Voilà près de quinze années que j’erre dans les obscures terres du Black Metal, avec une pratique quotidienne de la chose, fouinant inlassablement le net à la trouvaille de projets tous aussi intéressants que clandestins. Récemment, je suis tombé sur les productions d’Ancient Records. Je n’imaginais pas que cette fortuite découverte allait bouleverser mes repères. J’ai déjà évoqué plus ou moins dans le détail quelques-unes des productions du label Suédois, notamment Hädanfärd, Bekëth Nexëhmü, Grav, etc. gravitant essentiellement autour d’un microcosme composé de deux personnes, Swartadauþuz et Sir N.
Parmi ces projets, figure un dénommé Summum, œuvre du seul esprit maladif de Swartadauþuz. Je pensais détenir jusqu’alors une liste assez exhaustive de formations d’obédience « occulte », telles qu’Hetroertzen, Nehëmah, Reverorum ib Malacht, Dødsengel, Nightbringer…mais ce « Benedictus Qui Venit in Nomine Domine - Redeamus ad Mort Domine » vient ébranler cette hiérarchie en proposant une musique la plus malsaine et occulte qu’il m’ait été permis d’écouter jusqu’à présent.
L’objet se décompose en deux monolithes d’une vingtaine de minutes chacun. Il ne faut que quelques secondes pour être plongé dans un univers d’où n’émane pas la moindre once de lumière, avec quelques accords de piano grave et ténébreux, relayés par des riffs lents, balancés vers un destin sans espoir, des martèlements de batterie d’une profondeur abyssale et des vocaux cadavériques et possédés, le tout souligné par une réverbération pour renforcer l’atmosphère caverneuse. D’ailleurs, les paroles ressemblent davantage à des cris et incantations bestiales, glauques, parfois stridents. Le rythme est quant à lui à tel point pachydermique qu’on jurerait être en présence de Funeral Doom, bien que l’esprit, lui, soit radicalement Black Metal. Tout est basé sur les ambiances, amateurs de technique passez votre chemin, vous n’y trouverez aucune mélodie, à part quelques notes émergeant de cette mélasse auditive sur la fin, uniquement des compositions répétitives, lancinantes et malveillantes, côtoyant les frontières de l’ambiant ou du drone.
« Dedicated to all Evil. NO COMPROMISES! »
Ces quarante minutes peignent un décor cauchemardesque, Summum est un piège sonore qui torture votre esprit du début à la fin, un peu dans l’esprit du fabuleux « In a excruciating way… » de Wormphlegm, en moins mélodique, en plus primitif, voire dans le sillage d’un Abruptum (mais en largement mieux).
Le malsain poussé à son paroxysme, la noirceur dans son état le plus brut, tels pourraient être les qualificatifs de ce Benedictus Qui Venit in Nomine Domine - Redeamus ad Mort Domine. Impressionnant. J’en reste encore sonné après maintes écoutes.
Tracklist :
1. Benedictus Qui Venit in Nomine Domine - Redeamus ad Mort Domine Pt.I
2. Benedictus Qui Venit in Nomine Domine - Redeamus ad Mort Domine Pt.II