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Lofofora, l’un des papes du métal français (le 1er album éponyme de Lofo est sortie il y a déjà dix ans, happy birthday !), nous revient avec un cinquième album, intitulé Les choses qui nous dérangent, deux ans après la sortie de Le fond et la forme. Voyons si la musique du groupe sur cet opus ne nous dérange toujours pas justement…
Première remarque après l’avoir écouté d’un bout à l’autre, la production semble être sensiblement différente, à savoir que le son est assez direct, fait plus son LIVE que studio. Les huit premiers morceaux font la part belle aux rythmiques très typées rock’n roll, voir punk occasionnellement. Le morceau-titre « Les choses qui nous dérangent » est certainement la meilleure chanson de l’album, nous donne envie de chanter le refrain avec Reuno. Ce n’est pas le cas de « Rien au monde », qui est beaucoup moins intéressante musicalement parlant. Les morceaux sans ça sont plutôt variés, ce qui n’est pas évident à affirmer si on ne s’attarde pas sur l’album, vu que le chant peut parfois sembler trop répétitif dans le flow si on ne fait pas l’effort nécessaire de se laisser porter par celui-ci. Reuno n’hésite pas à donner le micro à DJ Tag Off, pour une chanson sonnant plus rap que métal, avec même un passage assez ragga sur les bords, et tout plein de scratch. Elle est plus hardcore dans les paroles que la plupart des autres songs (notre ami rappeur proférant de jolies obscénités), ainsi que dans son sample ("j’adore les putes dans ton genre").
L’intro calme d’ « Humide Song » est un préambule à l’atmosphère dégagé par la seconde moitié de l’album, à savoir un son plus posé, et des paroles plus en avant par rapport à la zik’. Le chant de Reuno est plus parlé, plus langoureux (le rythme un peu punk enragé des deux derniers morceaux nous prouvent le contraire).
Reuno ne s'est d’ailleurs jamais caché être un ferveur amateur de punk, et nous en fait profiter sur « le pire », ainsi que le dernier morceau « Buvez du cul ». Conçernant ce dernier, c’est une chanson à part dans l’album, un gros délire qui est parti de rien. Le groupe a l’habitude de boire une boisson énergétique du nom de "cult" pendant leurs tournées. Il a suffit d’effacer la lettre T finissant le mot pour obtenir un beau « buvez du CUL » (encore fallait il y penser). Les meilleurs délires sont souvent ceux inventés spontanément, on en a la parfaite illustration ici.
D’autre part, vis à vis des lyrics, si sur « Histoire naturelle » entre autres (précédent album), Lofo parlait de l’évolution de l’homme dans son "milieu naturel", il se penche plus nettement sur le rapport des hommes entre eux, leur manière de se comporter les uns par rapport aux autres. On tend toujours vers une notion de possible évolution (la song « quelqu’un de bien »), Reuno et ses sbires ne critiquant donc pas les actions des hommes à proprement parler. Il est indéniable de plus que celui-ci (la maturité venant) s’est nettement calmé dans la teneur des propos dans ses textes, qui étaient résolument plus engagé et hardcore sur les premiers albums (souvenons nous de « macho blues » sur Peuh !, qui abordait le sujet délicat de la pédophilie).
Les choses qui nous dérangent est au final un album plus abouti et varié musicalement que ne l’était Le fond et la forme, mais il me reste à savoir si les mélodies me/nous rentreront dans la tête comme ça avait été le cas pour le skeud Peuh ! (ce dont je ne suis pas sûr). Toujours est il que Lofofora n’a encore une fois pas déçu, et donne à ses fans l’envie de découvrir au plus vite ses nouvelles compositions en live.
1. Les choses qui nous dérangent
2. Rien au monde
3. Accélère
4. Enfant du chaos
5. La peur du vide
6. Le pire
7. Rock'n'roll class affair
8. Mea culpa
9. Humide Song
10. Quelqu'un de bien
11. L'éclipse
12. Aveugle et sourd
13. Mondiale paranoïa
14. Buvez du cul