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En l’espace de 25 ans, le petit label hollandais est devenu l’une des valeurs sûres de la scène metal proposant un catalogue très souvent novateur et rempli de noms qui ont marqué toute une génération allant de Sepultura à Slipknot et Machine Head en passant par Deicide, Suffocation, Nickelback, Fear Factory, Chimaira ou King Diamond. Afin de fêter dignement leur quart de siècle, le bureau américain du label a donc décidé de sortir une compilation on ne peut plus inédite réunissant 56 artistes différents issus de 44 groupes qui ont marqué l’histoire de Roadrunner Records afin de nous interpréter 18 nouveaux titres avec des line-up tous plus inédits les uns que les autres ! Enfin, dernière information, mais non des moindres, Monte Conner (directeur artistique de RR US) a décidé de confier la lourde tâche de composition des morceaux à 4 capitaines qui seront chacun en charge de 4/5 titres. Naturellement, le choix de ces capitaines ne s’est pas fait au hasard ! Outre l’incontournable Rob Flynn (Machine Head), on retrouve le revenant Dino Cazares (Fear Factory, Brujeria) aux manettes ainsi que le batteur Joey Jordison (Slipknot, Murderdolls) et la figure de proue du renouveau du label, j’ai nommé Matthew K. Heafy (Trivium) engagé au pied levé pour pallier le refus de Max Cavalera (Sepultura, Soulfly) préférant se concentrer sur la promo de son cinquième opus avec Soulfly : Dark Ages ! Mais alors, quid de cet album qui paraît ô combien alléchant à en voir ces all-star line-up ?!
La première chose qui frappe après la première écoute, c’est la très grande diversité des morceaux couvrant tous les panels musicaux possibles - du death au thrash old school en passant par le heavy, l’emo, le black, le punk, le hard rock ou la pop - afin de toucher la plus grande catégorie d’auditeurs, quitte à nous pondre des titres qui sentent le réchauffé à plein nez ! Autre point négatif, les morceaux souffrent terriblement d’un défaut d’originalité, notamment les compos du gamin de Trivium qui ne dégagent aucune saveur à proprement parler, notamment la nullissime I Don’t Wanna Be (A Superhero) !
Toutefois, derrière ces sévères critiques qui marquent ma déception par rapport à ce que l’on était en droit d’attendre d’un tel album, on obtient tout de même un très bon album qui vaut amplement la peine d’être acheté ! Ma chronique peut s’arrêter là pour les plus fainéants d’entre vous, pourtant, je vous conseille de lire la suite afin d’en savoir un peu plus sur ce projet démentiel…
C’est The Dagger, morceau composé par Flynn, qui entame donc cette compil’. Malgré l’efficacité du titre, on flirte hélas avec les clichés du metalcore que ce soit du point de vue de la double pédale, des mid-tempos ou des plans plus mélodiques ; et pour ne rien arranger on retrouve l’ignoble voix de Howard James ("nouveau" hurleur de Killswitch Engage) en tant que lead singer. En fait, seul le solo de Jeff Waters (Annihilator) apporte une touche de fraîcheur au morceau. Heureusement, la suite est bien plus riche et intéressante et c’est de ça dont je vais vous parler. La première grosse claque de cette album vient de The Enemy malgré son côté metalcore très prononcé, la section rythmique de Roy Mayorga (Soulfly) couplée avec la voix de Mark Hunter (Chimaira) frappe fort et fait oublier la faiblesse des riffs du gros Dino. Mais la première véritable surprise de cet album vient du titre composé par le semi-homme de Slipknot, Joey Jordison. En effet, Annihilation By The Hands Of God nous surprend par sa brutalité où l’on retrouve avec plaisir Glen Benton (Deicide) et sa bouteille de whisky derrière le micro ! Le trio James Murphy – Steve DiGorgio – Matt DeVries se chargeant de nous asséner des riffs assassins et du bon gros branlage de manche bien rapide afin de nous calmer, quant à Joey le registre du death colle parfaitement à son jeu de batterie ultra speedé et syncopé ! La seule chose qui me choque dans ce titre est le côté légèrement trop clean de la production qui est assez inhabituelle pour des gens comme Benton, DiGorgio (Death) ou James Murphy (Death, Testament). Une fois des morceaux plus rock et calibrés FM comme The End ou Tired’N’Lonely, on débouche sur ce qui est sûrement le meilleur titre de cet album rétrospectif. En effet, le duo de rêve Cavalera / Flynn sur Independent (Voice Of The Voiceless) fait mouche d’entrée grâce à un titre parfaitement adapté aux compétences du sieur brésilien ! Jeff Waters est une nouvelle fois présent pour nous dégoter de je ne sais où un sublime solo. Des titres et des line-up comme celui-là on en redemande ! Mais il est temps d’enchaîner sur la décevante Dawn Of A Golden Age, seul titre black de l'album et qui souffre d’un côté trop linéaire et pas assez sombre… Bref pas de quoi casser 3 pattes à un canard et on aurait préféré que la machine à blaster Mike Smith (Suffocation) n’ait pas échoué dans l’équipe de Heafy pour nous en mettre plein les esgourdes.
Quant à The Rich Man, il fait quelque peu OVNI dans cette compil’, pourtant le côté sombre et oppressant du morceau colle parfaitement avec la voix et les paroles de Corey Taylor (Slipknot, Stone Sour)… Colin Richardson a d’ailleurs fait un travail d’orfèvre en ajoutant un léger côté crade et saturé aux niveaux des guitares décuplant ainsi le sentiment de malaise qui se dégage de ce titre comme aime à faire Slipknot dans la seconde moitié de ses albums ! On pourra seulement reprocher à la batterie d’Andols Herricks (Chimaira) d’être trop linéaire et mécanique… Une rythmique un peu plus spontanée et déconstruite aurait certainement mieux collée ! Pour moi, l’un des meilleurs morceaux de cette compil’, mais il est clair que beaucoup ne seront pas de mon avis !
En parlant de Slipknot, Joey Jordison nous épate avec le morceau No Way Out à des lieux de l’extrême, le batteur de SK nous propose un titre aux sonorités emo avec Daryl Palumbo (Glassjaw, Head Automatica) derrière le micro. Le morceau est extrêmement rafraîchissant et enlevé, mais on regrettera tout de même que Daryl ne place aucune ligne de cri comme sur Glassjaw.
Je ne m’étendrais pas sur Baptized In The Redemption, morceau taillé pour Dez Fafara (Coal Chamber, DevilDriver) et sa voix schizophrénique à coup de gros riffs syncopés et d’une basse bien plus lourde que sur le reste de l’album, mais je préfère vous parler de Roads. Et là, oh mon Dieu ! Quel scandale ! Tout d’abord, les plans de claviers d’intro ont littéralement été pompé sur un titre de Manson, mais ce qui me choque le plus, c’est la durée du titre… 2 min 25 pour Mikael Akerfeldt ! Encore, si le bonhomme hurlerait ses tripes à coup de growls d’outre-tombe comme avec Bloodbath, ce serait compréhensible, mais ici Josh Silver (car oui, ce n’est pas l’un des 4 capitaines qui a composé le titre) cherche à développer l’ambiance calme et planante d’Opeth… Ce qui est impossible en moins de 3 minutes ! Quel gâchis surtout lorsqu’on sait que la compo suivante, ultra simpliste au passage, dure près de 6 minutes...
La compilation touche à sa fin, Army Of The Sun a également retenu mon attention pour son intro très 36Crazyfists alors que le groupe n’y ait même pas représenté. Décidément, les compos de Robb Flynn sont celles qui retiennent le plus mon attention ! Quant à No Mas Control, elle sent à plein nez les B-Sides de Fear Factory époque Dino, seul le timbre de voix - étrangement bon - de Christian Machado (Ill Nino) se détache un peu de cette impression !
Enfin, The All Star Sessions s’achève sur Enemy Of The State avec son côté très grandiloquent aux réminiscences Doom… Joey Jordison a su parfaitement comprendre l’ambiance de Type O Negative que ça soit au niveau de la composition, qu’au niveau de sa façon de marteler ses fûts bien plus lente que d’ordinaire.
Il faut également souligner que cet album est disponible en plusieurs versions (Roadrunner oblige…) dont une version limitée avec un DVD d’une heure montrant le processus d’enregistrement dans les 4 studios. C’est cette version là que je vous conseille, tant le DVD est passionnant, parfaitement monté et instructif. Je reprocherais juste un côté légèrement trop stakhanoviste des vidéos montrant constamment une bonne ambiance, notamment chez Flynn (le passage où ce dernier promène son chien est cultissime) et Jordison (et ses multiples délires dans l’antre de Des Moines). Il aurait été intéressant de savoir comment le label à réussi à persuader Glen Benton, par exemple, de jouer dans cette compil’, tant le divorce entre Deicide et RR s’est difficilement passé !
Pour conclure, car il faut bien que j’achève ce monumental pavé qui est à l’égal des line-up présents sur cet album : ENORME ! Alors certes, cet album ne déborde pas d’originalité, mais on y retrouve pour tous les goûts et toutes les saveurs ! Ainsi, chacun aura ses titres de prédilection voire ses compositeurs… Pour moi Flynn et Jordison remporte la palme haut la main ! Toutefois, on ne pourra que regretter l’absence de personnes qui ont marqué l’histoire de Roadrunner comme Burton C. Bell où des groupes plus hardcore comme Madball, Biohazard ou Hatebreed (un titre avec Jamey au chant dans la team de Flynn, ça l’aurait sûrement fait) ainsi que Chad Kroeger (Nickelback) qui a tout de même bien marqué l’histoire du label ! Enfin, on saluera l’idée de Conner de nous avoir sorti un tel disque d’anthologie au lieu de nous vendre leur traditionnel best of à la The Heart Of Roadrunner qui n’apportent strictement rien à l’auditeur si ce n’est une délestation financière inutile !
Vous l’aurez compris, ce n’est pas l’album du siècle comme pouvaient le laisser croire les line-up tous plus alléchants les uns que les autres, mais cela reste un album incontournable à acheter et en édition limitée si possible !
1. The Dagger
2. The Enemy
3. Annihilation By The Hands Of God
4. In The Fire
5. The End
6. Tired N' Lonely
7. Independent (Voice Of The Voiceless)
8. Dawn Of A Golden Age
9. The Rich Man
10. No Way Out
11. Baptized In The Redemption
12. Roads
13. Blood & Flames
14. Constitution Down
15. I Don't Wanna Be (A Superhero)
16. Army Of The Sun
17. No Mas Control
18. Enemy Of The State