Un mec qui écrit des trucs.
Aaaaaaah Grunt. De toute la déferlante de Goregrind Tchèque signée Bizarre Leprous, celle que même le grand public commence à connaître avec les cultes Rompeprop et les hyperactifs fédérateurs de Gutalax, c'est probablement ma formation préférée. De cette masse de crasse malsaine, des combos souvent corrects mais ne transcendant rien à part une énorme teuf pleine de ballons et de confettis (tous les gros noms comme Libido Airbag, Hymen Holocaust, Rectal Smegma, enfin vous voyez, c'est naze mais bourré c'est bien), le premier opus "Scrotal Recall" surnageait comme personne ne l'avait fait depuis Jig-Ai. Putain de monument de Rock'n'Roll, sur une base groovie et puissante mais n'hésitant pas à piocher des influences allant de la Hardtek au Hard Rock (wat) et faisant baigner le tout dans une ambiance décadente puant le foutre et le latex, toujours bon enfant mais apte à faire tâter du martinet.
Du coup, ce second album je l'attendais un peu. On va pas parler de cette pochette absolument atroce que je te fais la même avec Paint et deux mots clé sur Google, mais rentrer tout de suite dans le vif du sujet. La première écoute a été catastrophique. J'ai viscéralement détesté et renié l'album et ne comprenais pas les retours positifs que j'en voyais. Déjà pour ce chant fortement allégé, exactement comme l'a fait Cock & Ball Torture sur la purge intégrale "Egoleech". Les gargouillements gutturaux pitchés sont mis en retraits, moins violents, et cohabitent avec un growl typé Hardcore d'handicapé pas hyper agréable. Et surtout, une bonne partie du groove a foutu le camp, et pour un groupe à tendance Goregrind (mais avec des grosses grosses louches de Death Metal il est vrai) ben ça fait mal. La faute à cette prod ultra claire et ce son de batterie synthétique qui fait sonner l'opus comme un petit frère édulcoré, également bien plus sage dans ses thématiques, samples et titres. Bref, tout ça pour dire, ça partait mal et en une écoute et demie j'étais parti pour foutre 3/10 à l'album en pleurant. Mais bon, pas besoin d'être autant de mauvaise foi, "Codex Bizarre" a finalement les même qualités que le précédent, elles sont juste un peu cachées.
Okay ça groove moins et c'est davantage axé sur la puissance de feu, pour un rendu éloigné du Goregrind original et tapant juste bah... Bah dans le Grindcore/Death plus conventionnel. Mais pour cracher sur un truc comme "Vassalage Grotesque" faut quand même le vouloir vu comment ça tape. Le gros son est certes de mise pour planquer un peu que certains passages manquent d'inspiration mais les grosses tartines Death Metal sont désormais bien sorties (ouille ce "Levitra Powered Aged Predator"). Donc voilà, "Codex Bizarre" est adepte des grosses guitares qui envoient des notes dans la gueule, des hurlements et des blasts, et casse la tête au détriment d'une ambiance pratiquement absente. Mais même dénué de sa crasse, de ses esclaves en cage et autres séances de BDSM furieux, Grunt garde un de ses atouts principaux : son n'importe quoi musical total qui ne se pose aucune limite. Ainsi le Death Gore est encore et toujours agrémenté d'arrangements improbables, s'ouvrant pratiquement sur du Black Sympho, dispose d'un morceau de Techno Hardcore de 4min en piste 11 qui pour le coup dégage de fortes effluves de poudre blanche, et se termine par un remix à moitié Breakcore tout aussi perché. OKAY LES GARS C'BIEN.
Donc voilà, c'est bien beau qu'au milieu de compos brutales et sèches ont ait de temps à autres des coupures aux synthés horrifiques, flûtes de merde et autres beats technoïdes sortis de nulle part. Cependant, pas l'ombre d'un titre phare comme "Spermatic Hyperphagia" et son accélération Bluesy à s'en dévisser les cervicales par exemple. On est dans le haut du plus haut des paniers du genre actuellement maaaaais sans trop de goût de reviens-y, d'où ma note. Parce que le groupe rentre un peu dans le rang, se détache de la scène Grind où il était pourtant l'un des patrons, et franchement c'est quoi ce chant poussif à moitié insupportable qui cohabite avec nos gerboulades habituelles... Merde quoi, quand on passe d'un des plus gros Fuck Yeah du genre à certains trucs totalement plats comme ce "Supreme Rubbercore" qui synthétise bien tous les petits trucs à redire sur l'album.
Enfin voilà, on y revient toujours avec plaisir hein, me faites pas dire ce que j'ai pas dit. Mais on a un peu le même syndrome qu'avec le dernier Jig-Ai, c'est à dire qu'en le prenant pour ce qu'il est on est aux anges, mais il suffit de comparer au reste pour être un peu plus froid : okay on profite de toute la technologie de 2015 et de plusieurs très grands moments, mais malgré le gros son ça manque d'épices. On a l'impression d'être dans un fan-service total de groupe qui fait ce qu'on attend de lui, avec des bonnes idées dans tous les sens (les deux pistes électroniques, les passages expérimentaux ou les riffs les plus violents) plombées par des chutes de rythme un peu dommageables. Mais, eh, quitte à écouter de la musique gerbouleuse avec du latex et de la drogue, franchement, faites vous plutôt ce "Codex Bizarre" dix fois plutôt qu'un seul album de débiles profonds comme le Pays en accouche tous les jours.
8/10 pour un non habitué qui découvre ici le genre et le groupe.
6,5/10 pour le fan un peu déçu que je suis qui regrette les effluves et le groove du premier opus.
Tracklist :
1 – The Sweet Smell of Servitude
2 – Teratoid Latex Feudalist
3 – The Edgeplay
4 – Vassalage Grotesque
5 – Teased and Tormented
6 – Becoming the Dominus
7 – Twilight Hybird Bonanza – Shemale Part II
8 – Levitra Powered Aged Predator
9 – Helix Masterpiss (Exotic Aquatica)
10 – Supreme Rubbercore
11 – Funeral Sub-Mission Suite Part I
12 – Funeral Sub-Mission Suite Part II
13 – Panzer Enema
14 – Sdopsychorama
15 – The Speed Freak's Sadistical Abuse (Remix)