Rob

Soit je deviens un blasé du death metal, soit j'ai l'impression que les sorties intéressantes se font de plus en plus rares. Entre Prostitute Disfigurement qui reviennent en pilote automatique, un Behemoth m'ennuyant au possible, il n'y a guère que Lvcifyre qui m'a sorti de ma torpeur. Alors quand j'ai su que Corpsessed allait enfin sortir un album, après un excellent EP (The Dagger & the Chalice, Rob seal of approval 2011), je me suis dit que, ça y est, 2014 allait enfin se bouger le gras. Hélas, on reste dans le mi-figue mi-raisin. Explications :

Corpsessed pratique toujours ce death old school, à mi chemin entre la scène européenne (Demigod, ça vous parle?) et la scène US (Incantation, mon amour). La ou l'EP méritait le détour par ce mélange, entre nous plutôt bien foutu, l'album subit l'effet de la redite. Et en plus il est long, trop pour le style.
Oubliez les variations de tempo fréquentes, ici c'est majoritairement du mid-tempo. Pas que la lenteur me dérange, bien au contraire, certains morceaux en profitent pour balancer de la lead evil qui tape la où ça fait mal (Necrosophic Channeling bien que trop long ou encore Of Desolation pour n'en citer que quelques un).

Alors qu'est-ce qui cloche docteur? Et bien, en dehors d'un manque de personnalité plus frappant que sur l'EP (un comble!), Corpsessed a décidé de miser sur le coté lourd. La où ça coince, c'est que ça donne un aspect générique à l'ensemble. Il y a bien Trepanation qui bourre un peu, mais il faudra attendre Ravening Tides pour que ça commence à se réveiller. Car là, on retrouve le plaisir d'antan. Ce mélange de parties rapides couplées à des passages lourds, remplis de leads à en plus finir. Pas que la première partie soit nulle. Elle est juste moins marquante. Il n'y a que l'inutile intro Invocation qui pour ma part reste vraiment mauvaise.

Une impression de relative mollesse pointe ainsi le bout de son nez. Trop de lourdeur tue la lourdeur comme on dit, et nos finnois se sont fait un plaisir d'emplir l'album de passages maousses. Malheureusement, ce ne sont pas les quelques blasts ici et là qui vont changer la donne, le peu de variations n'aidant pas non plus à la lassitude latente qui se sent ici.

Quand on est habitué à ce genre de death metal, l'écoute en devient presque prévisible. Aucune vraie surprise, mais au moins pourra-t-on féliciter Corpsessed de ne pas être tombé dans la facilité et de ne pas avoir repris d'anciens morceaux pour faire du remplissage.

La production quand à elle reste poisseuse même si moins puissante que sur l'EP (et oui, encore). Cependant tous les instruments restent audibles. Seule la voix est en retrait et la grosse caisse pas si audible que ça, sauf lors des (rares) tapis de double pédales. Quant à la pochette, elle est typique du style, hormis ce rayon de lumière venant de nul part. Choix étrange d'ailleurs.

Alors, quid de ce Abysmal Thresolds? Ce n'est pas un mauvais album en soi, il est même très agréable sur quelques passages lors de sa première moitié et surtout pendant sa seconde partie. Non c'est plutôt qu'il n'a rien de spécial qui le démarque de la masse et je ne suis pas sûr que dans 5 ans, on le ressortira fréquemment. Un petit album sympathique à se mettre sous la dent entre un Svn Eater et le futur Dead Congregation. En espérant que la suite soit plus intéressante.

1. Invocation
2. Of Desolation
3. Trepanation
4. Sovereign
5. Necrosophic Channeling
6. Ravening Tides
7. Apotheosis
8. Demoniacal Subjugation
9. Transcend Beyond Human
10. The Threshold