Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Quatuor canadien, Yeti On Horseback rejoint la horde de plus en plus nombreuse de groupes œuvrant dans l'arène désormais surchargée du créneau sludge/doom. Autant dire que pour sortir du lot dans ces conditions il faut proposer quelque chose de vraiment personnel.
Autant briser un suspense déjà éventé par la note figurant ci-dessus : Yeti On Horseback n'est pas la révélation de l'année dans le genre. Avec son premier album, The Great Dying, le groupe propose des compositions relativement bien foutues, mais loin d'être vraiment prenantes.
Dans les points forts de l'album figure en premier lieu le son : un bon gros magma de guitares et de basse (la quatre cordes est ronflante à souhait) le tout soutenu par une batterie bien lourde, sans tomber dans l'inaudible. Fort de cet atout, le groupe parvient déjà à mettre une bonne ambiance sur le premier morceau, Tree Of Death. La lourdeur est au rendez-vous, pas de souci sur ce point-là, en revanche niveau riffs, c'est assez pauvre. Des gros accords gras balancés sur les temps, c'est bien pour une intro, mais quand ça dure presque huit minutes, c'est trop. Et c'est un peu le défaut global de l'album qui émerge dès ce premier titre : l'étirement infini des différentes séquences. L'album ne comporte que six morceaux (dont un interlude, simple extrait de la bande son d'Elephant Man de Lynch) et atteint quand même une durée d'une heure. Et malheureusement, une bonne partie du contenu sent un peu trop le remplissage et la volonté de poser des ambiances. Rien à re-dire sur ce dernier principe, mais quand la réalisation n'est pas parfaite derrière, c'est le genre de parti pris qui foire rapidement.
Certains passages sont néanmoins très réussis, la longue avancée de la guitare lead posée sur une basse massive au milieu de Viking Mushroom Tea, ou l'intro très sludgisante de Dragged Down To Hell. En revanche, il y a des passages de pur ennui et de tentatives ratées. Elephant Man et son chant féminin couplé à la gueulante un peu monotone qui consitue le reste du chant est franchement inutile, voire nuisible. Côté morceau qui s'écoute en bruit de fond tellement tout ce qu'on y entend a déjà été fait auparavant, Fables and Lies se défend bien. Si l'intro commence de manière assez sympathique, avec une ambiance lugubre et froide, sa durée, plus de deux minutes, est bien trop longue. Et la suite est un peu dans la veine de Tree Of Death, des accords de porcs sur les temps et en avant pour cinq minutes, ça fera l'affaire. Mais en fait, non.
The Great Dying n'est pas mauvais. Il y a même des bonnes idées, de bons riffs et il bénéficie d'une production bien faite et assez identifiable. Il y a juste trop de déchet, trop de passages où le groupe se contente de balancer des gros accords juste pour le plaisir d'envoyer la purée. C'est drôle sur quelques mesures, mais à la longue vraiment chiant. Ni rédhibitoire, ni inoubliable, Yeti On Horseback se classe dans l'énorme ventre mou de la scène doom/sludge.
Tracklist de The Great Dying :
01.Tree Of Death
02.Viking Mushroom Tea
03.Fables and Lies
04.Lynch (A Prelude)
05.Elephant Man
06.Dragged Down To Hell