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Album

29 novembre 2015 - Dolorès

(DOLCH)

I & II

LabelVán Records
styleBlack / Atmosphérique
formatAlbum
paysAllemagne
sortieseptembre 2015
La note de
Dolorès
9/10


Dolorès

Non.

(DOLCH) est l'une des curiosités du moment. Si on connaît leur provenance d'Allemagne, difficile d'obtenir beaucoup plus d'informations sur le projet. Ván Records nous proposent de découvrir le groupe grâce à une nouvelle version, rassemblant la première demo et l'EP « Licht. Maschine. Herz. » sur un même ensemble. L'introduction est directe mais mystérieuse, à travers un logo simpliste représentant symboliquement le nom du groupe (« Dolch » étant le terme allemand pour « Poignard »). Rien de plus, le projet ne semble pas souhaiter nous donner davantage à nous mettre sous la dent. Néanmoins, il suffit de se plonger dans la trentaine de minutes d'écoute pour trouver de quoi se rassasier immédiatement.

On est accueillis d'emblée par ce qui va se révéler être les éléments constants du projet : des riffs simples au possible, une rythmique martiale, un brouhaha d'effets de reverb et autres qui viennent se coller partout, jusqu'au chant et aux choeurs. On se retrouve avec une sorte de Black à la fois crasseux et totalement moderne, empruntant au Rock, à la Coldwave, au Doom, au Drone soyons fous, très lent et atmosphérique, qui ne semble pas se soucier de quelconques codes ou habitudes. Ni même d'apposer une étiquette toute trouvée : on le comprend rapidement, le groupe propose quelque chose de déroutant. Tout semble ici être le résultat d'expérimentations musicales, tout en se laissant couler tranquillement, avec une fluidité étonnante pour quelque chose de si atypique.

L'aspect très lancinant, monotone et sans espoir d'un titre comme « Bahrelied », ou plus noir et haineux, bouillonnant, d'un « Das Auge » rappelle directement ce qu'a pu faire Urfaust, sans pour autant s'approcher du titre de pâle copie sans intérêt. Le chant féminin de (DOLCH) est d'ailleurs la principale raison qui rend le groupe si à part, original, mais aussi si intense et prenant. N'étant pas germanophone, le son général et les effets ne m'aident pas non plus à comprendre grand chose aux déclamations de la demoiselle, mais on sent quelque chose de touchant et de très intime dans sa performance.

En ce sens, (DOLCH) peut aussi facilement rappeler Menace Ruine, bien que le côté Drone soit bien plus léger et discret, ou encore le côté Metal bien plus présent. Tout de même, on a ce chant féminin surmontant un ensemble hypnotique et tourmenté, parfois très minimaliste et pourtant toujours perçant. Il s'agirait presque d'une invitation à la suivre, car malgré la noirceur de l'ensemble, les titres ont quelque chose de rassurant. « Licht » en est l'exemple parfait, à la fois froid, et réconfortant, imprégnant l'auditeur par élancements d'une douceur inattendue. On retrouve dans la même continuité, « Hiob 1.1 » et son aura angélique (bien que chanté une octave au-dessous en live, rendant une ambiance tout à fait différente).

Mais le projet sait aussi se faire plus anxiogène, « Maschine » venant casser toute cette atmosphère créée précédemment, par ses rythmiques plus marquées, mises au premier plan ici. On lorgnerait presque du côté des 80-90s avec des influences plus Indus/Post-punk, tout en gardant des éléments typiques bien assimilés sur les titres précédents. (DOLCH) a clairement quelque chose de tout à fait unique et montre à travers l'enchaînement de morceaux que le groupe sait très bien où il veut aller et quelles émotions il veut faire passer.

Malheureusement, la fin de ce « I & II » présente moins de risques, moins de personnalité assumée pour (DOLCH). « Herz », sans être mauvais, est clairement l'un des titres chantés en dessous des autres. Pourtant, on a un bel effet de crescendo durant ces cinq minutes, mais l'aspect un peu plus convenu de l'ensemble retire un peu du charme auquel on s'était habitué. L'outro, quant à elle, reste tout à fait dispensable. Elle reprend au piano la mélodie d'introduction de « Licht », en ne lui ajoutant rien de spécifique.

Si on oublie ces quelques détails, ce premier long format de (DOLCH) est une réussite absolue. Il faut tout de même aimer les atmosphères lentes et creusées, les effets accentués et bien assumés, et la simplicité. Néanmoins, une fois ces conditions réunies, on peut tout à fait accrocher à leur monde sans être spécialement fan de Black, ou de Doom ou de quoi que ce soit qui puisse se rapprocher d'une étiquette ridicule à coller à (DOLCH). Une curiosité en studio qui devient une véritable expérience en live.

1. Bahrelied
2. Hiob 1.1
3. Das Auge
4. Licht
5. Maschine
6. Herz
7. Outro