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vendredi 20 novembre 2015

Shining + Caligula's Horse + Jack Dalton

Divan du Monde - Paris

S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Après des annulations en cascade suite aux attaques de la semaine précédente, l'annonce indiquant le concert de Shining maintenu au Divan du Monde est déjà une victoire sur la connerie. Retour sur cette soirée.

Jack Dalton, compatriotes de Shining, ouvre la soirée devant un Divan encore clairsemé. Une intro noisy est samplée avant que les membres du groupe montent sur scène et balancent leur hardcore teigneux et mouvementé sur les plus prompts d'entre nous. Le son est excellent et le groupe délivre une énergie véloce qui fait mouche directement. Premier contact avec Jack Dalton pour moi ce soir et c'est une découverte fort agréable. Les morceaux sont complexes et variés, rythmique casse-gueule et brisage de nuque ont la part belle, mais par moment le groupe balance des phases de lourdeur plus intense qui sont tout aussi efficaces. Le mouvement sur scène est perpétuel, le chanteur ira même se balader dans la fosse pour aller se frotter aux premiers pogoteurs de la soirée. Très en place, Jack Dalton cogne bien fort d'entrée de jeu et met sur les rails de la bonne humeur cette soirée au contexte lourd.

Setlist de Jack Dalton :

01.When The Time Comes
02.Past Swallows Love
03.Dead Enda
04.Easy Outs
05.Proctor
06.Red Flags
07.Inherit Repetition
08.8 Times X Equals This

Vient ensuite le tour des Australiens de Caligula's Horse, dont cette tournée est la première en Europe. Pour les novices comme moi, les guitares sept cordes interpellent avant même le début du concert, serait-ce du djent que vont proposer les Australiens ? Pas tout à fait, mais un peu quand même, Caligula's Horse tape dans le prog' moderne avec des passages rythmiques alambiqués où les guitares pèsent lourd, alternés avec des moment bien plus aérés et lumineux. Un peu trop pour mes oreilles d'ailleurs, la voix du chanteur est bien trop douce pour moi. Reste que le groupe est super en place et que, quand ça cogne, c'est dans la masse que ça se fait ! Comme Jack Dalton avant eux, Caligula's Horse aura un mot de soutien aux victimes des attentats, aux Parisiens et, plus généralement, à tous ceux qui ne demandent qu'à vivre dans la joie. Clairement trop prog' pour moi, Caligula's Horse reçoit quand même des applaudissements nourris de la part du public.

Setlist de Caligula's Horse :

01.Dark Hair Down
02.Bloom
03.Marigold
04.All Is Quiet By The Wall
05.Firelight
06.Daughter Of The Mountain
07.The City Has No Empathy (Your Sentimental Lie)

La mise en place du matos de Shining se fait tranquillement devant une salle maintenant pleine, synthé, batterie et saxophone, tout est prêt, le noir se fait. Les musiciens entrent en scène et Munkeby s'empare sans préambule de son sax pour lancer une Marseillaise débridée, il souffle tout ce qu'il peut dans son instrument pendant que le public chante les paroles qui résonnent ce soir avec un écho bien évidemment particulier. Déjà le public est en osmose avec le groupe et quand commence I Won't Forget, sa rythmique énergique rend dingue le Divan et la fosse s'anime d'une énergie folle. Le refrain est repris par le public, ça saute dans tous les sens, les gens s'oublient déjà dans la musique, plus rien ne compte désormais que l'amusement. The One Inside continue sur la même lancée, la rythmique syncopée fait danser la foule, premier slam, délire total, énergie brute. Fisheye arrive ensuite et c'est toujours la folie — folie qui ira crescendo sur la soirée —, sa batterie bien lourde met tout le monde d'accord et quand le synthé commence ses parties complètement tarées, on ne peut que s'incliner devant tant d'inventivité créative. Après My Dying Drive, là encore excellent, tout en rappel de Fisheye, preuve supplémentaire de l'absolue cohérence du cycle Blackjazz, Munkeby annonce le premier titre de leur dernier album en date, International Blackjazz Society, et c'est House Of Control qui débarque. Le tempo plus lent et l'ambiance moins chaotique du morceau en feront le slow de la soirée. Mais bien vite les choses sérieuses reprennent et c'est un HEALTER SKLETER toujours aussi incroyable qui prend la suite. Bordel rythmique intégral, destruction des cellules cérébrales, déconstruction et reconstruction infernales, ce morceau est un pur régal en live, tellement technique et imprévisible, hallucinant.

Retour ensuite sur International Blackjazz Society avec l'enchainement The Last Stand/Last Day imparable. Thousand Eyes, peut-être mon titre préféré de l'album, passe l'épreuve du live plus que haut la main, à la fois tordu et direct, chaotique et rentre-dedans, une fois de plus génial. Un petit Burn It All pour la route et le groupe nous quitte sur un Need (cette cowbell, tellement énorme !) qui annonce dans ses paroles le rappel à venir : "Still need more !". Et quel rappel ce sera ! The Madness And The Damage Done ! Peut-être le titre le plus cinglé du groupe (assertion discutable tant Shining est spécialiste en la matière) servi par un jeu de lumière halluciné et un groupe toujours aussi en forme. Dans la fosse le bordel atteint son paroxysme, plus personne ne répond de rien, joie, Ô joie ! Le concert se termine sur un éclairage bleu-blanc-rouge et avec le sourire de chacun des membres, Munkeby proposant de les retrouver au stand de merch juste après.

Setlist de Shining :

01.La Marseillaise
02.I Won't Forget
03.The One Inside
04.Fisheye
05.My Dying Drive
06.House Of Control
07.HEALTER SKLETER
08.The Last Stand
09.Last Day
10.Thousand Eyes
11.Burn It All
12.Need

Rappel
13.The Madness And The Damage Donne

Pour une reprise de la vie musicale sur Paris, Shining a fait fort. Rien de tel que de la folie en barre pour vaincre la connerie en bloc, de la folie créatrice bien sûr. Et Shining est clairement maître en la matière. Ne laissons pas la peur vaincre, il faut que chaque concert suinte le plaisir et l'amusement, il faut que la joie reprenne ses droits, sortez, jouez, créez, vivez !

 

Merci à l'orga et à Garmonbozia ! Merci également à Galou Bergliot et son fan club de Shining pour avoir ramener goodies et bonne humeur !