Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Trio suédois dans lequel on retrouve Daniel Arvidsson (guitariste de Draconian, mais qui tient la basse ici, ainsi que le micro), Mammoth Storm a déjà à son actif une démo et un premier EP de qualité. C'est en première partie de Ahab que j'avais découvert ce combo et, enchanté par leur prestation, je me suis précipité sur leur premier album, Fornjot.
Avec un nom, un logo et une pochette pareils, il est presque inutile de préciser que le groupe oeuvre dans le doom bien gras. Augurs Echo, le titre d'ouverture, ne laisse pas de doute sur le sujet, un gros riff bien pesant, posé sur une rythmique lente et puissante, construit la première partie du titre. On trouve déjà sur la première séquence de ce premier titre une des grandes forces du groupe : les guitares leads. En surcouche de la lourdeur proposée, Mammoth Storm, un peu à la manière d'un Kongh, met en place des ambiances assez froides par des lignes de guitares cristallines qui survolent le magma de basse et de batterie. Cette recherche de minéralité dans une musique plutôt chaude et organique est extrêmement intéressante et réussie, le procédé offre de la richesse aux compositions et une mélancolie automnale à la fois belle et intense. Un album pour les jours gris et pluvieux.
Fornjot bénéficie d'une production béton, clairement le son est sans défaut et rien n'est laissé au hasard. D'un côté la lourdeur est au rendez-vous (cette basse ronde, oui !), et de l'autre une maîtrise assez fine vient sublimer les fameux leads, ainsi que divers effets éparpillés sur l'album. Le bidouillage des pédales de grattes au début de Vultures Prey par exemple, petit détail auquel on ne s'accroche même pas sur les premières écoutes, mais qui produit en fait toute l'étrangeté du titre. Dans le même registre, l'accalmie de Horns Of Jura, avec ses multiples couches de guitares, tantôt lointaines et planantes, tantôt plus proches et nébuleuses, réussit à donner de l'air à ce titre dont le reste est assez simple (mais efficace, pas de problème là-dessus).
Le chant est également bien travaillé, une reverb' bien dosée est utilisée la plupart du temps, renforçant l'aspect assez triste qui se dégage des morceaux. Mais quand il est question de cogner, Mammoth Storm est là aussi, en témoigne le riff énorme du morceau titre. Placé juste après un instrumental assez apaisant, ce début tout en lourdeur bien dense réveille comme il faut, une bonne tranche de meulage de face en bonne et due forme. Mammoth Storm excelle dans la construction lanscinante et progressive à travers des morceaux fleuves (pas moins de six minutes par titres), une construction minutieuse qui passe par des ajouts et des variations discrètes au fil des mesures.
Avec ce Fornjot, Mammoth Storm fait déjà preuve d'une maturité certaine et d'une personnalité assez marquée. Dans un registre doom nordique, comparable à Kongh ou Trombstones, pas trop porté sur le délire drogues and co tellement (sur)exploité ces dernières années, ce premier album est une réussite. Il s'en dégage une sérénité agréable, tout en parvenant à faire trembler la terre. Quelques longueurs ça et là affaiblissent un peu le propos, mais le dosage de l'attente reste suffisamment subtil pour qu'on ne s'emmerde pas. Chaudement recommandé, d'autant plus que je peux déjà vous certifier que le rendu live est excellent.
Tracklist de Fornjot :
01. Augurs Echo
02. Vultures Prey
03. Sumerian Cry
04. Fornjot
05. Horns Of Jura
06. Hekla
