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La mort comme moteur, voilà le point de départ du nouvel album des Canadiens de Into Eternity. On sait qu'il y a de qualité en ce qui concerne la musique technique dans ce pays et leur signature chez Century Media est une preuve éclatante que le potentiel du groupe se devait d'être exploité. Après un album, Scattering of The Ashes, qui amorçait un léger tournant dans le son et dans le chant, le groupe revient avec une confirmation, ils sont bien là, leur patte est maintenant établie et ils entendent bien défendre la place qu'ils se sont forgés jusqu'à présent. Mais comme je le disais un peu plus haut c'est le drame qui a forgé une partie de l'histoire qui sous-tend les douze titres de ce cinquième album. Le membre principal du groupe, le guitariste Tim Roth a vu son monde bouleversé en quelques mois puisque deux de ses meilleurs amis et son père sont décédés d'un cancer. Dur à encaisser mais moteur pour l'inspiration puisque trois morceaux portent les dates de mort des personnes précédemment citées, histoire de ne rien oublier et de jouer comme une catharsis, un moyen de faire ressortir cette peine. On parlait de résilience dans une de mes récentes chroniques, et bien en voilà un exemple assez significatif.
Au rang des changements, The Incurable Tragedy est le premier album du nouveau lineup puisqu'ils ont changé de batteur et de second guitariste (pour les noms voir la fiche). On peut déjà dire qu'il prendra une place particulière dans leur discographie, comme l'album d'une certaine continuité mâtinée d'initiatives que l'on mettra sur le compte de l'émotion. Cinq titres dont les trois qui portent le nom de l'album sont des instrumentaux ou des morceaux que l'on pourrait appeler d'ambiance voir des balades. Ça fait bizarre pour un groupe dont les mélodies sont réputées autant que leur sens de la puissance et de la brutalité mesurée. Ces chansons laissent le champ libre à ceux des atouts majeurs d'Into Eternity : Tim Roth et Stu Block. A ceci on rajoute des claviers un peu surjoués qui font fausse orgue d'église et voilà c'est plié. L'émotion est là, on le comprend, maintenant ils auraient pu condenser car on atteint presque le superflu de tragédie. Heureusement, les autres titres nous rappellent à la réalité et nous ramènent sur des chemins plus métalliques. Car même si les titres sont très sombres et déprimants (Spent Years of Regret, Diagnosis Terminal pour n'en citer que deux), le ton est enlevé et le groupe garde la patate qui le caractérise.
Comme le précise plus haut, un album d'Into Eternity ça commence à être une recette bien établie pour s'axe autour de piliers bien définis et surtout bien rôdés. Le premier est le pilier fondateur du groupe c'est le guitar-hero Tim Roth. Il n'y a aucun titre qui ne porte sa marque, hyper mélodique, des notes jouées très vite, des petits breaks, des riffs assez techniques, des harmonies très présentes. Un exemple ? Le départ de Tides of Blood ne vous laissera pas indifférent. Et on ne peut passer à côté de Symptoms sans y voir la marque de ce côté prégnant du guitariste. Par ailleurs il arrive aussi à produire des riffs de qualité en utilisant son compère à la six cordes : décalage, complémentarité et surtout mélodies, voilà les maître-mots.
Le deuxième pilier est Stu Block, le chanteur. Il donne une vraie âme à la musique d'Into Eternity. Ses performances vocales sont visibles sur internet pour la simple et bonne raison qu'il possède une variété de tonalités très large. Mais rien de bien original si l'on connaît déjà le groupe. Il passe de gros aigus proches de Rob Halford par exemple (cf le début de Tides of Blood) au growls bien death en passant par des ccris black et surtout sa voix claire reconnaissable entre toutes. La patte Block est une alternance rapide entre ces tons aidé par son guitariste qui double certaines de ses parties. Alors on garde le même sentiment désagréable que la voix claire doublée devient un peu pénible au bout d'un moment. Mais la performance vaut le détour.
Le dernier pilier est la façon de composer elle-même. Le batteur tout en restant technique a une vraie part de physique à jouer car le groupe joue à cent à l'heure et on sent l'énergie qui déborde d'eux. Diagnosis Terminal illustre parfaitement ce propos : tout à fond : blasts, rifs rapides et en parallèle un break progressif bien travaillé. Et l'extrême contraste arrive souvent au sein de la même chanson, avec des parties plus posées comme dans Time Immemorial, à base d'arpèges. On ne pourra pas s'empêcher de noter la confusion qui règne parfois dans les parties rapides, pour paraphraser des commentateurs célèbres on confond vitesse et précipitation dans le décalage entre la diction du chanteur et le tempo des instruments par exemple (je pense à One Funeral Hymn for Three).
Mais difficile de trouver ce qui gâchera notre plaisir, à condition que l'on exclut les titres The Incurable Tragedy qui peuvent parfois sembler maladroits autant au niveau du placement que de la pertinence dans un tel album. Pourquoi ne pas lui proposer un support à part ? De plus on ne dira rien sur l'horrible pochette qui ne ressemble à rien mais dont on fera abstraction. En tous cas le power / progressive / death / thrash d'Into Eternity fait mouche encore une fois et même si The Incurable Tragedy est un album de la tristesse et du deuil on ne pourra pas s'empêcher de lui accorder une place particulière dans notre cédéthèque !
01.Prelude To Woe
02.Tides of Blood
03.Spent Years of Regret
04.Symptoms
05.Diagnosis Terminal
06.The Incurable Tragedy I (September 21, 2006)
07.Indignation
08.Time Immemorial
09.The Incurable Tragedy II (November 10, 2006)
10.A Black Light Ending
11.One Funeral Hymn For Three
12.The Incurable Tragedy III (December 15, 2006)