. Un vrai bon premier album, le genre de découverte vraiment plaisante et chaudement recommandée.
Tracklist de Perish :
01.Ritual
02.Rise
03.Serpent
04.Hollow
05.Spectre
06.Perish
Addendum : Contacté par le groupe, j'ai appris, après avoir rédigé cette chronique, que c'est David Johansson de Kongh qui a posé sa voix pour les parties claires de l'album. D'où la proximité (euphémisme du coup) avec les parties claires de Kongh !