Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.
Et dire qu’il aura fallu que j’attende un scoop people naviguant sur la toile opposant Pete Helmkamp (Angelcorpse, Kerasphorus, Abhomine, ex-Revenge, ex-Order From Chaos) et les membres de Pissgrave pour que je prenne connaissance de la jeune formation originaire de Philadelphie… Passons sur cette prise de tête sans intérêts, ces deux-là ne sont d’ailleurs pas prêts de se retrouver sur les routes ! Pissgrave est donc un quatuor américain fondé il y a quelques années (peu d’infos circulent sur le groupe, et ce n’est certainement pas le livret, réduit au possible, qui va nous aider) mais qui est apparu sur le marché (vous me pardonnerez l’expression) en avril 2014 avec une démo sobrement intitulée Pissgrave et ornée d’une photographie absolument immonde (dans la même idée que celle de Suicide Euphoria). Et il faut croire que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque la formation menée par le guitariste / « chanteur » Tim Mellon signe immédiatement chez Profound Lore Record pour la sortie de son premier album, Suicide Euphoria.
Qu’on se le dise : nom de merde, logo de merde, pochette de merde, ça n’aide pas tout ça… Mais je ne saurais que trop vous conseillez d’y jeter les deux oreilles car nous avons ici à faire à l’une des toutes meilleures sorties de l’année 2015 pour ma poire. Pour débroussailler le terrain, imaginez un Death Metal alliant de longs powerchord (un peu à la Drowned mais avec un son moins massif) à quelques riffs très catchy et d’autres un peu plus alambiqués, le tout soutenu par une batterie tantôt mid-tempo, tantôt avide de blasts et ajoutez-y une voix très pitchée (le bougre utilise deux micros collés !) faisant directement penser à Revenge (l’intro de l’énorme Fields of Scattered Bones devrait d’ailleurs vous tromper à la première écoute). Cela en fait un joyeux bordel n’est-ce pas ?
Il faut dire que Pissgrave frappe un grand coup avec cet album, car il parvient à proposer d’entrée de jeu un Death Metal bestial disposant de quelques influences bien entendu, mais jouissant d’une innovation assez importante dans le milieu. Outre la voix très caractéristique de Revenge et le pitch très peu employé dans cette scène, il s’agit avant tout du riffing qui fonde la personnalité du quatuor américain. On trouve ainsi un riffing powerchord "mélodique" et sombre à la fois, trouvant son efficacité sur la durée à la manière d’un Drowned ou d’un Grave Miasma en plus aigu, mais également des riffs très bestiaux secondés par un blast frénétique comme sur Mass Cremation ou Blood Fog. Le meilleur exemple de cette variation du riffing se trouve dans The Second Sorrowful Mystery lors duquel on passe d’un riff rock’n roll, un peu en décalage avec le style pratiqué, à un riff alambiqué mais diablement efficace. Je n’ai qu’une seule ombre au tableau à déplorer à propos du premier riff de Pain Enchantment qui aurait dû être remplacé par quelque chose de plus efficace et moins redondant, mais bon. Ajoutons enfin des soli disséminés ici ou là comme sur Fields of Scattered Bones ou The Second Sorrowful Mystery.
Mention spéciale d’ailleurs à ce son de gratte, puissant et terriblement incisif, froid et aigu, servi par une production très crue (il en est de même pour la batterie, mais c’est tant mieux). Nous ne possédons malheureusement pas d’informations sur les textes de la formation, mais les titres nous indiquent très certainement peu de sympathies pour l’être humain et une passion pour les histoires macabres (à l’image de la pochette).
Sortis de nulle part ou presque (le guitariste lead joue dans Serpent Throne, décalage on ne peut moins amusant !), Pissgrave frappe ainsi fort en cette année 2015. Une signature chez un label aussi prestigieux que Profound Lore, une tournée européenne prévue en mai prochain avec notamment un passage au très huppé Temples Festival et une première place sur le podium des sorties Death Metal 2015 du webzine très lu Cvlt Nation, Suicide Euphoria aura donc frappé où il fallait. Certains seront certainement rebutés par la voix trop pitchée ou par la trop longue durée de certains riffs. Personnellement Suicide Euphoria a fini l’année dans mon top pour toutes les raisons évoquées plus haut. Il faut le dire, ça fait du bien quand même de sortir un peu de l'occulte et de revenir à la violence primaire. On va maintenant croiser les doigts pour les voir sur les planches cet été.
Tracklist :
1. Perpetual War
2. Impaled Vibration
3. Pain Enchantment
4. Fields of Scattered Bones
5. Prevail in Hell
6. Suicide Euphoria
7. The Second Sorrowful Mastery
8. Mass Cremation
9. Blood Fog