Après trois démos, Häive s’est affiché au grand jour à travers le split avec Wyrd et Kehrä en 2007, chez Northern Silence Productions, label réputé pour la qualité de ses réalisations. Cette entrée dans la cour des grands révéla tout le potentiel du projet scandinave, qui, sur cette réalisation, fit une grande ombre sur les deux autres formations, tant Häive offrit une musique supérieure. Quelques mois plus tard, le bonhomme -puisqu’il s’agit d’un one-man-band- sortit son premier album studio une nouvelle fois sous la bannière de Northern Silence, où il put pleinement exprimer son art. Un art musicalement entièrement dévoué à la nature ; la pochette à elle seule est une invitation au voyage, à la quiétude : une ancienne barque intimement disposée entre les arbres, jouxtant un lac sublimé par la brume matinale ; l’artwork expose également des photographies au contraste rayonnant, une vieille cabane, un paysage sauvage ou encore de libres oiseaux en vol, avec les textes dont l’arrière-plan est constitué d’écorce de bouleau. Si je décris avec tant de minutie ce magnifique livret, c’est que celui-ci reflète très fidèlement le contenu de l’album.
Si les ingrédients ont tout pour être Black Metal (voix écorchée, guitares lourdes…), l’ambiance et le concept sont quant à eux résolument folk/traditionnels. Appuyé par une production irréprochable, le bonhomme offre une musique plutôt atypique même si d’apparence elle a tout pour être commune. L’originalité des compositions reposent principalement sur le jeu des différentes guitares : les riffs épais apportent la puissance, tandis que les mélodies envoûtantes, nombreuses, se chargent de transmettre les émotions nostalgiques, cette sensation de replonger dans un passé pourtant non vécu ; la curiosité instrumentale ici est matérialisée par la ‘guitare à dix cordes faite maison’, proche du kentele traditionnel finlandais. Elle apporte une sonorité très particulière, propice à l’évasion, tout en s’intégrant à merveille avec les autres instruments plus fougueux. Si la batterie et la partie vocale jouent davantage les seconds rôles, elles ne sont pas pour autant en reste ; la première citée se charge de rendre un rythme varié et épique, alors que la seconde tapisse de son empreinte l’espace musical vacant.
Au final, Häive confirme positivement les espoirs du split, en proposant un album sincère, rustique, épique, légèrement mélancolique, avec une certaine sérénité oserais-je dire, tant celui-ci s’écoute avec quiétude et fluidité. En somme, seul aux commandes de son projet, Varjosielu peint pendant quarante minutes une toile de son folklore local, et que ce tableau est fort séduisant !
Tracklist :
1. I Raina
2. II Raina : Virvatuli (Metsänpeittoon)
3. III Raina : Metsäläinen
4. IV Raina : Yömyrsky
5. V Raina : Takaisin Koskemattomaan Metsään
6. VI Raina : Kurjat Kurjet
