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Album

10 septembre 2015 - Dolorès

Sabbath Assembly

Sabbath Assembly

LabelSvart Records
styleDoom / Occult Rock
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortieseptembre 2015
La note de
Dolorès
7/10


Dolorès

Non.

Cela doit être difficile, en 2015, de sortir un nouvel album pour SabbathAssembly. Mené au chant depuis maintenant un certain temps et une certaine succession d'albums par Jamie Myers, le groupe était à l'origine, sur "Restored To One", porté par la voix de Jex Thoth. On peut imaginer que ce doit être assez intimidant, quand on voit le succès que Jex remporte avec son projet personnel, notamment depuis "Blood Moon Rise", d'aujourd'hui sortir cet album éponyme, attendu comme un symbole d'affirmation et de maturité.

Il faut avouer, pourtant, que Jamie Myers s'en tire tout à fait bien et ce, depuis sa première apparition dans le groupe. Elle a le mérite d'avoir réussi à porter vers le haut Sabbath Assembly, en ayant, il faut le dire, moins de charisme et de maîtrise vocale que sa prédécesseuse. Son timbre particulier et sa manière d'aborder ses lignes vocales montrent qu'elle a trouvé une voie qui convient tout à fait au groupe. A la fois dans ce changement d'approche et dans la branche beaucoup plus personnelle qu'a empruntée Jex, on peut aujourd'hui dire que les deux projets se sont tout à fait détachés et distingués, approfondissant chacun de leur côté ce qui les rend unique.

Ce qui est surprenant avec Sabbath Assembly, c'est que ce dernier album est véritablement mélodieux et dynamique, encore un peu plus loin de l'étiquette Doom qu'on a trop souvent collé au groupe, et limite bien Heavy par moments. A vrai dire, avec ses ambiances assez lumineuses mais angoissantes, son chant féminin et ses thématiques, on aurait pu très facilement basculer du côté "Gothic Metal" ridicule. Malgré cela, grâce aux compositions riches et au timbre de Jamie Myers, Sabbath Assembly parvient à garder une figure assez majestueuse, aux accents parfois groovy, parfois plus solennels. Bel exemple, mon titre favori, et de très loin est "Burn Me, I Thirst For Fire", et on y sent à la fois l'Occult Rock envoûtant et un côté incisif très métallisant, tout en gardant le chant très expressif et chaud surmontant l'ensemble.

On ne peut pas nier qu'ils savent composer des lignes mélodiques entêtantes quand on écoute "Only You" notamment, tout en tentant à petite dose d'installer des structures rythmiques et des enchaînements parfois inattendus et déroutants. On est bien loin de la froideur sacrée de "Quaternity". Ce nouvel album amorce le réveil du monstre, la danse démoniaque et la fête au goût de soufre. Sabbath Assembly est toujours malgré cela, très lié au domaine religieux, confrontant Dieu et Satan comme ils confrontent admirablement bien le calme à la tempête dans leur album, s'inspirant à la fois de passages bibliques ou d'Aleister Crowley pour certaines strophes de leurs textes. Tout au long de l'album, on passe des incantations saccadées ("Ave Satanas") aux désolations lyriques ("Sharp Edge of the Earth") qui donnent à Jamie un caractère théâtral de femme complètement possédée mais dévouée. Il y a réllement une touche qui rappelle la figure de comédienne, d'interprète, surtout lorsqu'on sait qu'elle donne vie à des paroles écrites par David, le batteur et fondateur du groupe.

Ils avouent eux-mêmes que la majorité de leurs compositions prennent vie à partir d'une ligne vocale où viennent se greffer les autres parties instrumentales afin de lui donner une consistance, une atmosphère précise et la porter au paroxysme de sa poésie. C'est ce qui frappe à la première écoute de l'album et ce qui permet de réellement distinguer le projet d'autres groupes parfois proches mais plus "Doom", qui ont tendance à s'articuler autour d'un riff ou d'un feeling. En ce sens, Sabbath Assembly part d'une toute autre idée qui les sort réellement de leurs influences Metal et leur permet de voguer à leur guise entre toutes les limites habituelles.

Ce n'est pas pour autant qu'il n'y a que le chant dont on puisse faire l'éloge. Parfois, sur de très longs passages, les guitares et la batterie s'écrasent pour le laisser faire son show et raconter son histoire, comme sur la première moitié de "Apparition of the Revolution". Néanmoins, les instruments se réveillent ensuite, un solo par ci, un arpège, une sonorité bluesy par là, un riff bien violent pour achever le tout, histoire de compléter à merveille ce qui n'était auparavant qu'entamé. N'oublions pas que c'est également le son des guitares et le jeu de batterie qui donnent un caractère borderline à l'ensemble, entre un Doom / Heavy et un Rock occulte, la musique sacrée, et un feeling groovy surprenant.

Ce n'est pas pour autant l'album qui me fera devenir une fan absolue de la formation américaine. Mais il faut avouer qu'il porte bien son nom en tant qu'opus éponyme, apportant réllement une affirmation de ce qu'ils ont déjà pu faire par le passé mais en y développant toute la richesse qu'ils n'avaient pas toujours bien exploitée auparavant. Ces 9 titres forment finalement un ensemble majestueux et puissant qui était encore légèrement bancal sur les sorties précédentes.

« Burn me, I thirst for fire
And on these bright red wings
I’ll take you higher »

1. Risen From Below
2. Confessing A Murder
3. Burn Me, I Thirst For Fire
4. Only You
5. The Firey Angel Of Desire
6. Ave Satanas
7. Sharp Edge Of The Earth
8. Apparition Of The Revolution
9. Shadows Of Emptiness