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Album

19 octobre 2015 - Ludwigrgf

Motörhead

Bad Magic

LabelUDR Music
styleRock'n'Roll
formatAlbum
paysAngleterre
sortieaoût 2015
La note de
Ludwigrgf
8.5/10


Ludwigrgf

LudwigRGF, chroniqueur et live reporter à dominante Black Metal,mais également Thrash, Death, Grind, Crust et Hardcore, made in Clermont Ferrand!

Quand on aborde un album de Motörhead, il y a différentes approches :
  • Le fanatique ;
  • L'amateur ;
  • Et le mec qui s'en branle ou ne connaît que vaguement le groupe.
La discographie du groupe, à mon sens, se présente comme une saga littéraire : si tu te mets en tête de lire les "Dune", tu te dois de commencer par le premier tome car si tu prends l'histoire au beau milieu tu ne captes rien. Tu pourras certes aimer, mais il est fortement recommandé de connaître les tenants et aboutissants pour pleinement apprécier.

Et ce constat est également valable pour Motörhead. On fête cette année les quarante ans de métier du combo britannique, vingt-troisième album studio, et soixante-dix ans de Lemmy Kilmister. On ne chronique pas Motörhead comme tout autre groupe, car on parle ici d'un pilier fondamental de l'Histoire du Rock'N'Roll et du Metal, le groupe ayant évolué à travers bon nombre d'époques, de phases et de genres. Né à l'époque du Rock Psychédélique et des acides, façonné dans le moule de la culture Heavy Metal Britannique naissante, mature alors que le Thrash en était à ses premiers balbutiements, Motörhead fait partie intégrante des fondations de la musique "extrême" moderne.
 

C'est donc avec l'oeil, l'oreille, et la plume du fan de longue date que je parlerai ici de Bad Magic, quelques temps après sa sortie, une chronique à froid étant d'un meilleur effet pour un album pareil.

Certains avancent que Motörhead ressert le même gratin à chaque album. On ne va pas nier que l'on retrouve une logique, des riffs, un sens du rythme et des titres qui au premier abord se ressemblent beaucoup, mais c'est bien pour cela qu'il faut prendre le temps et plusieurs écoutes pour discerner les subtilités d'un album sur l'autre. Le son de Motörhead évolue, le groupe semble constamment fonctionner par "phases" de trois ou quatre albums qui partagent un son commun, qui se fondent quelques peu les uns dans les autres, pour arriver sur le dernier album de la série, plus abouti du lot. Le dernier lot en date était le quatuor Hammered, Kiss Of Death, Inferno, Motörizer, les deux derniers étant de loin les plus aboutis et plus emblématiques de ce lot, aux sonorités beaucoup plus Metal que Rock'N'Roll.
 
Motörhead ayant achevé ce cycle, ils en entament un nouveau avec The World Is Yours en 2010, suivi par Aftershock en 2013 et enfin Bad Magic sorti cette année, album le plus poussé des trois, qui annonce ici avec beaucoup plus de clarté les sonorités du groupe. Un son dépouillé de son ancien aspect Metal, beaucoup plus Rock'N'Roll et direct, rappelant à de nombreux fans les albums Orgasmatron et Rock'n'Roll. On ressort les perfectos et la Gibson Explorer pour des riffs plus simples et accrocheurs, un son plus énergique et direct, plus gras et lourd que sur la précédente phase très teintée Heavy. L'accent est mis ici sur une base rythmique épaisse et répétitive, les solos de Phil Campbell apportant une touche de sophistication à des morceaux crus et agressifs.

Motörhead évolue, et nous livre ici un album imprégné de sonorités que l'on peut retrouver éparpillées sur toute la discographie du groupe le plus assourdissant du monde, Electricity sonne comme Smiling Like A Killer (présent sur l'abum Inferno) alors que Evil Eye et son intro de batterie serait une version ralentie d'Overkill et Till The End une refonte de I Ain't No Nice Guy (que l'on retrouve sur l'abum March Or Die).

Encore une fois Motörhead sait renouveller sa recette en gardant les mêmes ingrédients, c'est l'album qu'attendaient les fans déçus par The World Is Yours et ragaillardis par Aftershock. Tous les éléments sont en effet là : la voix toujours aussi singulière de Lemmy, les breaks Heavy de Phil Campbell, le jeu de batterie tout en roulements de Mikkey Dee, et surtout les "Hymnes". Car oui, c'est aussi ça Motörhead, des morceaux cultes sur chaque album, Motörizer avait Rock Out, The World is Yours avait I Know How To Die et Aftershock avait Heartbreaker. Ici nous trouvons encore une fois le chant à entonner une canette à la main avec Victory Or Die, qui est tout aussi clair, concis, que puissant et vibrant. Motörhead nous démontre encore une fois que le Rock'n'Roll se passe de fioritures. La recette est du reste assez simple puisque tout réside dans l'énergie qu'on y investit. La clôture de l'album, une cover de Sympathy For The Devil des Rolling Stones,nous le rappelle d'ailleurs bien. A travers cette reprise, Lemmy semble vouloir nous dire "essayez toujours les jeunes, on a déjà joué ce qui pouvait se faire de mieux à l'époque" comme pour affirmer encore une fois que (comme tous les connards dégarnis se plaisent à le dire à chaque pause clope de n'importe quel concert de France) : "Le Rock'n'Roll c'était mieux avant et on l'a connu".
 
En somme, un album qui, sans être surprenant, vient combler les attentes des fans et nous laisse espérer le meilleur pour la prochaine sortie que l'on est en mesure d'attendre pour fin 2016 si le trio continue de suivre son rythme de croisière.

Tracklist:
1. Victory Or Die
2. Thunder & Lightning
3. Fire Storm Hotel
4. Shoot Out all of Your Lights
5. The Devil (avec Brian May de Queen)
6. Electricity (lyric video ici)
7. Evil Eye
8. Teach Them How To Bleed
9. Till The End
10. Tell Me Who To Kill
11. Choking On Your Screams
12. When The Sky Comes Looking For You
13. Sympathy For The Devil (reprise des Rolling Stones)