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dimanche 21 février 2016

Europa Blasphemia 2016 : Behemoth + Abbath + Entombed A.D. + Inquisition

La Cigale - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce mardi 9 février 2016, la Cigale accueillait une date cochée depuis bien longtemps dans les agendas des amoureux de Black et de Death Metal : l’Europa Blasphemia Tour avec, au programme, ni plus ni moins que Inquisition (Black Metal – USA/Colombie), Entombed A.D. (Death Metal – Suède), Abbath (Black Metal – Norvège) et Behemoth (Black/Death Metal- Pologne).

Retour sur cette soirée.

Inquisition :

Caacrinolas : Inquisition en live c’est toujours une expérience. Entre les compositions, la force du duo et ce chant si particulier, j’arrive toujours à y prendre un certain plaisir, même si il s’agissait là de leur cinquième passage à Paris en même pas trois ans. Qu’importe, le duo est toujours aussi solide lorsqu’il s’agit de montrer de quoi il est capable, et ce même avec un temps de jeu ridicule. Car oui, bien évidemment, le désavantage de telles affiches est de retrouver en ouverture des groupes qui méritent mieux, tout Inquisition qu’ils sont. Mais Dagon et Incubus sont bien au dessus de cela et trouveront le temps de convaincre les spectateurs pourtant clairsemés à cette heure-ci (horaires de bureaux oblige). Concrètement, je n’ai été déçu qu’une seule fois par Inquisition et c’était lors de leur passage au Bataclan en 2014 en première partie de Cradle Of Filth et…Behemoth.

La scène bien trop grande pour un duo paraissait alors être un véritable fardeau pour Dagon qui avait éprouvé ce soir là le plus grand mal à s’exprimer convenablement scéniquement parlant. Quid de la Cigale dans ce cas ? Et bien, rassurez vous, il n’en fut rien. Dagon, bien aidé de son fidèle acolyte au jeu si chevaleresque, aura réussi à nous donner peut être pas la meilleure prestation du groupe (ceux qui étaient présents aux deux concerts minimalistes du Klub savent de quoi je parle), mais une excellente prestation tout de même, preuve qu’un duo peut fonctionner parfaitement dans ce milieu.

Je reste toujours subjugué de voir à quel point la quasi absence de basse en live ne change en rien la puissance du groupe. Enfin mince ! Il suffit d’entendre encore une fois la parfaite « Dark Mutilation Rites » pour s’en convaincre,  le duo possède un son unique et en joue parfaitement en live. Ce fut certes très bref, mais durant ces 30 minutes Inquisition aura livré l’une des meilleures prestations de la soirée.

Setlist :
Force of the Floating Tomb
Ancient Monumental War Hymn
Dark Mutilation Rites
Master of the Cosmological Black Cauldron
Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction
Command of the Dark Crown
Infinite Interstellar Genocide

Entombed A.D. :

Caacrinolas : Inquisition qui livre l’une des meilleures prestations de la soirée avec Entombed sur la même affiche ça peut paraitre saugrenu, mais force est de constater que le concert d’Entombed ce soir là ne fut pas le plus inoubliable. La faute à un son pas toujours génial et surtout à une prestance du groupe que j’ai trouvé un tantinet en deçà des précédentes fois où je les avais vu, à commencer par un Lars Petrov qui, même avec son bagou habituel, semblait quelque peu fatigué sur scène. Dieu merci il reste les classiques tels que « Revel In Flesh » ou bien évidemment « Left Hand Path » pour faire le boulot mais bon… Cette prestation me laisse un léger gout d’inachevé et pour un groupe comme Entombed c’est plutôt étrange. En espérant que ce soit un jour sans.

Setlist :
Midas In Reverse
Stranger Aeons
Second to None
Living Dead
Pandemic Rage
Chief Rebel Angel
Chaos Breed
I For an Eye
Revel in Flesh
Wolverine Blues
Left Hand Path

Abbath:

Caacrinolas : A croire que les Norvégiens prennent un malin plaisir à nous offrir des sitcoms réguliers, puisque quelques années après l’imbroglio Gorgoroth, ce fût au tour d’Immortal de se déchirer sur fond de procès, de communiqués risibles et autres détails sans intérêt pour quiconque s’intéressant plus à la musique qu’au Gossip. Quoi qu’il en soit, c’était la deuxième fois que je voyais Abbath dans sa mouture live après le concert franchement pas glorieux du Fall of Summer. Qu’en serait-il cette fois-ci ?

Franchement pas mieux, Abbath continue de faire le débile sur scène et le public en redemande. J’en vois déjà certains venir en bon moralisateur « ouais mais Abbath c’est un mec entier blablabla pas un true qui se le joue etc… ». Très bien. Sauf que là où le bât blesse, c’est qu’il en fait tellement qu’il en oublie de bien jouer de son instrument.

Alors qu’il le fasse sur ces nouvelles compos quasi insipides limite je m’en fiche, mais qu’il le fasse sur des morceaux tel que « Nebular Ravens Winter » qui est pour moi l’un des tous meilleurs morceaux d’Immortal ça me dérange carrément plus. Et comme ça m’arrive d’être un garçon bien élevé, j’ai préféré partir avant de devenir vulgaire avec celui qui fut un temps le leader d’un des groupes les plus respectés de la scène et non un vulgaire clown à qui il ne manque plus que le nez rouge

Michaël : Du Metal Camp 2010 en passant par les Hellfest 2007, 2010 ou 2013, j’ai toujours apprécié les prestations d’Immortal, et ce même lorsque tout le monde semblait – parfois à l’unisson – critiquer le groupe pour sa tendance à parfois faire dans le brouillon ou le copier/coller entre chaque date. Une question de feeling sûrement.

Maintenant, après un album en demi-teinte (pour ne pas être désobligeant), j’avais un peu peur avant de voir Abbath sur scène en arrivant à La Cigale. Et mes peurs se sont confirmées. Même sur les vieux titres de Sons of Norther Darkness qui sont censées faire le boulot, je n’ai pas réussi à rentrer dans la prestation des Norvégiens. Un manque d’énergie, des lights pas aussi convaincantes que sur Behemoth, et un son particulièrement brouillon (là où j’étais placé, c’est-à-dire sur un côté à l’étage) n’ont pas aidés.

Après, Abbath reste Abbath, et on éprouve toujours un certain plaisir à voir l’homme sur scène, ou à écouter certains titres d’Immortal comme Tyrants. Dommage toutefois que ce dernier passe plus de temps à enchâiner les pitreries que de jouer correctement de son instrument. Pour moi, la mayonnaise n’a pas pris ce soir.

Setlist :
To War
Winter Bane
Nebular Ravens Winter
Warriors
Ashes of the Damned
Fenrir Hunts
Tyrants
One By One
Count the Dead
Root of the Mountain
Endless
All Shall Fall

Behemoth :

Caacrinolas : Et nous voici donc au gros morceau de la soirée : Behemoth

Jouer des albums en entier est devenu monnaie courante ces dernières années dans le metal : Slayer, Paradise Lost, Exodus ne sont que des exemples de groupes qui ont plus récemment repris en intégralité l’un de leurs albums phares.  Oui mais voilà, la donne change avec ce concert de Behemoth, car il ne s’agissait pas là de nous jouer « Demigod » en entier mais de nous interpréter leur dernier album, « The Satanist », en entier. Un choix osé et risqué qui n’a pourtant montré aucune faiblesse tant dans l’interprétation que la réaction du public.

J’avais osé lors de la sortie de « The Apostasy » dire que Behemoth deviendrait un jour l’équivalent d’un Cradle Of Filth ou d’un Dimmu Borgir en leurs temps. Si ça avait beaucoup fait rire à l’époque je maintiens ce que je dis, et ce concert en est la preuve parfaite.

Alors, certes, de grosses pointures étaient également présentes ce qui à probablement largement aidé à rendre ce concert complet. Mais citez moi seulement un groupe de black qui soit aujourd’hui capable de ramener plus de 1000 personnes sur Paris, et ce d’autant plus quand d’autres dates ont lieu pas si loin de la capitale ? Quasi aucun, si on exclut les cas à part tel Emperor.

Tout ça pour en venir au fait que Behemoth est aujourd’hui une véritable machine tant en live que sur cd. Et si tout apparaît certes savamment calculé pour faire du chiffre comme j’ai déjà pu l’entendre, le fait est qu’ils ont raison. The Satanist est qu’on le veuille ou non un bon album dans le genre. Pas un album révolutionnaire, mais un album qui s'est imposé comme l’un des tous meilleurs de la discographie du groupe. Le jouer entièrement en live n’était que lui rendre honneur.

Alors si bien évidemment des morceaux tels que « Blow Your Trumpets Gabriel » ou « Ora Pro Nobis Lucifer » sont d'ores et déjà des classiques, ce concert était également l’occasion d’entendre des morceaux du dit album jusqu’alors jamais joués. Et à ce petit jeu c’est très certainement « In the Absence Of Light » qui s’en sort le mieux, et j’espère sincèrement que l’on n’aura pas à attendre des lustres avant d’entendre à nouveau ce morceau, ne serait-ce que pour son final.

Bien évidemment le point d’orgue de ce set sera l’interprétation de la toujours imposante «  O Father O Satan O Sun » et son final toujours aussi grandiose. Je continue à dire que c’est l’un des meilleurs morceaux possibles pour finir leur set, mais ce soir là ce fut légèrement différent, puisque Behemoth reviendra sur scène pour 4 titres après l’interprétation de l’album.

Et pas des moindres puisque l'on a notamment eu le droit à  « Pure Evil and Hate » joué dans une indifférence quasi générale, probablement que le public actuel de Behemoth ne connait que trop peu la première période du groupe, mais bon c’est le lot de tout gros groupe…

Un final prévisible sur « Chant For Eschaton 2000 » et tout le monde au lit. Au final, Behemoth a réussi à asseoir encore un peu plus sa domination sur un style qui est pourtant l’un des plus riches, tout en gardant une certaine intégrité. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Suivez mon regard…

Michaël : Il y a des groupes dont on se lasse avec le temps, parce qu’ils n’apportent rien de concert en concert, et dont la musique manque parfois de profondeur ou de caractère fédérateur pour empêcher d’avoir envie de passer à autre chose les années passant. Et il y en a d’autres qui, comme le bon vin, n’en finissent plus de surprendre et de montrer une progression constante, notamment en termes de présence scéniques. C'est un lieu commun que de dire ça, mais c'est vrai. Et Behemoth fait partie de cette seconde catégorie.

Même avec une setlist quasi-intégralement dédiée à The Satanist, leur dernier opus, qui ne m’a pas transcendé dans son intégralité, les Polonais ont livré une prestation d’une puissance infinie et d’une justesse incroyable face à un public dont le calme relatif tenait plus à la violence de ce qui se passait devant leurs yeux qu’à un quelconque stoïcisme.

Dès les premières notes de Blow Your Trumpets Gabriel, le public parisien a eu le droit à plus d’une heure vingt d’un show carré de bout en bout, aidé par un son correct et des lights simples mais adéquates. Le côté théâtral des prestations du groupe étant assuré par des images projetées sur scène, un Nergal qui vient communier avec le public (cf. photo infra) ou encore des déplacements millimétrés qui, étonnamment, ne font pas pour autant perdre en spontanéité au show qui ne sent pas le réchauffé.

Bref, vous l’aurez compris, Behemoth a convaincu. En tout cas, Behemoth m’a convaincu. Ce n’est pas faute pourtant de les avoir vu un nombre incalculable de fois ces dernières années. Et en dépit d’une setlist qui n’était pas, sur le papier, la plus à même de me faire vibrer, le groupe a visé juste. Petite surprise du soir (pour ceux qui n’avaient pas regardés sur setlist.fm avant), le groupe nous a offert Pure Evil And Hate. Délicieux.

Un concert dont la Cigale n’est certainement pas sortie indemne.

Setlist :
Blow Your Trumpets Gabriel
Furor Divinus
Messe Noire
Ora Pro Nobis Lucifer
Amen
The Satanist
Ben Sahar
In the Absence ov Light
O Father O Satan O Sun!
Pure Evil and Hate
Antichristian Phenomenon
Conquer All
Chant for Eschaton 2000

Photos