Bang your Head 2015
Open Air - Balingen
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Ne pouvant (une nouvelle fois) faire l'Obscene Extreme cette année, mon premier fest de Juillet sera donc le Bang your Head Festival à Balingen (sud-ouest de l'Allemagne). Mais quoi de mieux qu'une telle affiche pour se consoler ! Le Bang your Head fête en effet ses 20 ans ce week-end, et on peut dire que l'organisation a vraiment mis le paquet niveau line up pour cette édition anniversaire ! Une superbe affiche pour mon tout premier festival Heavy Metal...
JOUR 1
N'ayant pas pu arriver plus tôt, je rate finalement le warm up de la veille (Nuclear Assault entre autres) ainsi que les premiers groupes de la journée (dont Onslaught). Heureusement que le programme du premier jour n'est pas très chargé me concernant...
Le temps de se faire encore grappiller des sous pour le camping, le parking, l'accès presse et diverses autres broutilles et je m'installe au camping lors du bon I, the Jury de Grand Magus (jouant à ce moment-là sur la Main Stage). Retrouvailles avec les copains, un coup à boire et direction le site...
Death Angel
À part le terrible The Ultra Violence, je ne suis pas très fan de Death Angel. Et après avoir raté leur tournée anniversaire de cet album (aux cotés d'Exodus et Heathen), je n'avais pu voir qu'une seule prestation du groupe, qui ne m'avait pas vraiment convaincu. Ce sera malheureusement la même aujourd'hui. Le groupe est pourtant très en forme, le frontman peut-être un peu trop d'ailleurs. Beaucoup de longs remerciements et de speechs « grande famille du métale » entre chaque morceau. Coté vocaux par contre, rien à dire, le bonhomme n'a rien perdu et nous pousse même des screams très impressionnants sur certains passages. Ses comparses assurent également mais mis à part un inattendu Voracious Souls très bien interprété, je ne suis pas vraiment emballé. Et puis toujours cette putain de frustration en entendant l'énorme intro de Ultra Violence coupée pour un autre morceau. J'espère que le groupe refera une tournée spéciale pour le mythique premier album, je m'en mords les doigts...
Enforcer
Après des années d'indifférence, je commence enfin à apprécier certains albums d'Enforcer. Je mets donc un pied dans la salle (seconde scène) pour assister au show des jeunes suédois. Et ma foi, le quatuor va mettre une très bonne ambiance en ce début de soirée. La voix aigüe de la chanteuse (ah bon, le chanteur ?) est tout aussi puissante en live, en plus des chœurs du batteur. Coté setlist malheureusement, aucun morceau de Into the Night (celui que j'aime bien). Et même si certains morceaux de Death by Fire passent très bien – notamment l'énergique Mesmerized by Fire – je ne suis loin d'être à fond. Les quatre membres sont par contre de vrais showmen, le bassiste et le frontman en tête. Surement le groupe le plus énergique du week-end, je l'avoue. Même si je ne rentre pas complètement dedans, le public a l'air conquis. Les suédois ont vraiment mis le feu à la salle, je dois le reconnaître.
W.A.S.P.
Voilà enfin le seul groupe que j'attends vraiment aujourd'hui. Bien que je ne sois fan que des premiers albums, WASP en live est toujours l'assurance de passer un pur moment Heavy Metal. La bande à Blackie va nous offrir une prestation quasi-irréprochable. Et le légendaire frontman (avec ses bouts de tronçonneuses sur les poignets) est beaucoup plus en forme que l'an dernier au vu de son jeu de scène. Sa voix est toujours aussi puissante qu'en studio, peut-être même un peu trop (on a limite l'impression que c'est du playback par moments, j'ai un doute). Coté setlist, ça ne change pas trop, avec les highlights sur Love Machine et Wild Child. Je suis par contre un peu sceptique concernant les pseudo tentatives de ''fédération'' du public sur I wanna be Somebody (qui qui chante le plus fort entre bâbord et tribord)... Toujours pas de Animal non plus (Lawless ne veut plus le jouer en live depuis sa pseudo illumination religieuse), c'est con c'est le meilleur morceau du groupe. Mais à part ça on passe un très bon moment à chanter en chœurs les refrains cultes des Californiens. Une très bonne prestation pour terminer cette courte journée !
JOUR 2
Je ne les ai pas encore mentionné, mais ces quelques détails sont à prendre en compte, surtout pour cette deuxième journée. Malgré les nombreux points négatifs de ce festival (que je tenterai d'énumérer en fin de report), le Bang your Head possède quelques qualités indéniables. La scène comprend tout d'abord une « digue » en son centre, qui prolonge l'espace de jeu pour les musiciens et leur procure un peu plus de proximité avec le public. Celle-ci n'est pas trop haute ni trop longue pour permettre à tous les spectateurs de voir la scène. D'autre part, le son est globalement très bon en ce qui concerne la Main Stage, rien à redire (sauf exceptions). Enfin, surement l'élément le plus intéressant : les temps de jeu rendent justice à tous les groupes de l'affiche. 50 minutes minimum, (même pour les groupes de 11h du matin) et cela peut grimper jusqu'à 1h45 pour les têtes d'affiche. Un très bon point, surtout vu la qualité du line up de cette année, de quoi se faire plaisir !
Tank
C'est à partir du jeudi que les hostilités commencent vraiment pour ma part. Et c'est les anglais de Tank qui débutent cette journée pour le moins chargée. Malgré ma grande envie de voir les légendes NWOBHM en live, je ne peux m'empêcher d'éprouver quelques craintes quant au nouveau vocaliste (l'ex-chanteur de DragonForce). Et malheureusement, j'en ai la confirmation dès l'ouverture sur l'énorme This Means War. Les vocaux typés Power Metal du chanteur ne collent absolument pas au style Motörcharged de Tank. Et j'ai beau apprécier la setlist (avec entre autres Honour and Blood, Echoes of a Distant Battle ou Stormtrooper), on est vraiment à l'opposé du chant d'Algy Ward, et cela flingue vraiment toute la prestation en ce qui me concerne. De plus, la paire de guitariste, qui est pourtant l'élément essentiel de cette nouvelle formation, n'a pas l'air plus enthousiaste que ça. Je prends plaisir à voir Tucker et Evans sur scène, mais en est-il de même pour eux ?... C'est donc un show assez décevant pour commencer cette seconde journée, mais je m'y attendais un peu quand même...
Jag Panzer
L'ambiance va nettement grimper avec le show des américains de Jag Panzer. Je suis content de voir les auteurs de l'énorme Ample Destruction en live, mais j'avoue que ce n'est pas le groupe que j'attends le plus aujourd'hui. Eh bien je vais prendre une de ces claques ! Un véritable show de la part de tous les musiciens, mené d'une main de maître par le frontman Harry Conklin. En plus de se déplacer absolument partout et fédérer le public comme personne, le chanteur possède toujours une voix tout bonnement surpuissante. J'ai rarement entendu un vocaliste assurer autant en live 30 ans après. Je suis totalement subjugué, pourtant la setlist ne comporte que 3 ou 4 morceaux du premier album (alors que je pensais qu'il serait joué quasiment en entier), mais le show reste excellent. Les morceaux plus typé Power Metal comme Chain of Command fonctionnent parfaitement, et le public entonne tous les refrains à l'unisson. Et pour boucler le tout, les américains nous gratifient d'une énorme reprise de UFO qui termine le set sur une note légère. Voilà un groupe qui n'a vraiment rien perdu en plus de 30 ans de carrière, je ne m'attendais pas à autant de puissance. Première claque de la journée !
Tygers of Pan Tang
Voilà le groupe anglais que j'attends le plus ce week-end (bon il n'y en a pas beaucoup c'est vrai). Tygers of Pan Tang a beau avoir subi de nombreux changements de line up, je ne doute pas de la qualité de leurs prestations live, même après plus de 35 ans de carrière. Et effectivement, le quintette ne va absolument pas nous décevoir en ce début d'après-midi. Un chanteur à la voix claire et puissante (et à la dégaine d'un animateur Club Med, très décontracté) et une paire de guitariste atypique. Entre le vétéran Robb Weir (toujours la classe) et son jeune acolyte qui assure le show sur la digue avec moult soli, les tigres me convainquent totalement. On n'a droit qu'à un seul titre de Crazy Nights mais la setlist est dans l'ensemble très satisfaisante. Je me surprends même à chanter des titres plus récents avec beaucoup d'entrain (comme Rock Candy). L'ouverture et la fermeture sur du Spellbound est un choix tout à fait judicieux, en plus des nombreux tubes de Wild Cat joués aujourd'hui. Pour le coup, ce n'est ni une grosse claque ni une déception, mais exactement ce à quoi je m'attendais de la part des anglais : un excellent concert de bout en bout !
Refuge
C'est maintenant pour moi le moment curiosité du festival. En effet, pour la petite histoire, Refuge est en fait la formation originale de Rage. Et le trio de nouveau réuni ne nous interprète maintenant que des titres des premiers albums. La formation récente de Rage ne m'ayant pas laissé un souvenir impérissable en live, je suis curieux de voir ce que va donner ce concert avec le line up d'origine (et les vieux titres) !
Sous un soleil de plomb, la bande à Peavy investit la scène sur le gentil Firestorm. Je ne sais pas si ce sont les 40 degrés ambiant, le peu d'ambiance (malgré le coté très friendly de Peavy) ou le fait que je ne sois pas très fan de Rage, mais je ne rentre effectivement pas dans le concert. Je note par contre que le timbre vocal actuel du frontman (un peu plus grave) me plait beaucoup plus que celui qu'il avait sur les versions studio. En plus de cela, aucun morceau de Reign of Fear, la setlist se concentre essentiellement sur Trapped et The Missing Link, et cela ne fonctionne pas des masses avec moi, en tout cas pour beaucoup de morceaux. Cependant, je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine empathie et même sympathie pour le combo teuton. Peavy, avec son allure de gros nounours, dirige son groupe contre vents et marées depuis presque 30 ans, et ce sans forcément avoir la reconnaissance méritée. Et lorsqu'on le voit sur scène tout sourire ça fait tout de même quelque chose. Par respect, je reste donc jusqu'à la fin du set, au moins pour entendre Don't fear the Winter et son gros riff Speed Metal. Même si je ne suis toujours pas très fan de Rage, ce concert m'a déjà un peu plus convaincu que celui auquel j'avais assisté il y a quelques années. En tout cas, total respect au groupe pour la persévérance et l'intégrité !
Loudness
La venue des japonais est surement ce qui m'a décidé à venir au Bang your Head cette année. L'affiche était déjà monstrueuse niveau Heavy / Speed / Thrash, mais l'annonce de Loudness a vraiment été le déclic. Quelle joie de pouvoir enfin assister à un show des vétérans nippons, si rares en Europe. Pas besoin d'épiloguer, il s'agit là d'un de mes meilleurs concerts du festival. L'entrée sur pas moins de 4 morceaux de Thunder in the East met tout le monde d'accord. J'ai vraiment cru que le groupe allait nous l'interpréter en entier (surtout que l'album fête ses 30 ans cette année). Mais je suis finalement encore plus heureux d'entendre d'autres morceaux comme le classique Crazy Doctor et son refrain fédérateur. De plus, pour mon plus grand plaisir, le groupe nous interprète pas mal de morceaux au feeling Speed Metal comme les tueries In the Mirror ou Esper (que je ne n'aurais jamais pensé entendre en live).
Niihara possède toujours son timbre si particulier et n'a absolument rien perdu niveau vocal. Évidemment on le sent un peu fatigué sur certains passages, mais le frontman assure tout de même comme au premier jour ! Quant à Takasaki... C'en est presque scandaleux. Avec sa dégaine « japon » au possible, le guitariste a l'air d'avoir encore la vingtaine, et son jeu de guitare est tout aussi impressionnant qu'à cette époque-là. Un véritable Guitar Hero ! Le terrible SDI achève merveilleusement bien cette magnifique prestation. Même les plus craintifs en ont la confirmation en cet après-midi caniculaire : le soleil levant brille toujours autant en 2015.
Stormwitch
Il est maintenant temps de mettre les pieds dans la salle pour la venue de Stormwitch. Un combo assez culte dans la scène Heavy allemande et plutôt rare en live, même dans leur pays d’origine. Mais le concert va mettre pas mal de temps à décoller. On sent en effet le public assez distrait et pas vraiment concerné durant toute la première partie de set. La faute peut-être à une setlist pas franchement folle (seulement un morceau de Stronger than Heaven, deux de Walpurgis Night et aucun de Tales of Terror)... Même moi qui m’efforce de garder toute mon attention sur le groupe, je sens tout de même quelques longueurs. Et les speechs en allemand n’aident pas à me maintenir dedans, il faut l’avouer. Le chanteur, et sa tenue blanche quasi-religieuse, accapare toute l’attention. Autant visuellement que vocalement d’ailleurs, sa voix est d’une clarté toujours aussi impressionnante. Les montées dans les aigus (notamment sur le final Walpurgis Night) sont à couper le souffle. Mais même si je prends mon pied sur les derniers morceaux, j’avoue être un peu déçu du set global. On sent une volonté certaine de la part du groupe, mais le public peu attentif et la première demi-heure assez dispensable auront mis un sacré coup à la prestation.
Kreator
Après avoir jeté un œil à la fin de Queensryche (le nouveau chanteur a lui-aussi une voix ultime) ainsi qu’au début de Anvil (toujours aussi tarés), il est temps de se placer à la Main Stage pour la tête d’affiche de ce soir. Bien que j’aie déjà vu Kreator plusieurs fois, j’attends tout de même leur show avec impatience (plus d’une heure quarante ce soir).
L’entrée sur Enemy of God met un beau bordel dans la fosse et laisse présager du bon. Mais petit à petit c’est la désillusion… Les morceaux récents me paraissent encore plus indigestes ce soir (surabondance de mid-tempi, passages mélodiques ignobles, breaks inefficaces au possible, le tout ponctué de chœurs et de refrains scandés encore et encore) et le pire c’est qu’il n’y a quasiment que ça ! Entre ceux (nombreux) de Phantom Antichrist et ceux de Renewal ou d’Outcast déterrés pour l’occasion, je suis totalement consterné. Qu’est ce que c’est que ce show ?! Pour couronner le tout, l’évènement que devait être Awakening of the Gods est finalement réduit à une espèce de medley de 2 minutes avec Endless Pain. Je suis à deux doigts de gerber. Une heure quarante de show pour ça ! Non mais Black Sunrise sans déconner, comme si Phobia ne suffisait pas déjà... Je m’excuse si je deviens un peu familier mais mon incompréhension n’a d’égal que mon dégout.
Par ailleurs, en plus de l’extincteur et des confettis sur scène, on a maintenant droit à une dizaine d’écrans disposés de part et d’autre de la batterie, diffusant des images animées en mode écran de veille Windows XP (flammes, images de guerre, espace, on a même droit à un travelling sur une PLAGE, bordel) ! La plus grande déception du festival et peut-être bien l’une des plus grandes déceptions de ma vie. Même avec des morceaux que je n’apprécie pas je n’aurais jamais pensé me barrer d’un concert de Kreator. Et c’est pourtant ce qui va arriver. Quelle catastrophe ! Après un Pleasure to Kill exécuté sans aucune conviction au milieu de cette marée d’étrons, je finis par partir, écœuré. J’ai du mal à y croire mais je viens de passer le pire concert « Thrash Metal » de toute ma vie…
Primordial
Le bon point, c’est que je suis bien placé pour Primordial dans la salle. Et le show d’une heure et demi va passer comme une lettre à la poste. Setlist quasiment identique à la dernière fois où j’avais vu le groupe, mais avec 3 titres en plus (et pas des moindres) : As Rome Burns, Heathen Tribes et No Grave Deep Enough ! Alan est toujours aussi possédé sur scène, j’ai même parfois l’impression qu’il en fait un peu trop ce soir (surement dû au public assez beauf du festival) : beaucoup de « hey hey hey », « bang your fucking head », etc. Il finit même par slammer en fin de set. Il y a en effet pas mal de poufs (venues au concert uniquement pour mater le frontman), ou d’allemands complètement bourrés agitant leurs pichets en faisant des « wooooohooooohooooo » complètement hors de propos. D’autre part, la fatigue de cette intense journée se fait sentir. Une heure et demi immobile, les jambes en prennent un coup. Mais à part ces quelques points négatifs, le concert n’en reste pas moins très bon. Rien d’aussi transcendant que mes premières rencontres avec le groupe, mais globalement un set plus que correct. Assez pour me faire oublier la purge précédente en tout cas…
Flotsam & Jetsam
À peine le concert fini, qu’on revient déjà au Thrash Metal sur cette seconde scène (mais le vrai cette fois). J’avais déjà raté à plusieurs reprises Flotsam & Jetsam pour diverses raisons, c’est donc ma première fois ce soir. Et quelle première fois, mes aïeux ! Les américains vont eux aussi jouer une heure et demi, et cette fois la setlist sera quasi-exclusivement composée de titres des deux premiers albums, pour notre plus grand plaisir. Voilà un groupe qui sait ce qu’apprécient les fans !
Dès l’ouverture sur No Place for Disgrace (!!!) le constat est sans appel. La performance est tout bonnement hallucinante de la part du combo de Phoenix. À commencer par le chanteur Eric AK, alternant à merveille les cris Thrash bestiaux et les montées Heavy surpuissantes. Le frontman nous précise que ce n’est pas la forme niveau vocaux ce soir, mais la qualité de son chant n’en reste pas moins très impressionnante. Le riffing tranchant de Michael Gilbert et ses comparses fait tout aussi mouche qu’en studio, et les nombreux échanges de soli sont juste magnifiques à contempler en live. Quel show, mais quel show ! Tous les titres les plus efficaces du groupe y passent : Desecrator, Hammerhead, Dreams of Death, I Live You Die, que de bons moments. Les nombreux chœurs assurés par le batteur et le guitariste renforcent d’ailleurs la communion avec le public, qui connait quasiment tout par cœur. En plus d’une fin de set ultime sur Doomsday for the Deceiver, le groupe prend également le risque de jouer le titre Der Führer (terrible en live) pour mon plus grand plaisir. Bien que le refrain mette mal à l’aise certaines personnes de la salle, la majeure partie du public est tout aussi possédée que moi, aucun problème à ce niveau-là. Sur tous les points ce concert est définitivement parfait !
Après le pire concert de Thrash de ma vie, je viens de vivre assurément l’un des meilleurs. Je ne m’y attendais pas mais Flotsam & Jetsam vient de me mettre la claque du festival. Ce show entre facilement dans mon top 3 Thrash Metal. Une fin de journée en apothéose !
JOUR 3
Après une courte nuit, il est temps d’attaquer la troisième et dernière journée de festival. Tout aussi chargée que la précédente d’ailleurs. Fort heureusement, on aura droit à un ciel couvert et même une fine pluie en début de journée histoire de nous rafraichir. Et la triplette d’ouverture a de quoi réveiller les plus endormis…
Exumer
Les hostilités débutent avec les éternels oubliés de la scène Thrash teutonne. Pourtant, la qualité d’Exumer en live n’est plus à prouver. Devant un parterre encore très clairsemé, les allemands vont tout de même assurer le show comme il se doit. Le frontman, aux allures d’agent de sécurité, est toujours aussi communicatif. Et les quelques personnes présentes en cette fin de matinée sont assez réceptives et même vraiment à fond pour la plupart. On a évidemment toujours autant de morceaux de Possessed by Fire, dont Fallen Saint et le titre éponyme qui figurent selon moi comme les points d’orgue du concert. Il y avait une bien meilleure ambiance lors de leur passage au Fall of Summer l’an dernier, mais le show d’aujourd’hui reste tout de même sympathique pour débuter la journée.
Hirax
Enchainement Thrash Metal, toujours sur la Main Stage, avec la bande à Katon de Pena. J’ai beau trouver Hirax sympa mais sans plus en studio, je serai toujours extrêmement heureux de voir le groupe en live. En effet, la bonne humeur et l’énergie qui se dégagent de chacun de leurs shows n’ont pas leurs pareilles. Et cette fois-ci ne va pas déroger à la règle. Malgré le peu de monde présent devant la scène, Katon trouve toujours le moyen d’entretenir un lien fort avec le public. En plus de son jeu de scène si particulier, il se déplace partout, et trouve même le moyen de se poster sur des endroits totalement improbables de la scène. Je ne le dirai jamais assez, mais il s’agit là d’un des meilleurs frontmen de toute l’histoire du Metal. La setlist n’a pas changé d’un pouce depuis leur passage en France en Mars dernier, mais c’est toujours aussi efficace. Le classique Bombs of Death clôt admirablement bien le set. Rien de plus pour convaincre l'assemblée, Hirax reste une valeur sure en live, quelque soit l’endroit et le public.
Exciter
Place maintenant à l’une de mes plus grandes attentes de tout le week-end : les légendes Speed Metal d’Exciter ! Le trio canadien est lui aussi l'une des principales raisons de ma venue à Balingen. J'avais cependant quelques craintes après le visionnage de certains de leurs lives récents (notamment concernant les vocaux de Dan Beehler). À mon grand étonnement celles-ci vont s'envoler dès les premiers morceaux.
Les trois membres originaux sont en pleine forme et la voix de Beehler est même diablement puissante. Ce n'est pas chose aisée que de tenir une rythmique véloce à la batterie tout en assurant un chant Heavy digne de ce nom. Et c'est pourtant ce qu'arrive à faire Dan Beehler durant tout le show. Bon, évidemment il y a un peu d'écho au niveau de certains screams trop durs à tenir, mais la performance globale est tout de même renversante de sa part ! La setlist est équitablement partagée entre les trois (monstrueux) premiers albums du groupe, pour le plus grand plaisir des fans. Je suis surpris d'entendre absolument tous mes titres préférés (notamment Victims of Sacrifice et le final sur Beyond the Gates of Doom) en plus des trois terribles titres éponymes. Je regrette juste l'absence de I am the Beast que je pensais sure et certaine dans la setlist, mais qu'importe, le show est ultime. Le guitariste John Ricci (qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Joey DeMaio sur scène) nous gratifie même d'un long solo de transition avant le rappel.
Le public est totalement acquis à la cause du groupe et ne cesse de lever le poing en hurlant les refrains de Pounding Metal ou de Long Live the Loud. Avec en plus une légère pluie qui vient rafraichir l'assistance après 3 jours de canicule, le show d'Exciter se hisse aisément parmi les meilleurs du week-end.
Omen
Alors que je passe en coup de vent au camping, j'entends déjà au loin les premières notes de Die by the Blade. En effet, les américains d'Omen investissent la scène avec plus de 10 minutes d'avance ! Le temps pour moi de traverser le festival en catastrophe et le morceau est déjà fini lorsque j'arrive devant la Main Stage... Le soleil tape à nouveau très fort, mais cela ne m'empêchera pas d'être à fond pour la suite du set. Les Californiens vont d'ailleurs nous interpréter l'énorme Battle Cry dans sa quasi-intégralité (ainsi que quelques autres titres de Warning... et de The Curse), que du bon !
Le frontman Kevin Goocher assure le show comme il se doit (avec ses chaines et ses énormes épaulières en acier) et communique beaucoup avec le public. En plus de son humeur joviale, ses vocaux passent tout aussi bien que ceux du défunt JD Kimball. L'allure des autres musiciens est tout aussi atypique (Kenny Powell et sa pilosité singulière, ou encore le bassiste et sa basse au design de grosse hache) et chacun descend tour à tour sur la digue pour encore plus de partage avec le public. Public qui d'ailleurs semble vraiment à fond, en tout cas de mon coté, scandant les refrains Manowaresques de Battle Cry ou de The Axeman. Je repère même monsieur Oliver Weinsheimer (aka le boss du Keep it True), le sourire aux lèvres sur le coté de la scène. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, eh bien le bilan est encore une fois très positif. J'aurais bien aimé un petit Be my Wench, mais le final sur Teeth of the Hydra met tout le monde d'accord. Encore tout un concert passé le poing levé pour ma part, Omen est aussi kitsch et épique en live qu'en studio !
Warrant
Après une longue pause au camping, il est temps de mettre les pieds dans la salle pour voir les Warrant allemands ! Bien moins connus que les américains mais selon moi bien meilleurs, les vétérans de Düsseldorf auront le temps de nous jouer quasiment tout leur album The Enforcer ainsi que plusieurs titres de leur EP First Strike tout aussi bon. Malheureusement, comme pour Stormwitch la veille, le show ne décolle pas vraiment (pour ne pas dire pas du tout)... Le public est encore une fois peu concerné et la « mascotte » du groupe met plus mal à l'aise qu'autre chose. Le bourreau des visuels du groupe est en effet présent sur scène. Vêtu d'une cagoule et armé d'une hache, le colosse vient se placer sur le micro central pour chanter quelques refrains ou chœurs avant de repartir sur le coté de la scène... Même sur la doublette finale The Enforcer / Torture in the Tower je ne suis pas vraiment transporté. Le frontman y met pourtant de la bonne volonté (et possède toujours une très bonne voix) mais rien à faire, ce show n'est vraiment pas marquant. Dommage.
Asphyx
Le clash Accept / Asphyx est la partie la plus emmerdante du festival en ce qui me concerne. Mais inévitablement, le Death Metal finit par l'emporter avec moi (surtout quand c'est le seul groupe du genre ce week-end)... Après avoir vu les 3 premiers morceaux d'Accept (quel show !) je remets donc les pieds dans la salle pour aller revoir les ténors du Death hollandais.
Malheureusement, les balances prennent beaucoup de temps à cause d'un problème d'ampli. La guitare de Paul Baayens ne cesse de sauter et on se retrouve avec presque une demi-heure de retard sur le planning. Et lorsque le show peut enfin commencer, le son de guitare saute de nouveau en plein morceau (sur Vermin en plus !), celui-ci se termine donc à la basse... Quel fiasco pour débuter le set !
Heureusement, une fois les problèmes résolus, Asphyx peut enfin nous envoyer sa déferlante Death old school presque une heure durant. Van Drunen s'exprime dans un allemand impeccable (ce qui fait que je ne bite rien encore une fois) et descend même aux barrières lors de We Doom you to Death pour plus de proximité avec le public. Deathhammer est d'ailleurs très représenté ce soir, avec pas moins de 4 morceaux. Pour le reste, setlist on ne peut plus classique mais toujours aussi efficace, je ne m'en lasserai jamais ! En revanche, le public assez clairsemé (Accept oblige) est composé de pas mal de poivrots en train de vainement se pousser pour finir par terre dans leur marre de bière. Assez désolant devant des légendes comme Asphyx. Mais à part ça (et les problèmes techniques de début de set) le groupe nous met encore une belle mandale. Je suis tout de même content d'avoir eu ma dose de Death Metal du week-end.
Destruction
Et voilà le groupe qui va terminer le week-end en beauté. Je le sais d'avance car Destruction est pour moi le meilleur des 4 « grands » allemands en ce qui concerne le live. Cela fait maintenant 2 ans que je n'avais pas vu le trio, et je ne pouvais pas espérer mieux que les revoir en clôture de fest, dans la salle, avec un show d'une heure quarante !
Il ne suffit que d'un Curse the Gods en intro pour rendre folle la totalité de la salle. On a enfin droit à un pit digne de ce nom, le public est complètement possédé, ça fait vraiment plaisir à voir. Gros bémol au niveau du son par contre, la section rythmique est beaucoup trop en avant à mon goût. On entend heureusement le riffing si typique de Sifringer mais il est quand même assez en retrait, vraiment dommage. D'autre part, le trigg au niveau de la double grosse caisse est beaucoup trop fort. Assez irritant, surtout lors du solo ou le nouveau batteur ne met quasiment que du double kick... Aucun intérêt ! Mais pour le reste c'est le carnage. La setlist fait un peu le tour de la discographie mais met heureusement l'accent sur les réalisations les plus marquantes du combo, notamment Eternal Devastation et l'ultime Infernal Overkill qui fête ses 30 ans cette année (et dont les divers drapeaux et grosses caisses affichent le visuel). L'enchainement Tormentor / Death Trap est pour moi le moment le plus fou du concert. Deux titres que je n'avais encore jamais entendu en live et qui figurent parmi mes favoris du Thrash teuton. Bon, pas de Antichrist ou de Black Death, mais il ne faut pas trop en demander non plus. Schmier occupe tout l'espace en alternant le chant sur les trois pieds de micro disposés sur scène. Une très bonne initiative qui lui permet d'être proche des différentes parties du public.
Si l'on excepte le son quelque peu brouillon, ce show de Destruction est pleinement réussi en ce qui me concerne. Le trio a encore une fois démontré sa supériorité en live par rapport à leurs 3 collègues. Une bien belle façon de terminer le festival, le réveil va être dur demain...
Ainsi s'achève mon premier festival Heavy. Et je dois dire que je suis assez mitigé... La plupart des groupes ont été à la hauteur de mes attentes, même bien au delà pour certains, j'ai vraiment pris des claques par paquets.
Mais le festival en lui-même reste tout de même très « allemand » dans son organisation un peu trop carrée (son coupé à peine les sets finis, aucun remerciement possible de la part des groupes), sa programmation (Sabaton ou Korpiklaani au milieu de toutes ces légendes) et évidemment son public (beaufs par centaines, ponctués de quelques passionnés heureusement). Le public et l'ambiance générale me font vraiment penser à un mini-Wacken. On ajoute à ça des prix assez élevés en plus des taxes supplémentaires pour le camping, le parking, les accès presse, et divers autres frais... Cela fait pas mal de points négatifs.
Par chance, il n'y a pas que ça non plus. À part quelques concerts, je n'ai globalement eu aucun reproche à faire au niveau du son (et c'est rare !), un des points les plus importants quand on parle de concert. Seulement deux scènes (une grande extérieure et une petite intérieure) pour moins de clashs et de meilleures conditions sonores. Le site est également assez grand, tant en intérieur qu'en extérieur ce qui favorise grandement la circulation. On peut aisément se placer où l'on veut pour bien voir les groupes. Et les groupes, c'est bien ce qui a constitué l'essentiel du festival. Chapeau bas à ce niveau là ! L'affiche du 20ème anniversaire était tout bonnement géniale. Mention spéciale à Flotsam & Jetsam, Loudness, Exciter, Tygers of Pan Tang, Jag Panzer, Omen et Destruction. Les longs temps de jeu (50 minutes minimum quelque soit le groupe) sont également l'un des gros points forts de ce fest. Divers autres aspects comme la propreté, les nombreux points d'eau ou le merch viennent également embellir le tableau.
Je ne regrette donc pas ma venue à Balingen parmi la pléthore d'autres festivals en ce week-end de Juillet. Je ne pense pas revenir l'an prochain mais merci néanmoins à l'orga pour l'accréditation et pour cette superbe programmation. Enchainement le lendemain avec Nokturnal Mortum au Ragnard Rock Festival, ça ne s'arrête pas !