Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Un peu déçu par les derniers albums de The Black Dahlia Murder, ce qui semble relever de l’exception je vous l’accorde, j’ai essayé de dénicher un peu partout un groupe capable de me faire revivre cette subtile combinaison d’un death metal technique sans être pompeux et mélodique sans être mielleux. Après quelques clics perdus l’on ne sait où, je me suis retrouvé face à cet album intitulé Nemesis, des new-yorkais de The Hudson Horror.
A la première approche, on se demande si l’on ne va pas se retrouver nez à nez avec un copycat lowcost des américains précités. Une attitude un peu nonchalante, des photos de promotion avec des grimaces, des pages sur les réseaux sociaux à grands renforts de memes, rien de très encourageant dans un genre musical qui nécessite richesse et rigueur pour ne pas sombrer dans le quelconque et le parodique. Et pourtant, sans label ni promotion, le jeune groupe débarque sur une scène quasi saturée pour venir distiller un death metal mélodique plus varié qu’il n’en a l’air mais dont on se demandera simplement, au final, s’il peut réellement tirer son épingle du jeu.
La musique des américains reprend les codes de ses aînés avec des riffs de guitare rapides, une batterie très dynamique où la part belle est faite à la double-pédale et, enfin, une alternance voix growlée et voix criée qui, là encore, n’est pas sans rappeler celle de Trevor Strnad, bien que moins riche. Côté instrument, la basse est pour une fois plutôt bien mise en avant comme sur The Ophidian Resurrection, Heretic ou bien Scarlet, même si, au final et comme souvent, c’est la guitare qui est sur le devant de la scène. Le jeu est plutôt bien léché avec des soli intéressants qui viennent toujours donner un second souffle aux titres et qui, en tout cas, se marient à merveille avec les titres et ne sentent pas le passage obligé (on pense notamment à l’intro de What the Moon Brings et Wolf’s Blood).
Le groupe a une forte tendance à garder le pied sur l’accélérateur avec des titres rapides (surtout sur le début de l’album) qui vous passent sur le râble avec gaieté et n’offrent que peu de temps morts. L’intensité de ce Nemesis est sans aucun doute l’un de ses points forts. Tout comme la production, d’ailleurs, qui, pour un album autoproduit, est réellement solide. On aurait toutefois probablement aimé un son de guitare moins épais et mieux défini, mais le produit fini est de bonne facture.
Au fond, ce qui manque à cet album, c’est certainement un plus grand travail de composition. Peu sont les riffs vraiment accrocheurs, les rythmiques galopantes et les compositions qui viendraient nous surprendre, en dépit de la présence de samples. Si l’écoute n’est pas fastidieuse, les titres s’enchainent sans que notre attention soit sans cesse piquée par des éléments qui sortiraient du lot. Si le groupe est capable de varier les rythmes en faisant également dans le mid-tempo (Anathema et Heretic) et en nous proposant quelques passages musicaux vraiment intéressants (l’interlude assez jazzy d’Anathema, notamment), le tout paraît parfois un peu fade en dépit d’une énergie débordante et d’un certain déferlement de violence. Or, dans un genre où chaque jour de nouveaux riffs sont créés, tous plus techniques et plus catchy les uns que les autres, il est difficile d’être convaincu par tout ce que nous propose le groupe.
Le résultat final est donc assez mitigé, bien qu'au dessus de la moyenne, Nemesis étant composé d'excellents titres comme What The Moons Brings, The Ophidian Resurrection ou bien encore Visions of Disgust mais également de titres plus décousus et qui laissent un peu de marbre (Anathema et Nemesis notamment). Pour le reste, on se bornera à quelques riffs de qualité (Wolf’s Blood, Scarlet ou bien encore la seconde moitié de Heretic) et une énergie toujours débordante.
L’album n’est ni mauvais, ni médiocre, et reste au-dessus de ce que pas mal de groupes du genre, pourtant signés dans des labels, nous ont offert ces dernières années. Mais il lui manque indéniablement ce petit soupçon d’âme supplémentaire et probablement un plus grand souci du détail pour faire basculer la musique du groupe d’un death metal mélodique qui tape dans tous les sens à une musique plus raisonnée, mais dont les effets seraient décuplés. En somme, il n’y a rien de vraiment surprenant pour un groupe aussi jeune et dont c’est le premier album.
Tracklist :
1. What The Moon Brings
2. Visions Of Disgust
3. The Ophidian Resurrection
4. Wolf's Blood
5. Anathema
6. Heretic
7. Scarlet
8. Nemesis