Un mec qui écrit des trucs.
Voilà un album que j'ai mis un bon petit moment à réussir à chroniquer. Pas que ce soit un truc trop complexe ou inaccessible, ni trop éloigné de mes écoutes ou je ne sais quoi. Enfin, si, c'est éloigné, mais j'ai fait pire. C'est juste que rarement j'ai à la fois écouté du Metal Extrême et un truc aussi pédé. Et attention hein, juste pour clarifier et revenir sur le vocabulaire, le mot "pédé" n'a ici rien d'homophobe. On peut très bien bouffer de la schneck tous les matins avec son café et être un gigantesque pédé, tout comme le plus grand avaleur de chibres de la terre reste potentiellement moins pédé que tous les fans d'Opeth réunis (comme le dit Maître Papacito : "Je suis pas pédé, j'encule des hommes, c'est différent"). C'est juste une notion qui définit le point de convergence de la niaiserie, la fragilité et la préciosité. Rien de sexuel, que du sensible. Et du coup, cet album de Moonlyght est l'album qui m'a le plus donné envie de me faire tringler par une licorne depuis que le Glam est retourné au fond du Glory Hole qu'il mérite. Voilà.
Après deux albums au moins aussi virils que celui-là, nos Canadiens reviennent donc après 7ans d'absence studio pour une sortie chez Blast Head Records, label normalement bien plus velu que ça, mais quand on connaît l'amour pour Amorphis de son patron, plus rien ne nous étonne. Et ça donne dans le (tenez vous bien) Metal Progressif Symphonique avec des influences Médiévales et Folk. Et du chant clair masculin et féminin entre les growls. Quand je disais pédé à fond. Tout ça se condense en de longues pièces tapant pour la plupart dans les 8-9min pour donner une ambiance de conte de fées onirique toute mignonne. Et quand je dis conte de fées, vous attendez pas à la princesse et le dragon à la Rhapsody, ici on a davantage l'impression qu'on nous parle d'une famille d'ours qui mange des pommes ou de reine des écureuils. Bon, oki je suis un peu méchant, on a quand même des passages bien incisifs ("Human Remembrance", petite perle d'efficacité et titre le plus court, ou la mastoc "Revelation From the Other Side") mais globalement c'est du choupi qui devrait pas faire peur à grand monde. Et sinon, c'est bien ? Bah... Bah ouais.
Affichant les quelques 1h11 au compteur, ce dédale fait peur tellement chaque morceau est au final un sacré labyrinthe qui nous en fait voir de toutes les couleurs, passant du lapin à la fée clochette sans cesse, mais admirablement bien composé et varié. La base est un Black Metal mélodique très léger (faut dire que les têtes pensantes sont également dans Sorcier des Glaces, Métal Noir Québécois reprezent) qui multiplie les influences et se la joue épique et poignant, et kitsch à mort également. Les morceaux peuvent se montrer enlevés (les chants clairs rocailleux du refrain de "Dwelling in Earth's Shadow" font lever le poing) ou juste mignons et entêtants. Mon préféré de tous, "Universal Pain", bâti autour d'une mélodie principale qui reste en tête à vie tant elle a des allures d'air traditionnel sans en être un, qui aurait pu être accouchée par un Amorphis en grande forme. On reste donc à écouter cet enchevêtrement de lignes de guitares qui passent d'un riffing à la Immortal sur les parties les plus brutes à du Mélodeath type Finlande ou lignes Heavy quand c'est pas carrément les accalmies qui sortent les flûtes et les violons. Et autant c'est bien, autant à la longue ça finit personnellement par un peu me gaver.
C'est bien joli de tricoter de la mélodie enchanteresse et d'accélérer gentiment de temps en temps, mais à foutre de cette manière des claviers partout et une production aussi molle pour la batterie et les guitares, on finit par décrocher. Tout semble enveloppé dans le coton pour nous installer confortablement dans notre siège, ce qui fait que peu importe les merveilles qui nous sont contées, on est spectateurs et jamais acteur. On se dit que c'est joli mais il est rare que les torrents d'epicness et autres prennent vraiment aux tripes. Et c'est dommage vu le fourmillement de bonnes idées. Parce qu'ils ont de la créativité à revendre, et savent gérer les moments forts des compositions, mais ce côté trop passif me gêne personnellement. Pour les titres les plus tubesques, pas de souci ("Return to Desolation" est à ce niveau là un modèle, pas facile de faire un hit ultra efficace de 8min30) mais la fin de l'album patine pas mal. Le meilleur exemple serait "(To a) Ghastly Future", admirablement composée, avec un break plus que bien amené et au pouvoir évocateur fort, mais chiante comme la pluie. Tout juste on se dit "oh lol c'est du Français" au début d'une "Revelation From the Other Side" (oh coucou Blind Guardian) bien fichue et énergique tentant de relancer l'album mais arrivant trop tard.
Bref, donc que conclure ? Que tous ceux qui sont adeptes de Metal Extrême cinématographique, féérique et un tantinet niais seront aux anges, qu'il y a tellement de tout là-dedans que chacun y trouvera son compte par moments mais que le tout reste quand même sacrément trop étiré et dur à enchaîner car les baisses de régime pardonnent pas. Certes, c'est ultra pédé comme pas permis, mais l'équilibre entre efficacité et Prog reste bien dosé, donc rien que pour ça il est dur de ne pas recommander l'album ne serait-ce que pour ses plus belles pièces. Pas un indispensable mais une curiosité à découvrir avec son rosé framboise à la main.
Tracklist :
1 - Return to Desolation
2 - Human Remembrance
3 - Dwelling in Earth’s Shadow
4 - A Distant Illusion of Freedom
5 - Universal Pain
6 - The Sweet Poisoned Light
7 - (To a) Ghastly Future
8 - Revelations from the Other Side
9 - Blowing Winds