Scorpions + Europe
Le Zenith - Toulouse
Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.
Tout est cyclique. Les saisons, les albums de Motörhead, et les tournées d’adieu de Scorpions. Même les concerts assimilés metal et hard-rock au Zénith sont cycliques. En effet, en octobre 2011, nous avions eu droit à Scorpions, Alice Cooper et Motorhead sur une période de deux mois. Puis plus rien jusqu’à cette année, où, en l’espace de deux semaines la salle a accueilli Nightwish et Scorpions. Devra-t-on attendre encore 4 ans pour revoir du metal au Zénith, rien n’est moins sûr.
Quoi qu’il en soit, revoir Scorpions en province est presque une surprise quand on sait que le groupe est en tournée d’adieu depuis… 2007 ! Lors de leur dernier passage par la Ville Rose, en 2011, nous avions tous cru que ce passage était le dernier. Il n’en est rien, et c’est cette année pour célébrer les 50 ans de carrière du groupe que les légendaires Allemands remettent le couvert. La question reste donc ouverte : pourquoi annoncer encore et encore des tournées d’adieu alors que le groupe semble toujours vouloir rester sur le devant de la scène ? Quoi qu’il en soit, l’effet buzz commence depuis quelque temps à sérieusement s’essouffler. Et ça n’est pas avec la récupération des hommages des attentats parisiens que les Allemands redorent leur image (n’en déplaise à certains, c’est d’un mauvais goût évident). Bref, ne jugeons plus : apprécions.
EUROPE
Enfin !!! Enfin Scorpions tourne avec une vraie première partie. Oublié les Guano Apes et les Electric Ducks dont l’intérêt n’était que fort limité, et place à Europe. Si vous pensiez que ce légendaire groupe suédois n’a d’intérêt que The Final Countdown, quittez tout de suite ce site. Europe, c’est bien plus qu’un groupe à un seul titre car loin d’un Patrick Hernandez, la formation scandinave a su se réinventer ces dernières années, et propose désormais des albums bien plus bluesy que hard FM. Les deux derniers opus ont ainsi bien plus à voir avec Lynyrd Skynyrd qu’avec le glam à paillette, preuve que leur inactivité entre 1992 et 2003 a été un mal nécessaire.
Avec 5 albums publiés ces 10 dernières années, Europe est donc bien plus qu’un compte à rebours. Et c’est une nouvelle fois en live que les Suédois nous le prouveront. Leur set débute avec le titre War Of Kings, extrait du dernier album du même nom, ce titre se rapproche fortement de Black Sabbath voire de Candlemass avec son riff de guitare heavy entêtant, envoûtant et son rythme lourd. Joey Tempest est en forme, le vocaliste n’hésite pas à arpenter la scène, à jouer avec le public, et à s’avancer timidement sur l’immense avancée de scène de Scorpions.
Le groupe fait ici dans la sobriété : la mise en scène ultra rock’n’roll des années 80 n’est plus. Les années aidant, Europe s’est assagi, et ce sont notamment Mic Michaeli (clavier) et John Norum (guitare) qui nous le prouveront, en restant extrêmement discrets, même lors des solos. Tempest sera le seul à jouer son personnage, jouant dès que possible avec son pied de micro. Assez logiquement, les Sudédois ont axé leur setlist sur le dernier album, War of Kings dont 3 titres seront joués.
Très étrangement (et à mon grand regret) l’album précédent, Bag of Bones, est passé sous silence, pourtant excellent et très groovy. En lieu et place, l’accent est mis sur l’album The Final Countdown, celui de la reconnaissance avec des titres comme la power ballade Carrie ou Rock The Night. Et bien entendu le titre éponyme est de la partie, joué en toute fin de set, transformant à chaque fois un public circonspect en… foule en délire. Incroyable à quel point ces quelques notes au clavier peuvent avoir un tel impact ! En bref, de la sobriété pour un groupe qui nous prouve à chaque fois que son statut n’est pas usurpé.
Setlist Europe :
War of Kings
Hole in My Pocket
Superstitious
Ready or Not
Carrie
Last Look at Eden
Rock the Night
Days of Rock 'n' Roll
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The Final Countdown
SCORPIONS
Europe à peine terminé, un large rideau aux couleurs de Scorpions dissimule la scène. On sent d’emblée que le groupe veut le jouer démonstratif. Pourtant, comme nous allons le voir, nous serons ce soir à des années lumières de la prestation offerte en 2011 sur cette même scène. Pourtant tout semblait bien parti.
Les lumières s’éteignent, le rideau tombe, et les Allemands balancent Going Out With Bang. Clairement, le groupe, qui fête sur cette tournée ses 50 (CINQUANTE !! BORDEL !) années de carrière est en forme, à l’image de Rudolf Schenker, toujours le sourire aux lèvres, et qui, à courir en long et en large sur scène, fait largement oublier qu’il a 67 ans ! Plus discret, Matthias Jabs se contente de sortir proprement ses lignes mélodiques mais le regard dans le vide nous montre rapidement qu’il n’est qu’à moitié présent.
De son coté, Klaus Meine a semble-t-il fait des efforts de mémoire puisque cette année aucun prompteur n’est présent sur scène ! Pour autant, le vocaliste reste timide et un poil convenu dans ses interventions, se limitant à montrer au public à quel point il l’aime ! Enfin, si l’on écarte le très (trop !) effacé bassiste de 20 ans leur aîné, celui qui impressionne toujours autant, c’est bien le batteur James Kottak. L’américain ne lésine pas sur les effets scéniques, offrant du véritable spectacle au public toulousain. Perché sur sa batterie à plusieurs mètres de hauteur, Kottak est un spectacle permanant, de par ses interventions que par ses fantaisies aux baguettes.
Côté setlist, si certains titres sont toujours aussi plaisants (The Zoo, Send Me An Angel), on s’étonnera en revanche de l’absence très remarquée de Holiday, Sting In The Tail ou The Best is Yet To Come, pourtant incontournables. Au vu du titre de cette dernière, son absence n’en est que plus significative. A méditer. Pour autant, le groupe sait se faire plus intime et moins grand-guignolesque avec le medley Always Somewhere / Eye of the Storm / Send Me an Angel joué en acoustique sur l’avancée de scène, éclairé par des spots tamisés offrant un côté « concert en club » sympa.
Pourtant, plus le live s’écoule, plus un goût amer me reste en bouche. Où sont passés les effets scéniques d’il y a 4 ans ? Où est passé le dantesque solo de batterie de la Kottak Attack, doublé du visuel vidéo retraçant l’intégralité de leur discographie (certes, il nous a fait un solo, c'était service minimum) ? Où sont passés les émouvants documents d’époque sur la chute du mur de Berlin habituellement diffusés sur Wind of Change, et par-dessus tout, pourquoi l’avoir remplacé par ce dégueulasse visuel de nuage laid et consensuel comme tout … Et que dire des 3 (ouais, trois !!!) rappels que le groupe nous avait offerts en 2011, dont le dernier en prenant la totalité du public de court, montrant un groupe qui en voulait encore et encore. Désormais, c’est Still Loving You, Huricane, un suppo et au lit.
Difficile de reprocher un tel changement entre ces deux lives quand on connait l’âge des musiciens et leur longévité sur scène, mais la comparaison est inévitable, et quand on a connu un tel faste lors de leur dernier passage, on a le léger sentiment que les Allemands nous l’on fait à l’envers. Ceci dit, on ne peut qu’applaudir face à un show carré, deux membres sur 5 totalement survoltés, et une scénographie ultra maîtrisée. Avec néanmoins quelques suspicions de playback (le sifflement de Wind Of Change par exemple), la justesse de la voix de Klaus Meine force le respect. Et ne nous voilons pas la face, sur des titres aussi intemporels que Still Loving You ou Rock You Like A Hurricane, on s’écrase, on chante et on profite. En bref, pas convaincu, mais on s’éclate quand même ! Longue vie aux rois !
Setlist Scorpions :
Going Out With a Bang
Make It Real
The Zoo
Coast to Coast
Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy's Coming / Catch Your Train
We Built This House
Delicate Dance
Always Somewhere / Eye of the Storm / Send Me an Angel
Wind of Change
Rock 'n' Roll Band
Dynamite
In the Line of Fire
Kottak Attack
Blackout
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Still Loving You
Rock You Like a Hurricane