Chroniqueur et Live reporter Stoner, Doom, Sludge, Funeral Doom, Black, Experimental, Avant garde & Progressive rock/metal.
« To The Other », le dernier opus du jeune trio Saturnalia Temple a été présenté dans l'ombre en France. C'est en plein cœur du marché aux puces de Saint-Ouen, dans un bar nommé « Le Picollo » que les Suédois ont joué devant à peine 100 personnes.
Bon, c'est underground, ça colle bien à l'ambiance ésotérique et mortuaire du groupe, mais avec un peu de recul, on peut trouver ça un peu dommage que ce dernier ne soit par reconnu à sa juste valeur si on le compare à d'autres (que je ne citerai pas) qui montent en flèche dans la sphère du doom depuis quelques années.
Bon, maintenant, sans vouloir être médisant, concentrons-nous sur la musique!
Il est indéniable que la musique de Saturnalia Temple a été influencée par de grands noms comme Sleep, Om ou Acid Witch. D'ailleurs ils le revendiquent eux-mêmes. Cependant, elle possède clairement sa patte, et sort vraiment du lot, sans doute du fait de sa dissonance, mêlée à des textures peu habituelles et malsaines. Le groupe ne cherche clairement pas à sonner comme untel ou untel, et ça fait du bien dans une scène, certes très riche, mais parfois consanguine, où l'on retrouve pas mal de redondances entre les groupes.
Il ne faut pas attendre longtemps pour s'en rendre compte. Dès l'introduction chaotique qui glace le sang va s'enchaîner « Zazael Sorath », morceau basé sur des accords répétitifs envoûtants et méchamment entêtants, saupoudrés au début, d'un court solo habilement fondu dans la composition, peu de temps avant que la voix du chanteur/guitariste ne surgisse... Mais quelle voix !
Rocailleuse, profonde mais aussi très psychédélique grâce aux effets de delay et/ou de reverb encore une fois habilement maniés. Il y en a pile ce qu'il faut !
Jusqu'à présent si on connaît un minimum Saturnalia Temple, on a pas l’impression d’être déboussolé... ou alors... Si! On est perdu dans des limbes mystiques et infernales et c'est là qu'on reconnaît l'esprit du groupe! Mais là où on l’album surprend le plus, c'est au 3eme morceau; « To The Other », morceau éponyme, musicalement construit comme beaucoup d'autres (un accord ou une mesure répétés à l'infini, mais évoluant dans un macabre exquis et sombre) mais cette fois, sonnant très différemment. On se sent marcher sur des terres familières, comme si on revenait chez soi après un long voyage. Ce morceau ouvre une porte vers des sonorités plus mélancoliques.
La suite de l'album vacille entre des passages plus aériens et psychés, et d'autres plus durs qui rappellent le morceau d'ouverture. « Snow Of Reason », par exemple, varie entre ces deux états avec un riff dévastateur annoncé au milieu de la composition après une mise en bouche très progressiste et envoûtante.
L'album reste bien ficelé jusqu'à la fin car d'une piste à l'autre on constate de la nouveauté, et malgré la longueur des morceaux, on ne se lasse pas. Le riff de « Black Sea Of Power » par exemple crée une rupture nette avec le morceau précédent; « March Of Gha'agsheblah » plus fondu et lourd.
Cette lourdeur, on la retrouve jusqu'à l'avant dernier morceau « Crowned with Seven », avec un riff toujours aussi simple, efficace et qui suffit à lui-même. Saturnalia Temple nous a toujours habitués à des compos qui vont droit au but, sans en faire des caisses et des caisses, et ce n'est pas prêt de s'arrêter !
Le dernier morceau, « Void », le montre encore une fois mais là, on a affaire (comme son nom l'indique) à un voyage spatial, lent et propice à l'introspection.
Globalement ce nouveau Saturnalia Temple est plutôt homogène, beaucoup plus qu' « Aion Of Drakon », son prédécesseur. Bien que l'on y retrouve des similitudes, on sent que le groupe ne cesse d’évoluer sans se contenter d'une unique recette. Déjà, dès l'EP « Impossiblium », sorti 2 ans plus tôt, avec 2 morceaux relativement calmes, ou même plus expérimentaux pour le groupe, on pouvait anticiper l'essence de « To The Other ». On est vraiment loin de titres comme « God is Two », qui est à la limite du black metal avec une voix sans effets de delay, ou Black « Magic Ritual », avec une voix claire et chantée. De plus, on remarque également plus de maturité dans les compositions, avec des riffs moins saisissables, plus recherchés, basés sur des structures de moins en moins habituelles.
Tracklist :
1. Intro
2. Zazel Sorath
3. To The Other
4. Snow Of Reason
5. March Of Gha'agsheblah
6. Black Sea Of Power
7. Crowned With Seven
8. Void