Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.
« The depths echo, a thunderous beat
Driving on the boiling night
Ethereal torrent wash awareness away
A cavernous breath in fathomless deep »
Tyranny, formation culte de Funeral Doom en provenance de Finlande, composée de Matti Makela (Corpsessed, Profetus, ex-Wormphlegm) et de Lauri Lindqvist (ex-Wormphlegm), est enfin de retour en cette année 2015 pour donner un successeur au génial Tides of Awakening sorti il y a déjà dix ans ! Certes, il s’agit d’un style qui ne rassemble que peu de passionnés (d’un côté, tant mieux), mais il s’agissait pour ma part d’une des grandes attentes de l’an passé. Si Bleak Vistae posait déjà les bases d’un Funeral Doom lovecraftien extrêmement sombre et inquiétant (vu le CV des types, c’est normal), Tides of Awakening avait marqué son temps et enfoncé les barrières du genre en entraînant l’auditeur dans les profondeurs des océans à la rencontre des Grands Anciens. Le duo finlandais revient ainsi, dans l’attente générale alimentée par Dark Descent Records, dix ans après leur dernier méfait. Aeons in Tectonic Interment est désormais lâché dans la nature…
« I tasted of nameless monuments
Worn to wind-borne dust
The salt of inhuman monoliths
Distilled of antediluvian seas »
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le groupe ou le genre pratiqué, vous ne trouverez pas d’agression sonore ou de riffs à se décrocher la nuque ici. Amateurs de vitesse et détracteurs des ralentissements ? Passez votre chemin ! Vous détestez quand les ambiances prennent le pas sur la musique en elle-même ? Circulez ! Tyranny est de ces groupes qui ne laissent personne indifférent et le voyage vers les tréfonds des abysses proposé par ce second album risque d’en perdre plus d’un en chemin. Car Aeons in Tectonic Interment reprend tous les éléments qui ont fait le succès de Tides of Awakening, à savoir une voix growlée très profonde, une lenteur extrême qui s’exprime à travers des titres d’au moins dix minutes, des samples omniprésents créant un sentiment de solitude et d’effroi total et une ambiance étouffante et oppressante.
« Intense, the Quickening Strike Unwound
Resonant to the Cosmic Coaxial Turn
Approaching Paroxysm of Funeral Knell
Star-shorn, Star-born, Matter Reform »
Avançant inexorablement vers son trépas prochain, l’auditeur s’engouffre dans les profondeurs de son âme au pas des rythmiques plombantes et des mélopées ancestrales des Finlandais. Que ce soit les délicieux mais sournois leads de Sunless Deluge ou les dernières notes de Bells of the Black Basilica (couplées à des lignes de clavier du plus bel effet), le monstrueux final oppressant de A Voice Given Unto Ruin (possiblement un de meilleurs titres du genre jamais composé), les lamentations de Preparation of a Vessel, les trémolos vicieux ou encore la production massive et étouffante typiquement finlandaise, tout converge vers la fin des temps où aucun espoir de rédemption ne se laissera entrevoir… Et c’est en cela que réside toute la force et la magie de Tyranny : apporter à l’auditeur une impression de malaise, l’annonce du jugement dernier et la compagnie d’entités innommables.
« In a ritual circle of blazing heat
Vessel of iron for altar of skin
Coated in shredded flesh running red
I draw the knife from its sheath »
Tyranny se place ainsi en tête de liste dans le domaine du Funeral Doom en 2015, aux côtés de l’excellent Ordeal de Skepticism. Plus qu’un retour gagnant, les Finlandais livrent ici un véritable chef-d’œuvre du genre qui trouvera une place de choix dans les étagères des fans de Thergothon et consorts. Car Aeons in Tectonic Interment est pour ma part l’un des meilleurs albums du genre ayant vu le jour ces quinze dernières années, aux côtés des The Monad of Creation, Stormcrowfleet, Stream From the Heavens, Shades of… et j’en passe. Fataliste et tragique tout en étant majestueux, Aeons in Tectonic Interment propose une approche authentique et très personnelle qui vous incitera à pénétrer encore et encore, toujours plus loin, vers ces sentiers interdits.
« In my footsteps and furtive tread
The galleries awoke with sound
Echoed the unspoken words
Dead litanies drip from the walls
Black language laden with venom
Syllables best left unuttered
They are woven from the marrow of night
Under the Monstrous pall of unguessable ages »
« N'est pas mort ce qui à jamais dort, Et au cours des siècles peut mourir même la Mort. » H.P. Lovecraft
Tracklist :
1. Sunless Deluge
2. A Voice Given Unto Ruin
3. Preparation of a Vessel
4. The Stygian Enclave
5. Bells of the Black Basilica