Un mec qui écrit des trucs.
Des fois c'est bien la musique bête. C'est bien beau de se palucher, d'élever son esprit, mais à un moment, faut reconnaître que si on écoute du Metal c'est pas forcément pour se cultiver et augmenter son QI. Ah c'est bien beau de décortiquer en plusieurs semaines le travail d’orfèvre des derniers Ne Obliviscaris, Gorod ou Shining. Mais on finit toujours par revenir aux bases et se péter la gueule à grands coups de Putridity et autres Archgoat de débiles profonds juste pour le plaisir de voir quelques énervés distribuer des mandales en racontant n'importe quoi. Bestial, primitif, on peut pas oublier d'où on vient constamment. Et donc moi, ces derniers temps plutôt occupé à me torturer l'esprit en écoutant de la musique qui fait battre la pluie dans ton cœur et tisse un cocon de soie sur tes sentiments, vous pouvez pas savoir comment j'ai été content de tomber sur ce dernier Bone Gnawer par le plus grand des hasards. Parce que niveau Death Metal complètement kitsch et débile, la vache, il envoie du lourd. Exactement ce qu'un groupe comme Entrails arrive plus à sortir depuis qu'ils ont pris le melon à foutre du Chopin dans leurs morceaux à trois notes. Arrêtez de vous renier les gars. Le Death Old School, c'est con, va falloir s'y faire.
Rogga Johansson est de base pas réputé pour faire de la musique trop progressive. J'avais d'ailleurs déjà parlé du bougre sur ce webzine lors d'une chronique de son groupe avec Paul Speckmann, donc on va pas y revenir. Mais toujours est-il que Bone Gnawer, c'est son projet avec la légendaire voix de Mantas et Massacre qu'est Kam Lee, et le premier effort était déjà plutôt vachement sympa en bon Death rigolo à l'ambiance de film gore en caoutchouc. Et là, c'est l'orgie. C'est complètement abruti, c'est objectivement pas du tout un bon album, mais alors là, qu'est-ce qu'il fait plaisir à écouter, wow. Niveau gras, bas du front et efficace on est dans le haut du haut du panier, alors ce serait dommage que pour une fois que le gars compose un truc qui se tient dans son style de prédilection il passe inaperçu. Voyons voir ça.
C'est pas bien compliqué, c'est du sous-Grave et autres premiers Bloodbath. Les morceaux sont simples, voire simplistes, voire profondément handicapés, mais directs à mort et rentrent dans la tête tout de suite. On peut déjà faire un reproche : le son de batterie est absolument abject et a un aspect Boîte à Rythme totalement incompréhensible vu que c'est un vrai monsieur avec des muscles et du sang qui joue ici. Et également tout ce qui est intro/interlude, complètement nulles et ressemblant à un collage Audacity de tout et surtout n'importe quoi qui fait qu'on a aucune idée de quelle ambiance horrifique on tente d'installer. Le reste, c'est juste un énorme feu d'artifice. Les riffs sont simples et répétitifs mais CHAQUE putain de morceau est un tube, du genre comme seuls Bloodbath et Fleshcrawl savent le faire dans le genre. Un album comme ça, ça se compose en deux soirées, le temps de trouver 3 riffs catchy par morceaux et décider où on met des blasts et où on met du pouta-pouta, on a bien évidemment quelques titres en dessous ("Below a Murder of Carrion Crows" et "Untold Story" se traînent la patte) mais l'ensemble est tellement explosif que quand on a pas envie de se prendre la tête et écouter de la mauvaise musique qui vide l'esprit, c'est une pièce de choix.
Parce qu'évidemment tout se joue aussi au micro. On sait depuis un moment que Kam Lee est un monstre et il le démontre encore ici avec sa voix grasse et nerveuse, mais la cerise sur le gâteau reste la ribambelle de guests qu'on croise ici. Un par morceau, minimum. Rien que ça. Oh, jamais de grand solo ou performance incroyable, globalement ils sont là pour faire les chœurs sur les refrains (à savoir gueuler le titre du morceau, vous-même pouvez le faire aussi dès la première écoute), mais on y croise du beau monde, que ce soit rien de moins que Dave Ingram ou Mark Riddick, les mecs de Cardiac Arrest et... Oh et puis vous irez faire un tour chez Metal Archives hein. Mais cette orgie transcende les titres les plus tubesques, tous ces "Modern Day Cannibal", "Chainsaw Carnage" (et ses samples de tronçonneuse délicieusement kitschs), "Chrome Skull", "Carnivore Beneath" et tout ça, qui en deviennent d'énormes hymnes épiques à trois notes qu'on peut reprendre ivre mort en fin de soirée en titubant au milieu du salon, fier d'avoir réussi à changer la musique et cassant les couilles à tous les autres gens qui voulaient écouter du Doom.
Voilà. Un album basique de chez basique qui fait plaisir à entendre des fois parce que ce genre d'énergie a du bon. Si vous voulez du Death qui tronçonne à coups de saturation en composant des morceaux abrutis et spontanés, pour gueuler des refrains et bouger la tête, ben vous avez trouvé un joli compagnon qui devrait bien tenir la longueur le temps de 5 ou 6 écoutes avant d'être totalement rincé jusqu'à la moelle. De la mauvaise musique, un mauvais album, mais qui fait quand même foutrement plaisir à écouter tellement c'est régressif et touchant dans son intégrité. Le Death Metal que tu peux faire chez toi quand tu démarres, mais en mieux fait, en gros. Oublié dans 6 mois mais ayant eu le temps de coller une belle patate entre temps !
Tracklist :
1 – The Antropophagist Inferno
2 – Modern Day Cannibal
3 – Chainsaw Carnage
4 – Horrors in the House of Human Remains
5 – Chawed, Mauled & Gnawed
6 – Il Sesson Bizzaro Di Cannibali
7 – Chrome Skull
8 – Below a Murder of Carrion Crows
9 – Carnivore Beneath
10 – Untold Story : Human Pork Bun
11 – Cannibal Crematorium