Non.
Blood Ceremony. L'avantage des groupes plus ou moins Doom, occultes, mettant à l'honneur Satan et tout le tralala, c'est que le nom nous induit pas du tout en erreur. Dans le genre cliché mais clinquant, on verra rarement mieux que Blood Ceremony. Néanmoins, cette fois on a droit à une pochette extrêmement cohérente et loin d'en faire trop, ce qui contraste pas mal avec le kitsch du premier album et le côté photo promo du second. Point trop n'en faut, quelques créatures fantaisistes, style gravure ancienne autour du titre, l'ensemble teinté de vermillon, un titre à la Edgar Allan Poe et allons-y.
On en a fait, du chemin, depuis 2008. L'éponyme, ses structures scolaires, son chant maladroit, sa production écorchée, a laissé place au plus abouti "The Eldritch Dark" en 2013. Si on ne pouvait pas leur reprocher un côté Coven pour l'univers et la simplicité constante, le groupe prouve qu'il a su apprendre à maîtriser la voie qu'il a empruntée. Peu de changements finalement en cinq ans, seulement une recherche plus fine, des éléments plus accentués que d'autres, et d'ailleurs, toujours ce même son très cru, manquant indéniablement de basses, un souci qui revient et "The Eldritch Dark" ne déroge pas à la règle.
Ce nouvel essai a pourtant l'avantage de bénéficier d'un bien meilleur mix que ses prédécesseurs. On apprécie notamment à nouveau le chant d'Alia O'Brien, qui obtient une plus belle valorisation, en plus d'être largement mieux maîtrisé. Elle ne cesse de montrer qu'elle a élargi le champ des possibles avec diverses puissances et expressions. Ajoutons cela à des titres très tubesques et dynamiques, on ne peut s'empêcher de songer à une influence de Jess And The Ancient Ones (dont l'éponyme est sorti juste un an auparavant) ou The Devil's Blood pour les parties chantées plus solennellement, plus incantatoires.
Leur petite originalité reste l'utilisation de la flûte traversière qui peut en déranger plus d'un, mais une fois qu'on s'y habitue il s'agit d'un véritable plus. Les réfractaires à cet instrument ainsi qu'aux riffs kitsch ne trouveront absolument pas leur compte dans la discographie de Blood Ceremony. Mais cela fait également entrer le groupe dans la catégorie de ceux qui lorgnent un peu du côté du Folk Rock et autres influences Prog Rock. En effet, il ne réussit pas à se cantonner à une étiquette bien ancrée, et préfère créer des compositions qui empruntent et mêlent des énergies diverses venues d'un peu partout. Si on se contentait de prendre Blood Ceremony comme un groupe de Doom ou d'Occult Rock, on serait loin d'avoir ces titres si lumineux. A leur grand avantage, ils sont bien plus que cela, puisant autant chez Black Widow, le Rock psychédélique, que chez Jex Thoth ou Black Sabbath.
On se retrouve finalement avec ces huit titres qui rendent un ensemble assez varié, avec des titres entêtants au format tube tels que "Goodbye Gemini" ou d'autres un peu plus élaborés et groovy, tels que mes petits favoris "The Ballad Of The Weird Sisters" et "Witchwood". La ballade "Lord Summerisle", loin d'être indispensable reste néanmoins une démonstration de la simplicité efficace que Blood Ceremony souhaite mettre en oeuvre. Difficile néanmoins de trouver de réels défauts quand se suivent les titres accrocheurs, énergiques, à l'atmosphère poussée que sont l'éponyme, "Drawing Down the Moon" ou "The Magician".
Il semblerait que le groupe souhaite avant tout montrer qu'il a intégré ce qu'il a appris, de ses contemporains comme de ses aînés, proposant avec cet album une belle leçon de maîtrise. A la fois hommage et expérimentation, "The Eldritch Dark" a ce côté à la fois poussiéreux et flambant neuf. Reste à espérer que la suite prendra le relai de la même manière, sans trop chercher de prise de risques. Maintenant qu'ils ont créé leur aura, leur univers, leur délire musical, on ne pourrait trop leur reprocher d'y prendre leurs aises.
1. Witchwood
2. Goodbye Gemini
3. Lord Summerisle
4. Ballad Of The Weird Sisters
5. Eldritch Dark
6. Drawing Down The Moon
7. Faunus
8. The Magician