"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Bon on est désormais entré dans l’hiver… Mais revenons un petit peu en arrière vers une saison légèrement moins froide et moins neigeuse avec l’« Autumnal Black Metal » d’Abduction. Nouvelle signature de Finisterian Dead End dans un registre un poil différent de ce à quoi ils nous avait habitué. Francilien, le quatuor existe depuis 2006 et s’est façonné autour du guitariste Guillaume Fleury, qui pour son principal fait d’armes accompagne Angellore sur scène. Angellore l’excellente formation de Doom/Death qui est également représentée au sein d’Abduction par le vocaliste François Blanc, qui succède à Guillaume Roquette chanteur sur l’EP Heights’ Shivers (2010) - et est encore présent ici en tant que guest pour le morceau-titre de l’album. Tout ceci nous arrive sous le nom Une Ombre Régit Les Ombres, premier full-length d’Abduction qui va avoir la charge de confirmer le potentiel de la formation, entrevu sur Heights’ Shivers qui remonte à il y a tout de même 6 ans. L’attente était-elle grande ?
Sans surprise, Abduction offre ici une œuvre qui se place directement dans la lignée de son premier EP. L’« Autumnal Black Metal » se présente donc sous la forme d’un Black-Metal assez mélancolique, avec de longs morceaux parsemés de nombreux breaks acoustiques, pour une musique forcément raffinée. Black-Metal atmosphérique, on pourrait utiliser l’étiquette mais ça serait tout de même un peu réducteur. Niveau Metal, il y a quand même une certaine intensité et une frénésie qui se dégage des compos de Une Ombre Régit Les Ombres, avec des tempos élevés, quand bien même le propos est largement mélodique, avec force trémolos. Le chant oscille lui entre lignes criardes - assez typiques d’un Black-Metal « français chanté en français » - et des litanies claires qui renforcent encore le côté mélancolique et donc « automnal » de la musique d’Abduction. En 54 minutes pour 6 morceaux passée l’intro "L’Horloge" qui pose bien l’ambiance, les Franciliens prennent le temps de poser leur Black-Metal travaillé mais un peu trop classique.
La présence de membres d’Angellore et celle de Déhà (Merda Mundi, We All Die (Laughing), Maladie, Clouds et tant d’autres) derrière les manettes avait suffi à me rendre enthousiaste, mais Une Ombre Régit Les Ombres n’a pas réussi à me transporter. Les breaks sont bien amenés et l’ambiance qui s’en dégage est parfois enivrante, le Black-Metal d’obédience 90’s très traditionnel est inspiré, les chants hurlés comme clairs sont bons mais au bout ce premier album d’Abduction ne convainc pas vraiment. La faute à une répétition des idées amenant à un album linéaire, aux morceaux alternant assauts Black-Metal et breaks dont la durée n’est pas vraiment justifiée, et dont aucune des compositions ne se dégage vraiment. Trop convenu, le Black-Metal d’Abduction manque d’aspérités et devient vite anecdotique, ne parvenant pas à se démarquer d’autres groupes semblables. Une Ombre Régit Les Ombres est un album réussi dans la forme, avec des musiciens maîtrisant leur sujet, mais qui manque d’un plus au niveau du fond pour en faire un disque vraiment mémorable. Je pense que les musiciens ont le potentiel pour faire quelque chose de plus abouti et de plus personnel, et c’est un peu dommage. Nous avons tout de même affaire à une bonne formation franco-française de Black-Metal et un album correct, mais Abduction n’a pas (encore) réussi à faire quelque chose qui permettrait de mettre à son crédit un réel plus pour son « Autumnal Black Metal ».
Tracklist de Une Ombre Régit Les Ombres :
1. L'Horloge (1:38)
2. Naphtalia (12:05)
3. Sainte Chimère (13:08)
4. Les Frissons des Cimes (8:23)
5. Une Ombre Régit les Ombres (10:01)
6. L'Enlèvement d'Automne (8:59)