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Quelques mois après la sortie de leur EP "Finir à Paris" (qui a servi à palier le retard du nouvel opus, et à faire patienter les plus impatients par la même occaz‘), Agora Fidelio nous livre enfin sa troisième galette, intitulée "Le troisième Choix".
Bien qu’il soit difficile de mettre des mots sur ce genre de musique aux ambiances douces et rêveuses pas toujours descriptibles (mieux vaut parfois écouter plutôt que d’essayer de comprendre ou d’expliquer), voyons si une maturité supplémentaire se dégage de ce skeud par rapport aux précédants…
Agora Fidelio nous emmène ballader avec lui, veut nous faire flotter dans les airs (au rythme des chansons) un peu comme les trois ballons au dessus de la mer bleue volant vers le ciel ornant la magnifique pochette du CD (admirez au passage l'effet froissé de cet artwork, lui donnant une originalité visuelle supplémentaire non déplaisante).
Le décor est planté dès le début. Les premières secondes de « Une époque formidable » démarrent par une légère mélodie accompagné d’un sample sur un sujet sensible d’un reportage de journal télévisé (" la sécheresse qui menace de famine des millions d’Africains de l’est poussent de plus en plus de Kényanes démunies, dont de très jeunes filles, à se prostituer pour la survie de leur famille, augmentant ainsi le risque d’infection du sida[…] "). Un chant doux et clair (avec des poussés lyriques parfois), une gratte aux sons aïgus, le combo reste au premier abord fidèle à son style. "L’autruche-coreux" de PsykupMilka ne parle pas d’oiseaux chantant gaiement dans les arbres sur ses textes. Ceux-ci sont certes poétique un peu à la Noir désir, mais dégagent parfois une grande mélancolie, comme sur le titre « Ma violence ». Sous un fond de bruits de pluie et d’orage, cette chanson est à la fois triste à mourir et angoissante sur le chant de Milka (faut pas avoir envie de se foutre en l’air en l’écoutant ^^).
On trouve sur ce skeud des atmosphères un peu plus poussées que sur les précédents, des rythmiques plus variées, moins linéaire parfois. On le vérifie sur l’excellente et langoureuse « Palatina », possédant des montées lyriques très intéressantes, particulièrement sur la fin du morceau où Milka pousse un timbre de voix de plus en plus dément, jusqu’à même gueuler sur les toutes dernières secondes, des moments qui m'ont fait au combien plaisir (*Psykup style*, hihi). Des cris qui se veulent plus franc sur « Mourir » (une chanson très post rock où des sonorités inédits jusqu’alors pour Agora Fidelio parviennent jusqu’à nos oreilles), ou encore sur « On sème », dans laquelle Emma Tissier donne le la à Milka de sa douce voix, celle-ci contrastant avec le chant crié de ce dernier. Un petit bijou de duo vocal qui fait merveille, et qui par ailleurs montre de très belle façon les sonorités changeantes des mélodies aériennes de l'opus.
L’envoûtement provoqué par les morceaux laisse parfois place également à un côté atmosphérique planant (la très rêveuse « Finir à Paris » et « L’Enfance – deuxième acte »).
J’ai évoqué plus haut un premier featuring sur l’album, hé bien un second est présent également, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Philippe Prohom (très bon auteur-compositeur-interprète de chansons rock-électro), qui chante sur « Laisse-moi me perdre » de façon très convaincante, dans un timbre de voix plus grave que celui de Milka. Des invités bref qui apporte leur sensibilité personnelle plus que bienvenue sur le CD, et lui donne un aura supplémentaire non négligeable.
On pourra reprocher quelques longueurs sur certaines mélodies s’éternisant ci et là, moins recherchées et plus ennuyantes à la limite, avec un chant moins limpide, moins inspiré et donc moins agréable si je puis dire (« De la non nécessité du courage » par exemple), mais je pense personnellement que ce serait plus de la mauvaise foix qu’autre chose, tant le groupe est parvenu à varier les émotions véhiculées dans ses chansons, tout en gardant son identité intacte, tant sur les instruments que sur le chant.
L’album se finit par « A blanc », un titre à demi instrumental nous faisant rêver sur plus de six minutes.
Finalement, le morceau qui m'aura le plus marqué reste « Palatina ».
Loin du côté plus agressif & métal des Psykup et Manimal, Agora Fidelio nous livre avec ce "Troisième Choix" un CD aux ambiances instrumentales & vocales encore plus intimiste et plus personnel que les précédents (merci aux merveilleux featuring de Emma Tissier et Philippe Prohom), nous emmène avec une profondeur musicale accrue dans leur "post rock". Le temps n’a alors plus d’importance, et on écoute les émotions, la poésie se dégageant des morceaux. A écouter et réécouter afin de plonger pleinement dans son ambiance.
note : Allez Milka, après cette douce interlude musicale, on attend plus désormais que de te revoir gueuler franchement sur de nouvelles compositions de Psykup ;)
1. Une époque formidable
2. Palatina
3. Ma violence
4. Finir à Paris
5. Laisse-moi me perdre
6. Mourir
7. De la non nécessité du courage
8. On sème
9. L’Enfance – deuxième acte
10. Puisqu’on n’est pas mort
11. A blanc