On ne va pas se mentir, lorsque j’ai appris, il y a de ça quelques mois, que le nouveau Ghost allait s’appeler Meliora, j’ai esquissé un rictus. Quelle prétention ! Après le popisant Infestissumam qui prouve que les Suédois avaient de beaux restes (Body and Blood et Year Zero principalement), sans pour autant arriver à la cheville de l’Opus Eponymous, j’avais peur que Ghost suive le chemin d’Airbourne et sombre définitivement, avec son troisième album, dans l’auto-parodie crasse, la faute à un manque de renouvellement et d’inspiration. Mais en fait, désolé pour le spoil, je suis un con médisant et Meliora démonte absolument tout. Et c’est mieux comme ça.
Maintenant que vous savez tout, on va vite fait s’arrêter sur les 2-3 trucs qui ne vont pas avant d’expliquer en quoi Meliora va être sans aucun doute un candidat très sérieux qui va s’incruster dans pas mal de « top album de 2015 ». Déjà, n’en déplaise aux fans de Steampunk, de Jules Verne, de Dishonored ou plus généralement d’Art Déco, je trouve l’artwork très laid. Même si c’est une nouvelle fois signé Zbigniew M. Bielak, même si on ne pouvait que très difficilement faire mieux que ses deux prédécesseurs (avec une mention particulière à Infestissumam et sa place Saint-Pierre menacée par Papa Emeritus II), cela n’empêche que cette fois-ci, c’est raté pour moi. D’ailleurs, à propos d’esthétique, les nouvelles tenues des Ghouls et le look cheap de Papa Emeritus III me font également beaucoup de peine mais ce n’est pas le sujet ici. La deuxième chose qui m’a froissé n’est même pas de la faute du groupe : en effet, si, vers le 18 décembre, tu vas dans la chambre de tes parents pour voir tes cadeaux de Noël, le 25, au pied du sapin, t’es forcément moins excité. Là, c’est pareil. Quand un album comporte 8 « vrais titres », il n’est pas judicieux d’en streamer 4 avant la sortie officielle.
Mais à part ça, madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien. L’album a le bon goût d’être assez court pour un maximum d’efficacité. En effet, malgré sa courte durée, l’album s’avère beaucoup plus riche que les deux premiers opus. Alors qu’Opus Eponymous et Infestissumam avaient des directions artistiques bien définies, ici, ça bouffe à tous les râteliers. Ghost a élargi son panel et s’approprie des influences variées (sans jamais tomber dans la mimesis grossière) tout en réemployant ses meilleurs atouts. On retiendra juste que, dans l’ensemble, les riffs prennent plus de place et que la rythmique est plus complexe qu’auparavant. Sinon, chaque piste marque à sa façon : From the Pinnacle to the Pit rappelle Con Clavi Con Dio alors que son refrain hyper catchy évoque Elizabeth. L’ombre du Sabb’ et de ses nombreux héritiers spécialisés en riffs inquiétants plane au dessus de Cirice avant que les ténèbres s’éclaircissent lors de passages rappelant les meilleurs instants d’Infestissumam (j’en ai marre d’écrire le nom de ce putain d’album). Majesty, est, quant à elle, un bel hommage au hard rock 80’s (riff d’intro) ainsi qu’à la NWOBHM (la cavalcade si caractéristique lors des couplets). Je ne vais pas faire tous les titres, ce serait d’un chiant pour vous, et puis après tout, vous avez une culture et des oreilles. D’ailleurs, la diversité de l’album fait que, forcément, des titres fonctionnent moins bien que d‘autres. Pour ma part, Deus In Absentia et Mummy’s Dust (pourtant la chanson la plus agressive de toute la discographie de Ghost) sont les deux maillons « faibles » de l’album. Quant au maillon fort (histoire de filer la métaphore du jeu de Laurence Bocccolini), c’est incontestablement He Is. C’est probablement le titre le plus « free hugs entre hommes » du XXIème siècle mais qu’importe, il est tout simplement parfait.
Bien que, selon une Nameless Ghoul, le titre Meliora ne doive pas être interprété comme « meilleur par rapport au passé/par rapport à l’album précédent », Ghost sort, en 2015, son album le plus travaillé et abouti. Sans sortir des sentiers battus, Meliora est simplement le dernier pavé en date de la Via Sacra sur laquelle triomphe Ghost depuis 2008.
Tracklist:
1. Spirit
2. From The Pinnacle To The Pit
3. Cirice
4. Spöksonat
5. He Is
6. Mummy Dust
7. Majesty
8. Devil Church
9. Absolution
10. Deus In Absentia