Dans l'équipe car il était là avant.
Juillet 2016, on a pu voir tous les petits bonhommes de France se presser pour leurs résultats du bac. Si au début, c’est bien mignon, ça me fait tout de même prendre conscience d’une chose qui m’explose brutalement à la face : putain ça fait 10 ans que j’ai eu mon bac ! Après m’être relevé de ma PLS et séché mes larmes, cet état de fait me permet de faire le point sur ma vie, ce que j’ai accompli depuis ces 10 ans. Et ça me rend encore plus triste, car ça n’a pris que 5 minutes pour faire tout le tour.
Mais ça me fait surtout remonter des souvenirs tout ça, en particulier ceux de ma période de révisions de bac qui se résume en gros à 3 choses : la coupe du monde de foot, regarder l’intégralité des Dragon Ball et Dragon Ball Z, mais surtout m’enquiller en boucle UltraViolence Über Alles de The CNK, qui s’appelait encore à l’époque The Count Nosferatu Kommando et dont ce sentiment de nostalgie me donne envie d’en faire une chronique ! D’ailleurs pour celle-ci, je vais me baser sur la version originale de chez Kodak, pas la réédition Season Of Mist, parce que sinon avec les remixes et tout, je ne sors pas ma chronique avant octobre et je devrais trouver une autre intro, ce qui est pas mal chiant. Même si, il faut bien l’avouer, les reprises d’Herrschaft et de Blackrain auraient mérité que l’on s’attarde un peu dessus.
Petit retour en arrière pour situer l’album du groupe. L’album sort en 2002, jusque là le groupe s’appelait juste Count Nosferatu et avait sorti deux démos. Entre temps, Hreidmarr rejoint le groupe culte de Black Sympho Anorexia Nervosa qu’il va élever au rang de “plus grand groupe de Death Metal Européen” d’après l’émission Tracks d’Arte (putain, je m’en remettrai jamais de celle-là). C’est donc lors d’une pause discographique d’Anorexia Nervosa que sort Ultraviolence Über Alles.
Alors que les premières démos proposaient un black metal plus conventionnel, The CNK sort ici un véritable concentré d’agressivité martiale qui explose au visage de l’auditeur dans un tourbillon d’acier et d’hémoglobine. Pour arriver à ce résultat, la batterie est remplacé par une BAR dont l’utilisation permet d’accentuer la violence et le coté apocalyptique des compositions. La rythmique devient ainsi un mélange de machines et de boucles techno qui offrent un coté totalitaire bien strict. Les riffs, froids et efficaces ainsi que le chant complètement halluciné de Hreidmarr, complètent le tableau pour donner des morceaux d’une rare véhémence, prompts à en retourner plus d’un écouter des pseudos groupes dont la soit-disante violence n’est qu’une esbroufe notée sur un sticker promotionnel. Cette transformation de style est bien palpable sur les reprises des titres de la démo Soleil Noir par exemple, car ici, L'Apogée des Aigles devient Apologie tandis que Love Game Over est la mutation de Sieghild.
Mais cette radicalisation musicale ne permet pas seulement à CNK de nous envoyer des parpaings d’hostilité à la gueule, elle permet aussi aux textes de prendre toute leur dimension. Guerre, meurtre de masse, génocide, domination sociale, haine de la bien-pensance, tous ces thèmes raccord à l’exaltation de fureur humaine trouvent place dans les paroles d’une efficacité nette. Pour renforcer l'ambiance, quelques samples sont savamment placés, comme ceux tirés de Full Metal Jacket sur le titre Bunkermoon Khaos 3, titre qui clôture l’album avec son refrain calibré pour être hurlé le poing en l’air ou une arme à la main “Glory to the blinds - World War Three/Total Genocide - World War Three/Collective Suicide - World War Three/You deserve to die - World War Three”. Même si l’album ne contient que des hits et qu’il est difficile de mettre en exergue un titre plus qu’un autre, on peut aussi s’attarder sur le vindicatif Get a Gun, Shot At Random, panégyrique des mass murder en tout genre qui donne une patate monstre en toute circonstance et donne la motivation pour toute besogne sale, mais nécessaire.
UUA se voulait être un mélange de Slayer, Skinny Puppy, Laibach, les Sex Pistols et Deicide. De par son aggressivité, ses rythmiques martiales et son coté provocateur jusqu’au boutiste voire tout simplement je m’enfoutiste, CNK a réussi son Paris et avait sorti avec Ultraviolence Über Alles un des meilleurs albums de ces 15 dernières années. Une boule de haine intemporelle qu’il est de bon ton de ressortir en cette période de chute de civilisation qui sent bon la pré-apocalypse.