Chroniqueur musiques du monde. Parfois Brutal Death / Black / Grind mais rien au dessous de 300BPM sinon c'est trop mou et je m'endors.
Combo angevin de mes folles années d’Anjou, Braquemaard est une formation de personnages particuliers. Tellement charismatiques que ce premier album de Braquemaard est né dans la souffrance, dans l’amour autant que dans la haine. Mais il est là, huit ans après le démarrage de sa conception, complet et en physique chez le label Antiq. Décortiquons ce phénomène.
Il n’est pas toujours aisé de pouvoir résumer un album en un mot, un seul, sans passer à côté de la composante principale même du skeud, de son âme. Néanmoins ici un terme s’y prête parfaitement bien : le chaos. Ce premier album de Braquemaard intitulé très justement « Pendu, traîné par une claie jusqu'à la potence et mis en quart » est une ode au chaos sans commune mesure tant il est difficile de décrire la musique, tant rien que définir le style me fait défi. Brutal Death ? Black ? Grind ? Punk ? Fichtre je n’en sais foutrement rien. Sans doute un potpourri chaotique de tout ce mélange.
Faisant référence par son titre à une méthode de torture médiévale – le fait d’être « Pendu, traîné par une claie jusqu'à la potence et mis en quart » a été un supplice pratiqué en Grande-Bretagne pendant cinq siècles pour punir le crime de haute trahison, considéré comme plus vil que l'assassinat et justifiant d'une peine plus exemplaire (merci wikipédia) – Braquemaard nous embarque dans sa chaloupe de torture auditive et ce, à tous les niveaux. Torture déjà dans la prod’ absolument immonde, nous rappelant les heures sombres du Black Metal de la première vague, ou le groupe de BDM que tu faisais avec tes copains et l’enregistreur à cassette playskool de ton arrière petit frère. Torture également dans l’ambiance, sombre, dégoulinante, tonitruante, qui arbore le complet des pistes ; dans un genre caverneux, moyenâgeux, mais qui respire la crasse, le puant, le chaos urbain d’avant les Lumières. Puis torture finalement musicale car sans concession. On n’a que faire de ce qui marche, de ce qu’aiment les gens, on blast non-stop, on lacère nos guitares sans en avoir rien à foutre des riffs, on dégueule notre voix patriarcale linéairement, sans sens, sans but, le chaos. On peut difficilement faire plus véritable… A moins que tout soit une blague.
Et c’est vrai qu’on peut se poser la question quand on voit le chant clair de clergé qui se pose sur quelques pistes ou les interludes et autres enregistrements de vomi ou encore de flatulences. Est-ce qu’on assiste là à l’avènement d’un vrai groupe de Black Metal ou une connerie Grindo-comique ? Le blast continuel, la brutalité avérée veut qu’on lorgne peut-être plus vers un Brutal Death, la cover de Brodequin n’étant pas pour rien dans cette impression généralisée. Cover d’ailleurs qui nous rappelle que Brodequin avait aussi cette thématique de torture, ainsi qu’un chaos de son sévère à l’oreille (bon ok, quand même pas à ce point). Ok, les ambiances sombres, limites mésopotamiennes, posent un tout autre ton à l’album, mais on n’est pas dupe, ici on veut faire du brutal, mais du brutal crade, du brutal qui va emmerder l’auditeur, ou le surprendre, mais ne le laissera absolument pas froid, impossible. Ou alors c’est de l’écoute avec mauvaise foi.
Je ne sais pas si j’ai aimé l’album ou pas. Je n’arrive pas à savoir si c’est juste de la merde ou si c’est du génie. C’est une écoute différente, qui sort des sentiers battus, du coup je fais ma révérence à l’idée, mais mes oreilles vous détestent damoiseaux.
+Tracklist
1. Ce Qui Rampe Dans Les Caves
2. Via Trachea
3. Fondements
4. La Canule Du Sénéchal
5. La Coquevieille
6. Le Pot Bourdonnant
7. Le Coprophante
8. Vomissements Foecaloïdes Provoqués Par L'annonce D'une Nouvelle Série De Châtiments
9. Humiliations Et Attachements Testiculaires
10. Des Reptations Claustrales
11. Pendu, Trainé Par Une Claie Jusqu'à La Potence, Et Mis En Quart
12. La Veille
13. Creux (Brodequin)
14. Arches
15. L'Humain Gibier
16. Vomissements Foecaloïdes (Demo Version)
17. The Ballstretcher (Demo Version)
18. Ballcuffs Of Humbler (Demo Version)
