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Album

20 mars 2016 - S.

The True Black Dawn

Come the Colorless Dawn

LabelWorld Terror Committee
styleBlack Metal
formatAlbum
paysFinlande
sortiemai 2016
La note de
S.
7/10


S.

On peut dire qu’il s’est fait attendre celui-là. En écartant l’anecdotique split de 2005, il faut remonter quinze années en arrière pour trouver le précédent album des Finlandais, et pas n’importe lequel. Tout blackeux qui se respecte a forcément entendu un jour où l’autre « Blood for Satan », le premier opus de Black Dawn qui avait défrayé la chronique à l’époque. Jugé caricatural par certains, érigé comme monument par d’autres, son côté violent et sans concession, teinté d’occultisme, avait ébranlé la scène. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Le groupe a même dû changer de nom sous la menace de poursuites d’une formation éponyme de Heavy américain. Exit Black Dawn, place à True Black Dawn, histoire de faire dans l’originalité.

Après de rares concerts ces dernières années, le projet refait surface avec un line-up largement revisité. De la formation initiale ne restent que le leader-vocaliste Wrath et le guitariste Syphon. Ses nouveaux acolytes sont TG (Trollheim’s Grott, Baptism) à la guitare, Cult (Deathchain, Forgotten Horror…) à la basse et VnoM (Archgoat, Phlegein…) à la batterie.

C’est sous la bannière du prolifique et intègre label allemand World Terror Committee que le nouveau venin musical des Scandinaves sort en cette année 2016, baptisé « Come the Colorless Dawn ». Au premier contact, l’artwork étonne avec ces tons assez clairs pour du Black Metal. Si de prime abord on pense à une peinture abstraite, en s’y penchant de près on y distingue un individu se faire consumer par les rayons du Soleil en arrière-plan. Une créature des ombres probablement. Un visuel que l’on doit à l’artiste Jukka Siikala, vraiment très réussi à mon goût.

Bon, venons-en à la substance auditive. Nombreux sont ceux qui ont attendu avec impatience le successeur de « Blood for Satan », en escomptant entendre quelque chose dans la droite lignée. Autant être franc tout de suite, vous pouvez faire le deuil de vos espoirs. Black Dawn a évolué. Pour autant on va voir que ce n’est pas forcément un reproche. Tout d’abord, la première chose qui surprend est la qualité de la production, soignée, dense, riche et contrastée ; quand on sait qu’ils sont passés par le Necromorbus Studio, on comprend le résultat. Ensuite - et c’est bien là le cœur du sujet - c’est au niveau des compositions que le groupe opère le plus de changements. Si la violence est toujours de mise, on oublie son côté spontané et primaire, au profit d’une musique plus mélodique et construite. Le quintet use de nuances pour poser son jeu, alternant les déferlements de blasts avec les instants plus posés et lourds. La finesse de la production aidant, tous les instruments sont valorisés, que ce soit la lead guitar et ses nombreuses mises en avant (oui, plusieurs soli parsèment l’album), la basse qui apporte du corps, la batterie qui possède une grande profondeur et surtout…la voix de Wrath ! Cette dernière est toujours aussi hallucinante ; l’individu, malgré la quarantaine passée, n’a rien perdu de sa fougue. Sa prestation s’est même enrichie, maniant les hurlements bestiaux aux cris aigus avec ce grain de démence, au timbre si caractéristique. Un atout indiscutable. On peut également noter une volonté de continuité avec le passé, voulue ou non, avec cet écho à la mémorable intro de « A Horned Moon Rising » ou l’interlude « When The Shadows Become Flesh », grâce aux nombreux samples d’ambiance ritualistique et pernicieuse placés à la fin de quelques morceaux, ou encore l’entrée en matière de « The sectile shadow » qui n’est pas sans rappeler celle de « A Hymn to Grand Darkness ».

Bon, après, il faut quand même avouer que cet opus a comme un air de déjà entendu. La principale menace qui pèse sur lui serait de rallonger la liste déjà bien garnie des albums de Black Orthodoxe à la mode, genre Watain ou BehexenBlack Dawn prend ici le risque de se faire accuser d’un manque de personnalité, sinon d’audace.

Toujours est-il qu’il recèle de sacrées tueries, comme « Strange Shaded Sky » et son refrain très fanatique ou « Come the Colorless Dawn » et son côté oppressant. Pour ma part, passée la déception initiale d’avoir affaire à quelque chose de moins violent et impulsif qu’auparavant, le positif l’emporte malgré tout. Maintenant, faites votre propre avis, il sort officiellement le 17 mai prochain.

Tracklist :

1. Intro         
2. Come the Colorless Dawn         
3. The Light Goes Out         
4. Cinereous         
5. The Ring-Pass-Not         
6. Downwards the Serpent Spiral         
7. Strange Shaded Sky         
8. The Sectile Shadow         
9. Eyes of the Cadaver         
10. Into the Tomb of Her Mirror         
11. Outro

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